publicité
haut
Accueil du site > Actu > Opinion > « Non au pétrole offshore, particulièrement en Méditerranée »
6-04-2012
Mots clés
Océans
Europe

« Non au pétrole offshore, particulièrement en Méditerranée »

Taille texte
{#TITRE,#URL_ARTICLE,#INTRODUCTION}
« Non au pétrole offshore, particulièrement en Méditerranée »
(Crédit photo : Total E&P UK )
 
Alors que les accidents sur les plateformes pétrolières et gazières se multiplient, Xavier Pastore, dirigeant de l'ONG Oceana, appelle à la mobilisation contre les forages offshore ce dimanche sur la côtes varoise.
Le Baromètre de cet article
ÉCOLOGIE SOCIÉTÉ ÉCONOMIE
SUR LE MÊME SUJET

Quand certains faits divers sont surexposés et monopolisent nos journaux télévisés pendant des semaines, des catastrophes souvent bien plus graves passent totalement inaperçues. C’est malheureusement souvent le cas des désastres écologiques, abonnés aux dernières pages des journaux.

Quasiment personne n’a entendu parler de la marée noire catastrophique en Chine l’été dernier, ni de l’explosion d’une plateforme pétrolière cet hiver au large du Brésil. Loin de chez nous me direz-vous. Sauf que la question de l’exploration pétrolière offshore répond à de gros enjeux économiques qui bien souvent dissimulent les véritables risques environnementaux et de santé publique.

Dans ce contexte, difficile de mobiliser l’opinion publique autour de cette question de société pourtant si importante : quel avenir énergétique et quels risques environnementaux/climatiques désirons-nous (et accessoirement, que voulons-nous léguer à nos petits-enfants ) ? Pourtant les développements offshores se rapprochent de plus en plus de nos côtes et commencent à susciter des réactions chez nous. Après le projet ultra-profond (et aussi/surtout ultra-dangereux) en Guyane, des voix s’élèvent contre le projet d’exploration en Méditerranée « Rhône Maritime » s’étendant sur une zone de 25 000 km2 située à 50 km de Marseille et à 25 km de Toulon.

De nombreux experts se sont d’ores et déjà opposés à ce projet aux motifs de risques trop importants pour les réserves naturelles et aires protégées toutes proches (Parc national de Port-Cros, Réserve naturelle des Bouches de Bonifacio, Sanctuaire international Pelagos pour la protection des mammifères marins). De nombreuses inquiétudes reposent aussi sur le fait que le forage soit prévu en eaux très profondes (à 1500/2000m de profondeur) pour lequel les techniques employées sont loin d’être maitrisées comme on a pu le constater dans le Golfe du Mexique. Enfin les scientifiques ont également pu mettre en évidence une activité sismique intense dans la zone de forage envisagée.

La zone convoitée est très riche en biodiversité marine car elle regorge d’espèces marines rares et menacées (dauphins, orques, phoques, baleines, requins) et d’habitats vulnérables (prairies d’herbes sous-marines, récifs). En cas d’accident et de fuite d’hydrocarbures, au fond ou en surface, la probabilité que les côtes continentales et de Corse soient atteintes en quelques heures ou en quelques jours est très élevée. Par ailleurs la Méditerranée, de par ses caractéristiques géographiques (mer semi-close) et économiques (forte industrie touristique) particulières serait d’autant plus exposée aux conséquences d’un accident à long terme. D’autres projets d’exploration extrêmes existent même dans cette zone (forage jusqu’à 11km de profondeur) pour lesquels les risques encourus seraient bien plus importants.

Parce que ces projets ne s’inscrivent pas dans une logique durable de transition pour réduire notre dépendance au pétrole, il faut s’opposer au développement pétrolier offshore, et particulièrement en Méditerranée. Au contraire en encourageant l’exploration offshore nous contribuons à menacer directement nos océans, leurs richesses et in fine notre bien-être à tous. Par ailleurs la gravité potentielle des incidents de plateformes renvoie aux faiblesses actuelles de l’encadrement juridique de leur exploitation, à la déficience des mécanismes d’intervention en cas d’accident et aux lacunes existantes dans la course technologique pour dépasser les frontières des forages classiques. Les acteurs se livrent ainsi une bataille féroce a qui forera le plus loin, le plus profond et avec la sophistication la plus poussée. Malheureusement très peu investissent pareillement dans la sécurité et les progrès associés en matière de sûreté d’exploitation et prévention des risques sont bien limités.

Les récents accidents de Shell, Statoil ou Total en Mer du nord - pas si loin de chez nous donc - devraient nous encourager à la prudence envers la supposée maitrise totale des risques par les pétroliers. Leurs déclarations rassurantes ne visaient en effet qu’à apaiser les craintes des investisseurs, quand leur responsabilité prouvait être belle et bien engagée dans la cause des accidents. Défauts avérés de maintenance des équipements, installations vieillissantes, incapacité à localiser rapidement la fuite, manquements aux obligations d’alerte envers les autorités compétentes ou encore rétention d’information ne sont que des exemples de pratiques bien établies dans ce secteur caractérisé par l’absence de gendarme indépendant en charge du contrôle des activités.

Veut-on vraiment courir le risque de tels accidents sur nos superbes cotes Méditerranéenne ? Réjouissons-nous alors que différentes initiatives s’organisent en région pour se saisir de cette problématique et s’exprimer sur ces projets. Un collectif « Non aux hydrocarbures en Méditerranée » a même été fondé pour rallier les forces vives et porter le débat plus haut sur l’agenda politique. Plusieurs rassemblements sont ainsi prévus sur la côte varoise, ce dimanche 8 avril pour appeler nos politiques à s’opposer à ces projets absurdes et écocidaires. Alors encourageons tous les citoyens à s’interroger sur la nécessité des forages offshore et surtout des risques associés, aussi bien pour nos plages mais également sur nos activités économiques côtières. Cette question est cruciale pour notre avenir, et j’espère qu’elle gagnera l’attention des candidats à l’élection présidentielle.

Faites réagir vos proches, diffusez l'info !
Vous aimez Terra eco ? Abonnez-vous à la Newsletter

Biologiste marin et directeur exécutif d’Oceana en Europe, la plus importante ONG internationale qui se consacre exclusivement à la protection des océans dans le monde.

1 commentaire
TOUS LES COMMENTAIRES
COMMENTAIRES SÉLECTIONNÉS
RÉPONSES DE LA RÉDACTION
Trier par : Plus récents | Plus anciens
Affichage : Voir tout | Réduire les discussions
  • A propos de pétrole, à signaler une tribune/"appel aux candidats" publiée jeudi 22 mars sur lemonde.fr, intitulée ’mobiliser la société face au pic pétrolier"

    Signée par :

    Pierre René Bauquis – Ancien Directeur Stratégie et Planification du groupe Total
    Yves Cochet – Député Européen, ancien Ministre de l’environnement
    Jean-Marc Jancovici – Ingénieur consultant, Président de The Shift Project
    Jean Laherrère – Président ASPO France, ancien patron des techniques d’exploration du groupe Total
    Yves Mathieu – Ancien chef du projet Ressources pétrolières mondiales à l’Institut Français du Pétrole

    Texte de la tribune et possibilité de se joindre à l’appel en ligne ci-dessous :
    http://tribune-pic-petrolier.org/
    Sujet important s’il en est un et temps de se réveiller, ne pas hésiter à signer et relayer.
    Attn terraeco : PR Bauquis, Jean Laherrère, JL Wingert sont disponibles pour répondre à toute question, donner des précisions.

    7.04 à 10h13 - Répondre - Alerter
PUBLIER UN COMMENTAIRE

Un message, un commentaire ?

  • Se connecter
  • Créer un compte

publicité
1
publicité
2
    Terra eco
    Terra eco
publicité
3
SPIP | squelette | | Plan du site | Suivre la vie du site RSS 2.0
publicité
bas