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25-08-2011
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Société
Monde

Ni vieux, ni maîtres

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Ni vieux, ni maîtres
(Crédit photo : DR)
 
Rien ne nous survivra, le pire est avenir, Maïa Mazaurette, Gallimard, Folio SF, 375 p., 7,30 euros.
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ÉCOLOGIE SOCIÉTÉ ÉCONOMIE
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En cette rentrée littéraire, il est loisible d’oublier Beigbeder et son Premier Bilan après Apocalypse (Grasset) ou Nothomb et son Tuer le père (Albin Michel) pour entrer dans une Apocalypse où l’on tue le père, mais en vrai. On est nombreux à y avoir songé : Maïa Mazaurette l’a fait. C’est-à-dire imaginer une guerre civile – avec le décorum réaliste qui l’accompagne : barricades, tirs de roquettes, immeubles éventrés – opposant les jeunes et les vieux. La guerre des générations, en somme. La haine des jeunes, révoltés donc, contre les vieux cossus satisfaits, les opulents qui ont fignolé un système économique tout à leur gloire, ruiné la planète, accaparé le reste. Et pire que tout, qui n’aspirent, par propagande, qu’à rester plus jeunes que les jeunes (« On peut refuser la vieillesse comme une cigarette »).

« Agicide »

Mais comment vaincre les soixante-huitards sur le terrain qu’ils connaissent le mieux, la rébellion chevelue ? Sans faire un remake justement mais en empruntant un tout autre chemin, plutôt punk en l’occurrence : tuez-les tous. « La génération 68 ne plaidera jamais coupable : à nous de l’anéantir », proclament les tracts. L’anéantir en commençant par ceux qui nous sont les plus chers, nos parents – boum, deux bastos et un filet de sang qui serpente sur le carrelage de la cuisine familiale. Un « âgicide » sans rime ni raison qui transforme Paris en un champ de bataille fumant où rodent les bandes d’ados munis de kalachnikovs, ravitaillés par les Albanais et les Russes (les vieux ont les Italiens de leur côté).

Au fait, à quel âge devient-on vieux pour les mutins ? On n’est pas vieux « dans sa tête », comme le disent les idiots. Non, la vieillesse est certifiable comme un groupe sanguin. Pour eux, c’est 25 balais. Au-delà, c’est l’inéluctable, la décrépitude, le passage à l’ennemi. D’où un petit quelque chose hilarant sur les « complices passifs », les trentenaires (Mazaurette en est et ça se sent) : « Ils trouvent notre rébellion géniale, ils ont enfin quelque chose à raconter dans leurs blogs. Installés dans leurs gros fauteuils Ikea, accros au virtuel, ils s’échangent des e-mails exaltés, fiers de vivre un moment historique. »

Chantilly maison

Rééquilibrant la pyramide des âges à la mitrailleuse, les jeunes sanguinaires savent qu’ils n’en ont pas pour très longtemps. Une armée internationale va bientôt débarquer pour les zigouiller. Aucun d’entre eux n’en paraît plus peiné que ça. Ils savent qu’une révolte digne de ce nom est comme une chantilly maison : à déguster immédiatement, sous peine de se rancir. Jamais ils ne seront vieux et leurs forfaits rendront toute récupération nostalgique impossible. Non, jamais il n’y aura de casquettes « Kill Daddy » et cela suffit à rendre leur fin moins tragique. —

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