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8-11-2010
Mots clés
Sciences
Emploi
Pollution
France
Portrait

De la mesure dans l’air

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De la mesure dans l'air
(Crédit photo : Mélanie Bulan)
 
Isaline Fraboulet regarde l'invisible : ingénieure spécialisée en pollution atmosphérique, elle surveille les particules microscopiques contenues dans les fumées.
Le Baromètre de cet article
ÉCOLOGIE SOCIÉTÉ ÉCONOMIE
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Mais que fait Isaline Fraboulet avec ce bâton d’encens qu’elle place au-dessus d’une sorte de boîte électrique argentée ? « Regardez l’ordinateur relié à la machine : la fumée de l’encens comprend huit fois plus de particules que l’air ambiant », explique cette ingénieure spécialisée dans la pollution atmosphérique. Malgré la pluie, cette discrète trentenaire participe avec ses collègues à une journée portes ouvertes de l’Institut national de l’environnement et des risques (Ineris) à côté de Creil (Oise).

Aux visiteurs, elle dévoile le fonctionnement de ce mystérieux boîtier électrique : un « impacteur ». « On y place des plateaux contenant des filtres pour analyser les particules polluantes. Il existe également un impacteur en forme de sonde, que l’on introduit dans une cheminée d’usine grâce à une trappe prévue à cet effet. » But de la manœuvre : récolter sur les filtres des particules diffuses de gaz, de fioul, ou encore de biomasse, qui mesurent entre un à dix micromètres, soit dix millionièmes de mètre. Ces particules sont ensuite analysées en laboratoire.

Assise entre les stands de démonstration animés par ses collègues, Isaline reprend ses explications. « Mon travail s’organise principalement autour de trois grands axes : tout d’abord, s’intéresser aux méthodes qui mesurent les particules polluantes. » Celles-ci peuvent être développées par différents laboratoires. Le rôle d’Isaline est de les comparer et de vérifier leur fiabilité en les testant sur le terrain, notamment à la sortie de cheminées d’usines. « Les industries doivent répondre à une législation précise sur leurs émissions polluantes. Pour calculer ces émissions, elles doivent faire appel à des laboratoires accrédités par le Comité français d’accréditation (Cofrac) et le ministère de l’Environnement. » L’Ineris est chargé de vérifier la méthode de calcul appliquée par le laboratoire accrédité.

Un œil sur le chauffage au bois

Le métier peut paraître bien austère aux yeux du profane. Il n’en est pas moins essentiel. « Cela permet d’avoir une meilleure connaissance de ces particules et donc de faire évoluer la législation pour mieux protéger les personnes exposées », explique l’ingénieure.

Isaline s’intéresse également aux nouvelles sources d’émissions de particules. « Prenez le chauffage au bois individuel. Chaque pays de l’Union européenne l’utilise de manière très différente. On s’en sert beaucoup au nord de l’Europe par exemple », constate-t-elle en désignant un poêle à bois exposé à côté de tableaux explicatifs. Pourtant, il n’existe aucune norme européenne permettant de mesurer les particules émises par cette source de chaleur. « On n’attend pas la réglementation. Nous travaillons en amont », explique Isaline. Depuis près d’un an et demi, son objectif et celui de ses collègues est donc de développer une méthode de mesure des particules émises par le chauffage au bois.

A terme, ces nouvelles méthodes et outils de mesure doivent être reconnus auprès des organismes nationaux, européens et internationaux de normalisation. C’est le cas de l’impacteur présenté par Isaline. En clair, il s’agit d’aboutir à un texte de référence expliquant la méthode de mesure, qui sera ensuite adoptée par tous les pays adhérents. On touche ici au troisième aspect du métier d’Isaline : « Je participe aux groupes de travail qui se réunissent en moyenne deux fois par an au sein de ces organismes de normalisation ». Chaque groupe planche sur un polluant en particulier. Les experts débattent sous la conduite d’un directeur. « Pour le chauffage au bois par exemple, des discussions sont menées depuis un an et demi. Mais il est difficile de se mettre d’accord. » Ces discussions sont pourtant fondamentales pour la protection de l’environnement. « On avance lentement, mais on avance », sourit Isaline.

Faire ses armes dans le privé

Le métier d’ingénieur comporte également une part non négligeable de travail administratif : rédaction de rapports et d’études, passage de commandes, calcul de budget… « Cela fait partie du job, admet Isaline. Mais à l’Ineris, on est beaucoup aidé par les assistantes de gestion et les secrétaires. » Ce qui permet aux ingénieurs de l’Institut de se concentrer sur le terrain.

Diplômée de l’Ecole nationale supérieure de chimie de Rennes (ENSCR), Isaline Fraboulet a fait ses armes dans le privé. Pour son second stage au sein de l’ENSCR, elle a décidé de s’expatrier en Grande-Bretagne où elle a travaillé pour Corus, l’un des plus gros producteurs d’acier au monde, racheté en 2006 par l’Indien Tata Steel. Elle y est restée trois ans. « L’important, c’est de faire de bons stages, conseille-t-elle. En école d’ingénieur, on propose deux stages de six mois. L’idéal est d’alterner industrie et laboratoire. Et surtout d’aller à l’étranger. Les langues sont très importantes, surtout l’anglais. En plus, les diplômes français sont très valorisés à l’étranger », glisse-t-elle en souriant.


Fiche métier

L’ingénieur en pollution atmosphérique est chargé d’analyser et de modéliser les effets de la pollution dans l’air.

Formation :

Beaucoup d’ingénieurs en pollution atmosphérique et en analyse de l’air sont diplômés en chimie ou en physique. Ces formations sont dispensées notamment dans des écoles d’ingénieur comme :

- Les Mines à Douai (Nord).

- l’Ecole nationale supérieure de chimie de Rennes (Ille-et-Vilaine).

Ces écoles sont accessibles sur concours, généralement après deux années de classe préparatoire, suivies de trois ans de scolarité.

Après une licence de chimie ou de physique à l’université, on peut également opter pour un master spécialisé en qualité de l’air. Par exemple :

- Le master Sciences et génie de l’environnement (SGE) spécialité air, dispensé conjointement par l’Ecole nationale de ponts et chaussées et les universités Paris 7 Diderot et Paris Est Créteil.

- Le master qualité de l’air de l’université du Littoral Côte-d’Opale à Calais (Pas-de-Calais).

Salaire : le salaire moyen d’embauche pour un ingénieur débutant varie entre 30 000 et 35 000 euros par an.

Qui recrute ?

- Les instituts et laboratoires de recherche

- Les bureaux d’étude

- Les réseaux de surveillance de la qualité de l’air

- Les grandes entreprises

L’évolution du secteur dépendra de l’évolution de la législation sur la protection de l’air.

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