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5-11-2010
Mots clés
Consommation
Emploi
France
Turquie
Portrait

Le créateur de jeans durables

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Le créateur de jeans durables
(Crédit photo : Elodie Petit)
 
Cofondateur de la marque Nu, Jean-Philippe Pete est un entrepreneur audacieux : depuis 2007, il tente de populariser ses pantalons en coton bio faits pour durer… et pour moins consommer. Le succès est grandissant.
Le Baromètre de cet article
ÉCOLOGIE SOCIÉTÉ ÉCONOMIE
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« Le jean qui a le moins d’impact sur la planète est celui que l’on ne produit pas… », professe Jean-Philippe Pete, 25 ans, cofondateur de la marque Nu, une enseigne de jeans en coton biologique lancée en 2007 à Paris. Cet ancien étudiant en ingénierie physique, spécialisé dans le développement durable n’a pourtant pas hésité à tenter l’aventure de la mode. Mais une mode qui irait à l’encontre de la mode. « Nous n’aimons pas la notion de saisonnalité ni de collections renouvelées. Nous allons contre le côté superficiel de la mode. L’idée est de proposer un produit respectueux pour l’homme et pour l’environnement. »

Dans son bureau, boulevard Sébastopol à Paris, les jeans ont envahi l’espace, dans des cartons ou des casiers. Ils sont minimalistes, épurés et ne subissent aucun traitement ou délavage. Des pantalons indémodables, atemporels et de bonne qualité, pour qu’ils durent longtemps et inciter à la consommation intelligente. « C’est une nouvelle façon de consommer. Avec la crise, il y a eu un retour à la simplicité, aux “basics”. Nos jeans coûtent 125 euros. A ce prix-là, on réfléchit pour être sûr d’acheter un bon produit. » Et un produit éco-responsable neutre en carbone. « On ne veut pas avoir d’impact sur le réchauffement climatique. Ce que l’on ne peut pas diminuer, on le compense. On achète des crédits carbone chez Climat Mundi qui le réinvestit en Erythrée pour financer des fours solaires. »

Ras-le-bol général

L’idée de créer Nu a germé dans l’esprit de Jean-Philippe et de son associé Maxime Guillon à la suite d’un ras-le-bol général. « Aussi loin que je m’en souvienne, j’ai ces convictions, raconte le premier. Comme je voyais bien que ce n’était pas efficace de simplement militer, et comme le capitalisme a gagné, j’ai compris que les idées devaient être transmises par le business. » Le duo sollicite des banques, des investisseurs et le réseau Entreprendre pour financer leur projet. Ils sont les deux seuls salariés de l’entreprise en France. En 2009, leur chiffre d’affaires représentait entre 150 000 et 200 000 euros. « Moi, je ne gagne pas des fortunes et ce que je gagne, je le réinvestis », dit-il. Leurs jeans sont distribués sur Internet, dans plusieurs grandes enseignes parisiennes (Citadium, Galeries Lafayette, Frank & Fils, Altermundi) et il n’existe pas de boutique Nu.

Au départ de l’aventure, Jean-Philippe Pete se souvient des difficultés rencontrées à trouver une belle matière, de bonne qualité. Le choix géographique s’est arrêté sur la Turquie. Il y produisent tous leurs pantalons. Toute leur production s’y fait. « Les champs de coton bio sont en Turquie, à côté d’Izmir. On y fait la filature du coton, le tissage, la teinture. » Nu a choisi ce pays pour sa proximité avec l’Europe, afin de limiter sa trace carbone. « C’est aussi là-bas que se trouve notre bureau de style qui dessine les modèles. » Jean-Philippe n’a jamais pris de cours de design et ne s’en cache pas. « On ne va pas inventer le jean, Levi’s l’a fait pour nous. On ne fait que travailler sur des classiques. »

Rêve secret

S’il n’a pas choisi d’implanter ses ateliers en France, c’est surtout à cause du prix. « On veut être une marque accessible. Si les jeans étaient fabriqués en France, ils coûteraient 250 euros, c’est du luxe. » Il assure que la Turquie respecte les conditions de travail et qu’un contrat de confiance le lie à l’atelier où travaillent une cinquantaine de personnes. Il se rend là-bas une semaine à chaque nouvelle production. « Il n’y a pas de sous-traitance ou de travail des enfants caché. » Les ouvriers sont payés au salaire minimum turc, soit environ 400 euros.

La mode bio et éthique fait-elle rêver les étudiants en stylisme ? La plupart d’entre eux espère accéder aux plus grandes maisons de couture françaises ou aux gros groupes industriels. La mode bio ne représente qu’une toute petite partie du secteur. Pourtant, les choses sont en train de changer. Aujourd’hui, les plus grandes enseignes de prêt-à-porter comme H&M ou Zara sont les principaux clients de coton bio. « Les "pure players", ceux qui ne font que du bio, sont tout petits, mais marchent bien. Des marques comme Ekyog, Veja ou Kuyichi se sont très bien implantées. Ce sont des acteurs forts qui structurent le marché. » Jean-Philippe en est sûr, le secteur va se stabiliser et devrait donc créer des emplois dans les années à venir. « Les choses vont dans le bon sens. Maintenant, on trouve beaucoup de coton bio de bonne qualité. Ils proposent de vraies solutions écologiques. » Dans cette optique, le rêve secret de Nu serait de proposer toute une gamme de vêtements « essentiels », toujours pour inciter à une consommation intelligente.


Fiche métier

Comme tous les créateurs d’entreprise, les porteurs de projet qui veulent réussir dans le domaine de la mode bio et éthique ont à leur disposition toute une panoplie d’aides, de réseaux de soutien et d’accompagnement, de financements.

Les entrepreneurs du secteur de l’économie durable peuvent s’adresser à des réseaux plus spécialisés, dans la mode (Maisons de mode) ou dans le développement durable (Club Développement Durable, Tecorbe). CDC Entreprise, filiale de la caisse des dépôts, a repris en 2010 un fonds d’investissement doté de 10 millions d’euros, Mode et finances, qui a vocation à aider les jeunes entreprises de création de mode.

- Les réseaux classiques :

APCE : informations générales

Réseau Entreprendre : prêts d’honneurs

ADIE : micro-crédit

Boutiques de Gestion : accompagnement, formation

Réseau France Initiative : prêts d’honneur

Association française des couveuses : accompagnement, formation

- Les autres partenaires

Incubateurs : aide au montage de projets

Pépinières : immobilier d’entreprise et accompagnement

Chambres de commerce et chambres de métiers : contacter les chargés d’accompagnement à la création d’entreprise

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  • THIEFAINE COLETTE : suite du jean

    bravo, le jean est vraiment un symbole et dans sa fabrication et dans sa consommation....

    Il existe beaucoup d’initiatives intéressantes autour du jean : un atelier d’insertion en Creuse à Aubusson "les petites mains" va lancer la besace du lycéen" customisable à partir de vieux jeans récupérés par des lycéens dans le cadre d’un agenda 21 d’établissement scolaire, un bel exemple de durabilité et un lien solidaire. Les besaces seront vendues dans le réseau "tissons la solidarité", à suivre !

    12.11 à 09h01 - Répondre - Alerter
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