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30-05-2013
Mots clés
Transports
Royaume-Uni

Mark Smith, ceux qui l’aiment prennent le train

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Mark Smith, ceux qui l'aiment prennent le train
(Crédit photo : Elisabeth Blanchet pour « Terra eco »)
 
Par goût de la contemplation et de la liberté, cet Anglais fondu de rail a parcouru le globe sans passer par la case aéroport. De ses voyages, il a tiré le site de référence de tous ceux qui relient Paris à Milan en wagon-lit et rêvent de l’Orient-Express.
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Les canyons du Colorado, aux Etats-Unis, il a fait. Le sommet enneigé de l’Eiger, en Suisse, idem. Les rangées de bouleaux sibériens, il connaît. Les verts paysages de Thaïlande, itou. Et chaque mètre de béton du tunnel sous la Manche. Mark Smith a vu beaucoup, oui. Mais pas du haut dédaigneux d’un hublot, ni du coin encrassé d’un pare-brise. Si Mark Smith a récolté tant de clichés de tant d’ailleurs, c’est qu’il s’est souvent posté, patient, à la fenêtre d’un train.

« Je n’aime pas les ceintures de sécurité. J’aime avoir de l’espace autour de moi, voir le paysage et aller d’un centre-ville à un autre », égrène l’homme, en chaussettes, les doigts enroulés autour d’un thé laiteux. Dehors, la campagne du Buckinghamshire, dans le sud-est de l’Angleterre, se frotte, timide, à la baie. De son goût du rail, l’homme s’est fait un métier et une nouvelle identité. Il sera « L’homme du siège 61 », d’après le numéro de son siège fétiche dans l’Eurostar – celui qui « a une fenêtre mais sans la barre de sécurité qui bloque la vue » –, et affichera sur son site éponyme des kilomètres de données sur les chemins de fer du monde entier.

L’idée est née, bête et têtue, comme seules les bonnes idées osent l’être, en 2001. « Un jour je n’ai plus rien eu à lire pour mon trajet entre Londres et la maison. Je suis passé à la librairie et j’ai acheté un petit bouquin qui s’appelait Comment apprendre le HTML. J’ai essayé de monter ma propre page Web. Et j’ai réussi. Ensuite, le sujet s’est imposé de lui-même. »

Aux balbutiements du site, il affiche, sur une page unique, les horaires des trains vers les capitales européennes, indique les lieux où l’on peut acheter des billets, donne une idée des prix. « Dès le départ, j’avais décidé de ne pas tenir un carnet de voyage, mais de livrer une information basique que personne ne semblait donner. Je pensais que ça n’intéresserait pas grand monde. » A mesure que croissent les visites, le site s’étoffe en pages, se charge en précisions. Aujourd’hui, on peut découvrir les couchettes d’un Cologne-Copenhague, jauger si un lit-bébé entrera aisément dans une de ses cabines, ou faire un tour en images de son wagon-restaurant. Par mail, Mark Smith répond aux claustrophobes qui s’inquiètent de l’ouverture des fenêtres, aux anxieux qui refusent de laisser leurs chiens à quai, aux cyclistes qui n’envisagent la fin du voyage que sur deux roues… Autant de détails puisés au cours de ses nombreux voyages, personnels et professionnels.

Coudes serrés et mugs de thé

Il y a vingt-cinq ans, fraîchement diplômé d’Oxford, l’Anglais faisait ses premiers pas, encore incertains, chez British Rail, alors compagnie nationale outre-Manche. « J’adorais voyager. J’aurais pu être officier sur un bateau, mais je risquais de passer vingt ans à regarder des containers. » Il a choisi la terre zébrée de rails. La famille des cheminots, des coudes serrés et des mugs de thé qui réchauffent, les petits matins d’hiver. Est devenu chef de gare dans le Kent, puis de la fourmillante Charing Cross, à Londres, reliée plus tard à ses sœurs, Cannon Street et London Bridge. « Je ne savais pas ce qui m’arrivait. J’étais passé d’une petite gare de campagne à la grande ville. » Fut promu, encore, auprès du Bureau de la régulation du rail, devint « expert en billetterie auprès du gouvernement », dut exposer devant les mines graves du Parlement sa vision d’une bonne tarification du rail. Se lassa-t-il du tournant politique qu’avait pris sa carrière ? Fut-il emporté par le succès de ses pages et ses 1,2 million de visiteurs mensuels ? En 2007, il put « abandonner son emploi » pour son site. Et concocter pour ses visiteurs des idées de voyages, ficelées comme un bon rôti par ce maître des cuisines internes. Car si l’on peut aisément réserver un trajet d’avion d’un seul clic et emprunter deux ou trois compagnies sans même s’en apercevoir, espérer procéder ainsi pour le rail relève de la méconnaissance. Ou pis, de l’aveuglement. Même si vous avez décidé de circonscrire votre exode au Vieux Continent. « Nous avons une collection de petites unités individuelles qui ne fonctionnent pas les unes avec les autres. L’Europe est parvenue à faire ce que cinquante ans de communisme ont échoué à réaliser : tirer un rideau de fer sur le continent. »

Pays de résidence : Afghanistan

Essayez donc de réserver un Paris-Milan, en partant par le train de nuit un vendredi soir et en revenant, en TGV, le dimanche après-midi, met-il au défi. « Il vous faudra aller sur deux sites différents. » Et si vous n’êtes pas Européen, c’est encore pire. « Si vous admettez être Américain sur TGV-Europe.com, le moteur de recherche vous renvoie directement sur la page RailEurope.com qui vous propose les options les plus coûteuses. Alors, je conseille aux Américains de mettre Afghanistan comme pays de résidence ! », s’amuse-t-il. « De la tarification européenne, je pourrais faire un spectacle de comédie. Parce que c’est une farce. »

Au panthéon de ses frustrations, la SNCF et sa « vingtaine de sites Internet ». Et la compagnie française n’en finit pas de dégringoler dans son estime. Après IDTGV, elle a inventé Ouigo (et son énième portail Web) au début du mois d’avril. « Qui a eu l’idée saugrenue de calquer tous les pires défauts d’un voyage en avion sur le train ? Devoir partir d’une gare lointaine, réduire la quantité de bagages… C’est renier tout ce qui fait l’avantage compétitif du train », s’enflamme-t-il. Il ne conseillera pas à ses lecteurs ce nouveau TGV low cost. Fermez le ban.

Mark Smith n’a pas peur de voler – il a goûté à l’acrobatie aérienne avec les cadets de la Royal Air Force –, mais se soucie de l’environnement. Depuis peu. « A ceux qui veulent réduire leur empreinte carbone, je dis : “ Vous ne vous faites pas de mal en privilégiant l’environnement. Au contraire, vous vous faites du bien en voyageant en train. ” » Il n’aime pas les ceintures de sécurité, aime avoir de l’espace autour de lui, voir le paysage, aller d’un centre-ville à un autre. Et résume, les doigts enroulés autour de son mug vide : « J’aime voyager civilisé. » —

- Le site de Seat61


1965 Naissance près de Londres

1987 Fait ses débuts à British Rail, en tant qu’apprenti

1999 Entre au Bureau de la régulation du rail

2001 Lance son site Internet, Seat61.com

2007 Quitte son emploi pour s’occuper de son site à plein temps Les hypers en bout de course(s)

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