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16-11-2009
Mots clés
France
Brésil
Chronique

Lula et Sarkozy vont-ils sauver le climat ?

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Par Florent Baarsch, blogueur et "Climate Tracker" pour le site Adopt a negotiator.
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ÉCOLOGIE SOCIÉTÉ ÉCONOMIE
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Samedi, à l’Elysée, le président Nicolas Sarkozy accueillait son homologue brésilien le président Lula pour une rencontre au sujet du climat. Depuis déjà quelques mois, la France et le Brésil sont en pourparlers afin de définir une position commune pour la conférence de Copenhague. Cette position commune, Nord-Sud, a vocation à faire bouger les lignes entre l’habituelle confrontation de blocs Nord et Sud et de tenter d’arracher un accord dans la dernière nuit de Copenhague.

Cette stratégie franco-brésilienne à laquelle je m’intéresse depuis déjà deux mois s’est enfin révélée aux yeux du monde. C’est ainsi que de nombreux médias dont le Monde ou la BBC ont repris en cœur le thème de « l’accord Brésil France sur le climat ». Mais au-delà de l’annonce, intéressons-nous donc au contenu même de cet accord, et tentons de répondre à la question que tout le monde se pose : Lula et Sarkozy vont-ils sauver le climat ?

Trois points seront centraux dans les négociations de Copenhague : les objectifs de réduction d’émissions à moyen et long terme, le financement mis sur la table pour l’adaptation aux changements climatiques et la forme de l’accord que vont signer les délégués présents à Copenhague.

Les objectifs de réductions d’émissions

Pour rappel, le Brésil est membre du groupe du G77 (pays en développement) et la France de l’Union Européenne (au cas où vous l’auriez oublié). Et faut-il encore le rappeler, ces deux groupes ont des positions différentes ! Le G77 demande à ce que les pays de l’Annexe I (ou industrialisés) réduisent de manière drastique leurs émissions de GES d’au moins 40% pour 2020. De leur côté, l’UE et la France ont pris l’engagement de réduire leurs émissions de 20% voire de 30% en cas d’accord international sur le climat.

Or la déclaration commune se cantonne à dire : « Tous les pays de l’Annexe I de la Convention des Nations Unies doivent adopter des nouveaux objectifs ambitieux de réduction des émissions à moyen terme, conformément à leurs responsabilités et à leurs capacités, historiques et actuelles, et cohérents avec la limitation du réchauffement à 2°C et les recommandations du GIEC »

Ce qui reviendrait à dire que les pays de l’Annexe I doivent s’engager à réduire entre 25 et 40% leurs émissions pour 2020 par rapport à 1990. Or rien n’est écrit. L’Europe avec son chiffre de 20% se revendique ambitieuse. A quelle ambition cette déclaration fait-elle donc référence ? Celle de l’UE ? Ou celle des pays en développement ?

Concernant les réductions d’émissions pour le long terme, Lula et Sarkozy rappellent les objectifs proches du G8 de L’Aquila (Italie, 2009) : « Les pays de l’Annexe I doivent adopter des trajectoires de réduction cohérentes avec leur objectif de réduire leurs émissions d’au moins 80% d’ici à 2050 par rapport à 1990 ». Au final, rien de bien nouveau, ni de très clair.

Le financement de l’adaptation aux changements climatiques

Pour les pays en développement, encore une fois, le message est sans détour « no money, no deal » (pas d’argent, pas d’accord). Pour les pays développés qui auront à payer pour permettre aux pays les plus touchés par les changements climatiques de s’y adapter, la question est nettement moins claire. L’UE a récemment présenté un premier chiffre sur la table : 100 milliards d’euros par an à partir de 2020 dont entre 22 et 50 milliards reposant sur du financement public. Le G77 fait état de son côté d’une demande proche de 150 milliards par an à partir de 2020. Là encore, au-delà de la très belle verbe utilisée, le fond reste assez flou. Il est dit qu’il faudra avoir recours à des mécanismes innovants, sans qu’ils ne soient précisés ; ou l’importance du public et du privé dans ce financement doit être renforcée, sans que cela ne soit précisé plus clairement.

Le fait le plus décevant c’est que Nord et Sud, en l’occurrence Brésil et France n’ont pas réussi à se mettre d’accord sur un chiffre concernant le montant de l’adaptation aux changements climatiques. Il n’y a d’une part rien de nouveau, mais surtout rien de clair. Est-il possible de monter une position commune, si l’on a pas d’accord sur les points essentiels ?

La forme de l’accord de Copenhague

Plus clairement, il convient de savoir ce que les chefs d’État et de gouvernement réunis à Copenhague au mois de décembre vont avoir entre les mains au moment où les médias du monde entier les prendront en photo au petit matin du samedi 19 décembre. Sera-ce donc qu’une déclaration politique qui n’engage que peu les États ou bien alors un vrai traité qui engagera juridiquement la responsabilité des États ? (sujet expliqué ici)

Et là, alors que le sujet est brûlant entre le G77 et les pays du Nord, rien n’est mentionné à ce sujet. Il est vraiment étrange que les deux chefs d’États qui disent vouloir faire preuve d’audace et d’ambition n’aient pas affiché d’objectifs clairs à ce sujet. En l’absence de position sur cette question, la proposition danoise de simple « déclaration politiquement contraignante » semble toujours plus gagner du terrain.

Au-delà de la fraternelle rencontre entre le Nord et le Sud autour d’un texte commun, en tant que citoyens, l’on pouvait attendre mieux qu’une simple déclaration d’intention « façon G8 ou G20 ». A presque 20 jours de l’ouverture de la conférence, il est temps que les parties mettent des chiffres sur la table et commencent à révéler leurs cartes. A la lecture de cet accord brésilien-français, il ne me fait aucun doute que même Barack Obama et Hu Jintao seraient prêts à signer un tel document tant il est peu engageant.

Trouver un accord dans six mois ou dans un an sera toujours aussi difficile. Ainsi, pour paraphraser le président Lula lors de la conférence de presse finale : « Nous n’exigeons pas l’impossible, nous voulons faire seulement ce qui est nécessaire »… !

PS : point important, le Brésil est le premier émergent à soutenir la création de l’Organisation Mondiale de l’Environnement tant souhaitée par Nicolas Sarkozy. ;-)

Sources de cet article

- Retrouvez le texte de la Position Commune de la France et du Brésil sur le Changement Climatique, ici.
- Bruits de couloirs France-Brésil, publié un jour avant la rencontre : ici.
- Le site Adopt a Negociator
- Suivre Florent Baarsch sur Twitter : @ecoflo

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