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25-11-2004
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Social
France

Les syndicats mutants

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Ca bouge chez les syndicats. Mondialisation, finance, précarité... les enjeux du siècle obligent les principales centrales à changer de style. Les rêves de Grand Soir ont été remisés au placard et il s'agit désormais de former des bataillons "d'experts", capables de défendre les droits des précaires, de participer aux comités d'entreprise ou de négocier des accords. Pour mener à bien cette tâche, les syndicats renvoient leurs adhérents à l'école. CGT, CFDT, FO : Terra economica lève un coin de voile sur leurs nouvelles méthodes de travail.
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"Le problème de la CGT n’est plus de former des militants dans le cadre d’une idéologie communiste, mais de fournir des éléments de compréhension du monde tel qu’il est aujourd’hui." Le décor est planté. C’est en tout cas ainsi qu’ Hubert Landier, directeur de la Lettre Management social, interprète la réforme en cours à la CGT depuis 2003, sur le front de la formation syndicale. A la cégète on appelle cela la "nouvelle architecture". Former les ouailles est en fait un axe stratégique depuis au moins 1957 et le premier congé d’éducation ouvrière. Voire depuis les anarchisantes Bourses du Travail, où se formaient les salariés et les militants.

Objectif : transmettre des savoir-faire, comme l’explique le responsable de la Formation syndicale, Jacques Thibault (aucun lien avec Bernard) : "Entre la rupture de générations militantes, et le phénomène d’éclatement du salariat, cette transmission ne se fait plus naturellement. On nous demande aujourd’hui d’enseigner des trucs très concrets : comment rédiger un tract, conduire une réunion. Bref, comment mener un projet syndical." Qu’elle soit menée dans les centres de formation des grandes centrales, comme Benoît Frachon pour la CGT (voir ci contre), ou décentralisée (ce qui est majoritairement le cas), la formation est un outil de "mise en musique des orientations validées par les congrès, analyse Hubert Landier. Or la CGT, qui a décidé de ne pas rester dans une culture d’opposition et veut mettre ses propositions sur la table, a besoin de compétences.

Former à tour de bras

Les besoins sont criants à tous les niveaux : la récente loi Fillon sur le Dialogue social permet à des accords signés au niveau des entreprises de déroger aux conventions de branches. C’est pourquoi la CGT entend former des bataillons d’adhérents. "Nous avons dans l’année entre 5000 et 6000 stagiaires", poursuit Jacques Thibault. "C’est déjà beaucoup, mais on est loin de toucher tout le monde. Nous développons donc des outils concrets, fiches, livrets, diaporama, sur la Sécurité sociale et bientôt sur le Dialogue social, puis nous les diffusons au maximum."

De son côté, Force Ouvrière affirme travailler sur la formation permanente de ses adhérents depuis 1992. Un plan de formation syndicale continue assure le suivi des militants. Et répond à des besoins spécifiques, pour des représentants du personnel, des conseillers prud’homaux... "Résultat, nous avons doublé le nombre de participants dans nos sessions", assure Jean Jayer, secrétaire confédéral chargé de la formation syndicale. Il avance le chiffre de 8500 stagiaires par an.

La délocalisation... syndicale

D’après Hubert Landier, la CFDT a pris du retard en la matière depuis l’ère Notat. Elle a focalisé sa formation sur des circonstances ou des priorités de la centrale : négociation sur la réduction du temps de travail (1996-97) ; "recrutement" syndical aujourd’hui (voir ci-contre). "Depuis deux ans, nous avons créé un institut, l’Iris, pour mieux coordonner les programmes, les contenus et les ressources humaines", explique François Cid, responsable de la formation du syndicat. Cette reprise en main politique ne va pas sans créer quelques tensions, notamment avec les Instituts du travail. "La CFDT a tendance à ne plus supporter des discours qui ne sont pas les siens", considère un responsable d’un ces instituts publics. De dimension nationale (à Paris et Strasbourg), ou régionale (au nombre de 9), ils mènent des recherches et répondent aux demandes des syndicats pour des formations spécialisées : politique des transports, stress, lutte contre les discriminations...

Entre mondialisation, construction européenne et décentralisation, les lieux du pouvoir changent, les rapports de force se déplacent. "Si 50% des intérêts des salariés dépendent de l’entreprise, 50% dépendent de ce qui se décide au niveau territorial", jauge Jacques Thibault, dont le syndicat se concentre sur le "dialogue social en territoire". "La CGT doit donc être capable d’intervenir partout où elle dispose de sièges : entreprises, commissions du 1% logement, caisses d’assurance maladie, conseils économiques et sociaux..." Autant de chevaux de Troie pour éviter un siège du patronat ? Le Grand Soir est bel et bien remis au placard.

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