publicité
haut
Accueil du site > Actu > Société > « Les prix trop faibles des légumes sont artificiels »

« Les prix trop faibles des légumes sont artificiels »

Taille texte
{#TITRE,#URL_ARTICLE,#INTRODUCTION}
« Les prix trop faibles des légumes sont artificiels »
(Crédit photo : flickr/craigemorsels)
 
« Pour contrer la crise du secteur des fruits et légumes, les coûts sociaux et environnementaux engendrés par leur production doivent être pris en compte », explique Elizabeth Laville, de l'agence Utopies.
SUR LE MÊME SUJET
Mercredi 7 septembre, le ministre de l’Agriculture a annoncé que 25 millions d’euros seraient versés aux producteurs de fruits et légumes. Un secteur affecté par une forte baisse des prix dus à des récoltes abondantes, aux empoisonnements liés à la bactérie E.Coli et à une concurrence étrangère forte.

Rien ne va plus pour la tomate française. Après la pêche, la nectarine, la poire et l’artichaut, voilà l’un des fruits stars de l’Hexagone déclaré à son tour officiellement « en crise » par le ministère de l’Agriculture. Les producteurs de fruits et légumes sont au bord du gouffre financier et multiplient les actions pour que cela se sache ; jeudi (18 août, ndlr), ils seront à la Bastille, à Paris, pour une grande vente directe de leurs produits aux consommateurs. Des circuits courts qu’il faudrait privilégier systématiquement selon Elizabeth Laville, fondatrice et directeur d’Utopies, une agence de développement durable.

Terra eco : Comment comprenez-vous cette crise maraîchère ?

Elizabeth Laville  : Le problème est que nous sommes habitués à payer très peu pour consommer des fruits et légumes, car les externalités ne sont jamais prises en compte. Les prix de ces fruits et légumes, très bas, ne reflètent pas le coût du travail réalisé par les agriculteurs, ni celui de l’impact environnemental de leur production. Ces prix sont donc artificiels, et l’alimentation bon marché n’est pas honnête par rapport à ce qu’elle coûte réellement. Si le seul coût environnemental était intégré au prix de ces produits, l’ensemble des fruits et légumes disponibles sur les étals coûteraient 2 à 4 fois plus cher.

Dans ce contexte, les consommateurs français sont-ils condamnés à manger autrement que français ?

Ils ne sont pas condamnés, mais ils ne sont pas aidés non plus. Les consommateurs cherchent à économiser, ils regardent le prix avant la provenance des produits. Acheter des tomates andalouses est donc compréhensible, surtout si l’on ferme les yeux sur le manque d’exigence sociale ou sanitaire des producteurs espagnols. Les agriculteurs, qui se plaignent de cette « concurrence déloyale », devraient mettre sur le tapis la question des externalités. Si l’on prenait en compte la consommation d’eau nécessaire aux cultures hors-sol, très répandues sur la péninsule, les tomates espagnoles coûteraient bien plus cher.

En attendant, la part de l’alimentation dans le budget des ménages français a été divisée par deux entre 1960 et 2006 (tombant à 12%, ndlr), tandis que celle de la santé a doublé : elle est de 13% aujourd’hui. Et personne ne fait le lien entre les deux !

Peut-on considérer que la grande distribution joue le jeu ?

Les enseignes commencent seulement à s’y mettre. Mais leurs efforts sont difficilement lisibles : on trouve souvent, dans un même rayon, des haricots du Val de Loire et d’autres produits au Kenya... La grande distribution doit absolument signaler ses produits importés par les airs, en collant le gros logo noir d’un avion sur l’emballage. C’est ce qu’ont fait Marks and Spencer au Royaume-Uni, ou Coop en Suisse, avant de supprimer ces produits de leur approvisionnement à plus long terme.

Comment peut-on alors valoriser la consommation de produits locaux ?

En jouant sur ce contre quoi la tomate espagnole est impuissante ! L’histoire des fruits et légumes que l’on consomme justifie leur saveur, et donc leur valeur. Il faut assumer cette histoire, admettre ce que cette crise nous dit : le prix trop faible de nos produits n’a pas de sens. Privilégier les circuits courts de commercialisation, c’est un début de solution. Si l’on est en vacances en Corse, il faut consommer des produits locaux, quitte à acheter ses fruits et légumes sur le bord de la route. Et éviter de choisir, pour faire ses courses, les grandes surfaces de Porto-Vecchio qui ne proposent pas un seul poisson issu de la pêche locale.

A LIRE SUR LE MEME SUJET :

- Faut-il acheter français pour être écolo ?

- "Les prix trop faibles des légumes n’ont pas de sens"

Faites réagir vos proches, diffusez l'info !
Vous aimez Terra eco ? Abonnez-vous à la Newsletter
8 commentaires
TOUS LES COMMENTAIRES
COMMENTAIRES SÉLECTIONNÉS
RÉPONSES DE LA RÉDACTION
Trier par : Plus récents | Plus anciens
Affichage : Voir tout | Réduire les discussions
  • Les légumes et fruits que nous mangeons ne sont ni calibrés, ni exempts de défauts. Ils abritent parfois des limaces ou autres représentants de la faune des jardins qui se passeraient bien de découvrir la faïence de notre cuisine. Certains doivent être cuisinés aussitôt rentrés de la distribution.

    Mais ces produits sont bio, produits localement et assurent à son jeune producteur un juste revenu.

    Adhérer à une Amap me semble répondre à bien des exigences : qualité, goût, contacts, environnement, rétribution du producteur, solidarité...

    Notre panier hebdomadaire est calculé sur une base de 15 euros (+ ou - 20 %).

    Pour exemple, à la livraison d’hier, il y avait :
    - 4 grosses tomates coeur de boeuf,
    - une botte de radis,
    - une botte d’oignons jeunes,
    - 1 chou rouge,
    - 1 céleri,
    - 2 courgettes de taille moyenne,
    - une botte d’épinard.

    Quel serait le prix du même panier venant de l’agriculture intensive espagnole ? Sans doute 1/3 en moins. Au moins laisse-t-on la possibilité à un jeune de s’installer sur la terre de ses ancêtres et de produire selon ses projets.

    9.09 à 09h16 - Répondre - Alerter
  • RMC/les Grandes Gueules "arretons d’acheter des fruits sexy ,calibrés ,qui n’ont aucun gout" .Pour famille rurale ,si le PRIX des fruits a baissé depuis l’an dernier 70 % des consommateurs de la Grande Distribution trouvent ,comme l’an dernier que les fruits achetés sont trop calibrés, INCIPIDE et pourrissent au frigo.La filière BIO ,c’est le service des paysans à un JUSTE REVENU ,car depuis 20 ans les producteurs de fruits et légumes en crève ,parce que la base est fausse ,le prix est faux . Le vrai prix de la production agricole est celui donné par l’agriculture biologique . Il faut rétablir la vérité des prix en intégrant ,tout ce que la société paye pour supporter les dégats de l’agriculture conventionnelle Les fruits conventionnels sont payés en dessous de leur véritable valeur ,par rapport à 1 fruit BIO (+70%) .les distributeurs ont aussi profitès de l’étiquette BIO pour faire leur marges .La responsabilité vient aussi des producteurs de fruits et légumes qui accepte que des fruits soient revendus 4 à 8 fois leur prix d’achat . Il faut FIXER DES PRIX LIMITES aux distributeurs en vendant dans de PETITES STRUCTURES ."Le dernier Grand distributeur qui est venu chez moi ,il est ressorti à coup de pied dans les fesses , car IL VOULAIT MULTIPLIER PAR 10 LA MARGE".

    23.08 à 22h39 - Répondre - Alerter
  • Ha bon, vous trouvez qu’ils sont bon marchés ? comme moi, votre cheminée ne doit fonctionner que pour un.

    19.08 à 18h25 - Répondre - Alerter
  • Devant ce problème, je ne pense pas qu’il faille tirer à boulets rouges sur la grande distribution.
    Ces entreprises doivent rémunérer les actionnaires, et donc faire du profit avec les règles économiques existantes sur le marché dans lequel elles interviennent.

    Ce que l’on peut se demander, par contre, c’est pourquoi les producteurs agricoles en tout genre ne se sont pas organisés, ces 50 dernières années, en coopératives de distribution directe (ou circuit court) de leurs produits.
    Depuis 50 ans, un seul gouvernement -de droite ou de gauche- a-t-il créé les conditions qui favoriseraient efficacement ce type de structure ? Non, semble-t-il à voir le résultat.

    Actuellement, avec internet, il y a un business à développer. Certains petits producteurs ont sauté le pas depuis belle lurette. Mais globalement, les producteurs sont toujours isolés... face à une concurrence étrangère souvent déloyale. Là encore, sans fermer les frontières, il y a sûrement des parades.

    18.08 à 21h52 - Répondre - Alerter
  • La grande enseigne de centre ville où je fais mes courses vend des boîtes de haricots verts qui viennent... de Chine (!) Il faut croire que l’énergie ne coûte vraiment pas cher.
    Cette folie aura une fin, le passage du pic pétrolier mettra un peu d’ordre dans tout ça.

    17.08 à 18h38 - Répondre - Alerter
    • N’oublions pas que le trajet n’est pas tout dans la pollution générée par un produit !!! Le poids environnemental d’un produit est avant tout déterminé par la manière dont il a été produit (bio ou pas, en serre ou pas, manière de l’emballer, de le conserver en camion frigo ou pas). L’impact de cette production est souvent plus fort que l’impact du transport !

      Un exemple ? Certains vins français de grands domaines, transportés en camion jusqu’au Nord de la France polluent au total plus que des vins du Chili bio fait par une petite coopérative.
      Un autre exemple sur le sucre : http://www.maxhavelaarfrance.com/?a...

      Il y a aussi le fait que le transport en camion dans le pays a un vrai poids environnemental par rapport à un transport en bateau.

      Ça ne veut pas dire qu’il ne faut pas consommer local, mais il y en a marre de tomber dans le simplisme ! Un produit de supermarché étiqueté "français" ne signifie pas "peu polluant" !
      Alors, les avions noirs sur les produits, non merci ! Surtout si on se contente de regarder le pays d’origine et pas la manière dont il a été tranporté et produit ! Migros, supermarché en Suisse propose déjà une analyse poussée de pas mal de produits et un petit autocollant "Climatop" pour les aliments qui pollue le moins.

      Dommage qu’on tombe souvent dans le simplisme...

      18.08 à 10h02 - Répondre - Alerter
      • Vous prêchez un convaincu !
        Entièrement d’accord avec vous, l’impact environnemental est évidemment plus complexe qu’il n’y parait.

        Mais toutes choses égales par ailleurs (bio/pas bio, serre/pas serre), vous ne m’enlèverez pas de l’idée que cette boîte de haricots en provenance de Chine est une aberration. Ce que je voulais dire c’est que LE paramètre qui préside à la présence de ces haricots dans les rayonnages de mon supermarché c’est purement et simplement son coût économique en dehors de toute considération de coût environnemental ou social.

        Alors en l’absence d’information de coût carbone sur les produits, à produits "équivalents" en apparence, vous me permettrez de ne pas acheter celui dont la provenance est lointaine. Cette stratégie est sans doute simpliste, mais je fais le pari qu’elle est statistiquement payante du point de vue écologique.

        18.08 à 12h37 - Répondre - Alerter
PUBLIER UN COMMENTAIRE

Un message, un commentaire ?

  • Se connecter
  • Créer un compte

publicité
1
publicité
2
    Terra eco
    Terra eco
publicité
3
SPIP | squelette | | Plan du site | Suivre la vie du site RSS 2.0
publicité
bas