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7-06-2010
Mots clés
ONG
Etats-Unis

Les Yes Men font école

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Les Yes Men font école
(Crédit photo : ItzaFineDay)
 
Depuis plus d'une dizaine d'années, ils marquent les esprits avec leurs canulars, aussi culottés qu'engagés. Aujourd'hui, les Yes Men créent une « filiale » : le « Yes Lab ». Aveu d'essoufflement ou nouvelle stratégie ?
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Vous les connaissez forcément. Ils sont deux et s’appellent, pour le grand public, Andy Bichlbaum et Mike Bonanno. Leurs coups d’éclat ? Avoir endossé en 2004 les habits de cadres du géant américain de la chimie Dow Chemical et promis d’indemniser les victimes de la catastrophe industrielle de Bhopal (1) en live à la télévision. Ou présenté leur boule de survie – sorte de carapace de tortue pour se protéger contre le changement climatique – lors d’une conférence en 2006. Deux ans plus tard, ils distribuaient dans Wall Street un faux New York Times annonçant la fin de la guerre en Irak.

Alors quand Shell a annoncé le 17 mai dernier qu’elle stoppait tous ses forages en eaux profondes dans le delta du Niger, on a senti l’arnaque. Et cru reconnaître la patte des Yes Men. Raté ou presque. Derrière l’initiative, la Ligue pour la justice nigérienne, un groupe élaboré pour l’occasion mais conseillé par nos deux compères. Car les Yes Men ont désormais leur « Yes Lab ». Dans cet espace, « on essaie de comprendre ce que d’autres groupes veulent faire, on les accompagne et on les aide à lever des financements si nécessaires », confie Mike, l’un des deux activistes fondateurs. Les deux trublions d’hier ont grandi. « Avant nous étions une cellule d’amis qui travaillaient ensemble. Mais nous avons aujourd’hui besoin de gens pour gérer l’administratif. Nous devenons peu à peu une organisation », concède Mike. Sur leur site Internet, les Yes Men parlent même aujourd’hui gros sous et avouent chercher 50 000 dollars (42 000 euros) pour employer trois personnes et se doter de locaux plus grands. Avis aux bonnes âmes.

Le b.a.-ba d’un bon coup médiatique

En France, d’autres ont fait le même calcul. Régulièrement, le collectif des Désobéissants organise des stages d’action directe, tandis que des militants de Jeudi Noir ont créé Bayou & Primault, une agence de communication militante qui visent à enseigner aux ONG, groupes ou petites entreprises le b.a.-ba d’un bon coup médiatique. Est-ce à dire que leur mouvement s’est essoufflé ?

« A force de trop en faire, ces groupes peuvent entrer dans une forme de routine, explique Sébastien Porte, coauteur de l’ouvrage Un nouvel art de militer. D’autant qu’ils sont confrontés à un paradoxe. Ils sont obligés de continuer à se montrer puisqu’ils vivent par les médias mais risquent de relativiser les sujets qu’ils défendent en les faisant entrer dans le domaine du divertissement ». « Le buzz médiatique reste éphémère, confirme Laurent Jeanneau, coauteur des Nouveaux Militants. Comment le dépasser ? Comment créer une expertise ? Proposer des interlocuteurs crédibles ? C’est plus compliqué. Certaines organisations préfèrent se limiter à ces coups d’éclat médiatiques, quitte à laisser à d’autres ONG le soin de faire le travail de fond. »

Ils ne raccrochent pas leurs nez de clown

Ces limites, les Yes Men les reconnaissent. Ils ne feront changer de disque ni Dow Chemical, ni l’Organisation mondiale du commerce, reconnaissent-ils. Pis, ils risquent de leur apprendre à mieux s’armer en matière de communication. Influencer les politiciens ? Le travail reste difficile. « Ils ont souvent des idées très arrêtées sur les choses. On peut éventuellement faire basculer les plus hésitants », concède Mike. Alors quoi ? Leur rôle réside avant tout dans la motivation des troupes. « Des gens qui commençaient à être un peu démoralisés s’allient ainsi autour d’une cause. Ça redonne du courage aux activistes et ce n’est déjà pas mal », avance Mike. Le Yes Lab, machine à former des actions, est pile dans cette veine

Reste que les Yes Men n’ont pas encore raccroché leurs nez de clown. Jusqu’ici, leur cœur d’activité, c’était les faux sites Internet, les interventions truquées, les communiqués de presse bidons. « Mais on est intéressés par tout ce qui peut fonctionner. On examine aujourd’hui le système des “flash mob” et des réseaux sociaux », souligne Mike. Yes they can !

(1) Le 3 décembre 1984, une usine de pesticides d’Union Carbide (aujourd’hui racheté par Dow Chemical) explose dans la ville indienne de Bhopal. L’accident tue 3 000 personnes sur le coup et en empoisonne des milliers d’autres.

Sources de cet article

- Le site des Yes Men

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