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10-10-2006
Mots clés
Environnement
Europe

Les OGM contre-attaquent

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Les OGM gagnent sans cesse du terrain dans l'Hexagone. Aujourd'hui, les consommateurs se retrouvent face à un dilemme : accepter le fait accompli, ou brider à jamais l'industrie agroalimentaire. Enquête.
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Une vingtaine de pays seulement cultivent des OGM dans le monde. Mais parmi eux figurent les plus grandes puissances agricoles : Etats-Unis, Brésil, Argentine, Canada, Chine, Inde et... France. Pour la première fois cet été, les céréaliers français ont pu cultiver une quantité importante d’OGM destinés à la commercialisation : 4 500 hectares de maïs « BT » insecticide. Ni l’hostilité de 86 % de la population (selon un récent sondage CSA), ni les actes de "désobéissance civile" des "faucheurs volontaires" n’ont rien pu y changer.

La politique française en matière d’OGM avance en crabe. Le projet de loi censé transposer les dernières directives européennes, très attendu par les semenciers, ne devrait pas être discuté devant l’Assemblée cette année. A quelques mois de l’élection présidentielle, pas question de prendre le risque d’un débat sur les règles futures de l’agriculture transgénique. Face à ce vide juridique, la Commission européenne s’impatiente. Depuis février, Bruxelles menace Paris d’une pénalité de 168 800 euros par jour de retard, si jamais la situation s’éternise. La justice hexagonale a pris acte du flou ambiant. Le Conseil d’Etat et plusieurs tribunaux administratifs ont interdit presque toutes les demandes d’expérimentations en plein champ déposées au cours des derniers mois. Pendant ce temps, l’Etat continue de donner son feu vert à l’importation de nouvelles variétés de maïs, soja, de coton ou de colza : 26 au total à ce jour, selon Bercy. Pour l’instant, seules 3 variétés de maïs peuvent être cultivées à des fins commerciales.

Une filière OGM est déjà solidement implantée en France. Le ministère de l’Agriculture reconnaît que la majorité des bêtes d’élevage sont en partie nourries avec des OGM. Rien d’illégal là-dedans. Au terme d’accords signés en 1992 avec les Etats-Unis, l’Union européenne ne peut cultiver qu’un tonnage très faible de soja. Depuis l’interdiction des farines animales en 2001, l’Europe doit importer en masse cet oléagineux devenu indispensable à l’alimentation des vaches, des porcs et de la volaille. Or les principaux exportateurs de soja - Etats-Unis et Argentine - cultivent le soja presque uniquement sous sa forme transgénique. D’après la FNSEA, premier syndicat agricole français, 80 % des cargaisons de soja qui arrivent en France sont "mélangées", c’est-à-dire qu’elles contiennent avant tout des plantes transgéniques.

Il sera de plus en plus difficile de ralentir la progression des plantes transgéniques. La nouvelle réglementation européenne tolère un seuil de 0,9 % de "présence fortuite" d’OGM dans les produits agricoles non-OGM. Ce seuil prend en compte, selon le commissaire européen David Byrne, "l’ œuvre inévitable de la nature" : transport du pollen par le vent, mais aussi erreurs de manipulation. « "Fortuit" ne signifie pas "rare" », précise un chargé d’études du ministère de l’Agriculture. "Si on ne veut pas de dissémination du tout, il faut interdire la culture d’OGM en plein champ", dit-il.

Le principe du pollueur-payeur ne s’applique pas en cas de dissémination involontaire : les plantes transgéniques ne sont pas des polluants, puisque jamais personne n’a pu démontrer qu’elles posent le moindre risque pour la santé. Les producteurs de graines (la matière première de l’agriculture) s’avouent eux-mêmes incapables de garantir l’imperméabilité de la filière OGM. Au cours des deux années passées, la moitié des lots de graines de maïs importés des Etats-Unis contenaient des traces d’OGM, pour la plupart interdits de culture en France (Le Monde, 21 septembre 2006). Selon Grégoire Berthe, lobbyiste chez Limagrain, principal semencier français, cet état de fait est "inévitable", à cause du "bruit de fond OGM dans les pollens aux Etats-Unis", où presque 100 % du maïs cultivé est transgénique.

Alors qu’il existe pour les produits agricoles finaux, l’Union européenne n’arrive pas à définir un seuil de "présence fortuite" d’OGM dans les semences. L’Autriche ou la Pologne, qui souhaitent une interdiction totale, ne parviennent pas à s’entendre avec la France, l’un des premiers producteurs mondiaux de graines. Grégoire Berthe, de Limagrain, veut un seuil à 0,7 %. "Moins de 0,5 %, ça serait trop coûteux, notre activité ne serait plus rentable", prévient-il. Traduction : soit les Français qui rejettent les OGM acceptent d’en accueillir un peu dans leurs assiettes, soit il faudra brider à jamais l’activité agricole, qui alimente à hauteur de 2,5 % le produit intérieur brut. La recherche en matière d’OGM est pratiquement à l’arrêt en France. Outre-Atlantique, Washington pronostique qu’en 2020, les biotechnologies contribueront au quart du PIB américain...

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Chargé de la prospective et du lobbying au Shift Project, think tank de la transition carbone, et blogueur invité du Monde

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