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24-04-2012
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Santé
France

Les Françaises gardent leurs trompes (énormément)

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Les Françaises gardent leurs trompes (énormément)
(Gnarls Monkey - Flickr.com)
 
La stérilisation, autorisée depuis 2001 en France, peut répondre au besoin de femmes mûres qui en ont marre des contraceptifs. Très répandue à travers le monde, la méthode suscite de nombreuses réticences dans l'Hexagone.
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La quarantaine, c’est souvent l’heure des remises en cause. Et c’est bien ce que la pilule contraceptive est en train de vivre. Arrivés sur le marché en 1972, cinq ans après que la loi Neuwirth a légalisé le recours à la contraception orale, les petits comprimés à base d’hormones ont libéré la sexualité des Françaises, depuis dissociée de la procréation.

Ras-le-bol de gérer sa contraception sur le long terme

Aujourd’hui, 60% des femmes qui utilisent une contraception optent pour la pilule. Mais, mine de rien, sa prise quotidienne et à heure fixe est contraignante, surtout si elle dure depuis des décennies. Et à partir d’un certain âge, les femmes se lassent. De la pilule, mais aussi plus globalement des différents moyens contraceptifs à leur disposition, et dont le ministère de la Santé dresse ici la liste.

« Arrivé 40 ans, alors qu’elles sont déjà mères de famille et qu’elles ne veulent plus d’enfant, les femmes n’en peuvent plus de gérer leur contraception », explique Marie-Laure Brival, gynécologue et chef de service à la maternité des Lilas, en Seine Saint-Denis. De plus, les effets à long terme de la pilule sur l’organisme inquiètent. Le débat sur le lien entre sa prise et l’augmentation du cancer du sein n’est pas tranché mais, en 2005, le Centre international de recherche sur le cancer de Lyon, dépendant de l’OMS, a classé la pilule contraceptive parmi les produits cancérogènes dont l’action est « certaine » dans les cancers du sein, du col utérin et du foie.

Et l’autre contraceptif le plus répandu parmi les Françaises, le stérilet (23% des femmes sous contraceptif optent pour cette méthode, contre 10% pour le préservatif, selon un rapport de l’Inspection générale des affaires sociales), n’est pas non plus sans effets secondaires, comme les saignements.

Se prémunir à vie du risque de grossesse non désirée

La solution pourrait être la contraception définitive. Elle est autorisée en France depuis la loi du 4 juillet 2001 et elle intéresse les deux sexes. Mais seules 2,3% des Françaises et une quantité proche de 0% des Français y ont eu recours. Il s’agit pourtant de la première méthode de contrôle des naissances au monde avec 19% des femmes et 2% des hommes stérilisés à l’échelle mondiale.

Les taux de stérilisation féminine et masculine à travers le monde, où l’on constate de très fortes disparités régionales (source : ONU)

La vasectomie : une question de tuyauterie, pas de puissance

Les hommes qui souhaiteraient prendre le relai de la contraception, très majoritairement supportée par les femmes, peuvent opter pour la vasectomie. Cela consiste à bloquer le passage des spermatozoïdes depuis les testicules jusqu’à la verge, en sectionnant les canaux déférents. Le sperme ne contenant dès lors plus de spermatozoïdes, il perd son pouvoir fécondant. Mais l’homme – qu’il soit rassuré – ne perd en rien de sa puissance. « La vasectomie n’a pas d’effet sur l’apparence physique, ne modifie pas la qualité de l’érection et de l’éjaculation. Elle n’affecte pas le désir sexuel, le comportement psychologique et affectif », précise le ministère de la Santé dans un livret présentant les différents modes de stérilisation à visée contraceptive.

Deux méthodes qui trompent énormément

Les femmes, elles, ont le choix entre deux méthodes pour ne plus jamais tomber enceintes. La plus ancienne est la ligature des trompes, que l’on sectionne ou que l’on pince dans le but d’empêcher la rencontre entre les spermatozoïdes et l’ovule. C’est une opération assez lourde qui se déroule sous anesthésie, et qui a un effet immédiat.

Une alternative plus douce est apparue en 2002 en Europe et aux Etats-Unis. Elle est depuis accessible aussi en Amérique centrale et latine ainsi qu’en Australie et en Nouvelle-Zélande. Elle a déjà été pratiquée sur quelque 600 000 femmes à travers le monde (dont environ 40 000 Françaises). Il s’agit de la méthode Essure, du laboratoire américain Conceptus. Elle consiste en l’insertion d’un micro-implant par hystéroscopie dans chacune des trompes. L’occlusion des trompes est obtenue progressivement par fibrose et la stérilité est totale (dans 99,83% des cas) au bout de trois mois. La procédure s’effectue en moins de 10 minutes, sans anesthésie générale, en ambulatoire, dans un établissement de soins de santé public ou privé. Cette méthode non invasive a déjà été pratiquée plus d’une centaine de fois à la maternité des Lilas, par Marie-Laure Brival.

Comment fonctionne la méthode Essure, en image

Une contraception définitive gratuite... après 40 ans

La loi française stipule que la stérilisation définitive est accessible à toute femme majeure après un délai de réflexion de quatre mois. Mais, depuis une décision de l’Union nationale des caisses d’assurance maladie (Uncam) du 26 mai 2010, l’acte médical n’est pris en charge à 100% par l’assurance maladie qu’après l’âge de 40 ans. En dessous de cet âge, seul l’implant Essure est remboursé, l’acte chirurgical est à la charge de la patiente.

Outré par cette décision, le Planning familial a saisi le Défenseur des droits, lui demandant de se prononcer sur cette interprétation de la loi par l’assurance maladie. Dominique Baudis a estimé, dans une réponse publiée le mois dernier, que le non remboursement pour les moins 40 ans est discriminatoire.

Les médecins bloquent l’accès à la contraception définitive

Et ce même si, dans les faits, ce sont plutôt des quadragénaires qui choisissent la stérilisation à visée contraceptive. « La plupart des femmes qui prennent contact avec moi ont 38 ans et plus, explique Marie-Laure Brival. En six ans, seule une femme de 29 ans est venue me voir, avec son mari. Ils avaient déjà une fille et un garçon et ses deux grossesses, très difficiles, avaient mis son pronostic vital en jeu. » La première phrase de cette femme à la gynécologue était « Je sais que vous allez me dire non ». Elle s’était en effet, comme tant d’autres, heurtée au refus de nombreux médecins.

« Il y a un problème d’adhésion du corps médical à la notion de contraception définitive. Parce que les médecins ne sont pas bien formés, mais aussi parce qu’il y a dans notre société une répugnance à l’idée que la femme décide elle-même de ne plus avoir d’enfant. Et la stérilisation renvoie dans l’esprit des gens à la notion de mutilation, de stérilisation coercitive dans des cas psychiatriques », ajoute la gynécologue, qui a stérilisé la jeune patiente. En France, quelque mille gynécologues proposent actuellement la procédure Essure, dans 450 cliniques et hôpitaux.

Des réticences liées à une tradition nataliste

Directrice de recherche à l’Inserm, Nathalie Bajos a complété cette analyse lors d’une conférence de presse organisée à l’occasion des dix ans de la loi. Pour elle, « l’évolution de la contraception en France s’inscrit dans un contexte socio-historique nataliste très particulier (…) : la focalisation très importante des gouvernants sur la nécessité d’une politique nataliste et familialiste, avec un natalisme d’Etat apparu dès la 3è République, qui voulait contrer ‘une menace d’extinction de la race française’. « Ainsi, poursuit-elle, si le droit des femmes à maitriser leur fécondité est largement acquis, l’identité sociale des femmes liée à la maternité reste très prégnante. »

Afficher un désir d’enfant est donc mieux admis que d’admettre un non désir d’enfant. Pour autant, il semblerait qu’hommes et femmes aient à gagner dans la propagation de cette méthode de contraception définitive. Selon une étude, 33 % des patientes ont rapporté une amélioration de leur sexualité depuis qu’elles n’ont plus à s’inquiéter d’une grossesse non désirée. « C’est toujours un cri de joie : elles se sentent libres », abonde Marie-Laure Brival.

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