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Légumes moches pour soupe très populaire

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Légumes moches pour soupe très populaire
(Crédit photo : feeding5k - flickr)
 
Tristram Stuart est l’auteur à succès d’une enquête sur le gaspillage. Ce jeune Anglais a aussi inventé un « banquet de déchets » pour alerter les foules. Bientôt près de chez vous !
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ÉCOLOGIE SOCIÉTÉ ÉCONOMIE
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Mise à jour jeudi 11 octobre 2012 : Un « banquet de déchets » est organisé ce samedi 13 octobre à 13h sur le parvis de l’Hôtel de Ville de Paris. Il doit réunir 5000 personnes autour d’un curry géant cuisiné à partir de produits destinés à être jetés.

Des milliers de Londoniens attendent leur tour, à la queue leu leu, pour recevoir un bol gratuit de curry de légumes. Nous sommes à Trafalgar Square, le 18 novembre dernier. Une soupe populaire pour des victimes de la crise économique sur une des plus célèbres places de Londres ? Du tout. Les carottes, pommes de terre et panais servis ce jour-là ne sont pas comme les autres : leur destin était de finir à la poubelle, pour cause de défauts esthétiques. Derrière ce banquet de déchets se cache Tristram Stuart, un jeune Anglais de 34 ans qui a fait de la réduction du gaspillage alimentaire un combat quotidien.

Du pain pour protester

Ecolo depuis le berceau, il a découvert sa voie à l’adolescence. Quand d’autres rêvent d’une mob, lui se met à élever des cochons. Pour les nourrir gratis, il fait la chasse aux restes. Et trouve son bonheur à la cantine de son école ou chez le boulanger. Mais un jour, Tristram goûte un reste de pain, pas si rassis que ça. « Manger ce pain est devenu une forme de protestation, explique-t-il. Une façon de démontrer que cette nourriture ne devrait pas être jetée. » Sa vocation est née ! Tristram devient étudiant en histoire… et fouille les poubelles.

Il s’aperçoit que celles des supermarchés peuvent nourrir un régiment. Et découvre qu’il est un freegan (un « glaneur », en français), qui s’alimente avec la nourriture – toujours comestible – jetée par les autres. Il publie The Bloodless Revolution en 2006, sur l’histoire du végétarisme. Puis s’attelle à une autre enquête. Celle qui marque le début de son combat actuel pour la fin du gaspi. Dans Waste, sorti en 2009, il démontre que, tout au long de la chaîne alimentaire, en Amérique du Nord et en Europe, environ la moitié des aliments finit à la poubelle, « assez pour nourrir tous les affamés du monde au moins trois fois ».

10 % des émissions de gaz à effet de serre viendraient de la production de nourriture que personne ne mange. Réduire ce gaspillage serait donc un moyen de résoudre la pression sur l’environnement. Redistribution, compost, etc. : les solutions existent ! Waste est très remarqué et transforme Tristram en consultant en réduction des déchets pour des gouvernements, des entreprises, des associations… Et en décembre 2009, il frappe un grand coup en organisant le premier banquet « Feeding the 5 000 », déjà à Trafalgar Square. Un succès. L’activiste lance ensuite, avec le quotidien The Guardian, un service de veille qui invite les citoyens à envoyer des photos d’aliments gaspillés dans les magasins, les cantines, les fermes, les usines… Il crée « A taste of freedom », une organisation qui sensibilise les enfants à coups de smoothies et de sorbets cuisinés avec des fruits et légumes, de récup of course.

Tordus et trop petits

Pour l’ensemble de son œuvre, Tristram est récompensé en 2011 par le Sophie Prize, distinction attribuée notamment à feue la planteuse d’arbres kenyane Wangari Maathai. En novembre dernier, c’est presque en star internationale que Tristram organise le deuxième « Feeding the 5 000 ». Au menu, toujours les mêmes légumes dénigrés par les supermarchés parce que tordus, trop petits, trop moches… Avec plusieurs ONG, Tristram sert 5 000 repas et des centaines de jus de pomme et de poire fraîchement pressées. La pulpe nourrit, elle, quatre cochons ! Tandis que des chefs inventent des recettes de restes. Le maire de Londres, Boris Johnson, sert le premier bol de curry et déclare qu’il veut faire de la capitale une « ville zéro déchet ». Ce jour-là, producteurs qui ont des surplus et associations qui en ont besoin échangent leurs adresses, et des milliers d’anonymes s’engagent à réduire leur gaspillage, tout en réclamant aux entreprises d’en faire autant.

Bientôt le banquet parisien

Récemment, le débat est entré à la Chambre des Communes, où une élue a proposé que les aliments rejetés pour raisons esthétiques soient rachetés et vendus à très bas prix. Des députés du Parlement européen ont aussi demandé en décembre que 2013 soit déclarée « année européenne contre les gaspillages alimentaires ». « Cet événement, raconte Tristram, s’est révélé un moyen très efficace et bon marché pour engendrer des changements au niveau industriel et gouvernemental, et inspirer les gens avec des solutions pratiques et positives. » Des banquets sont aujourd’hui en projet partout dans le monde. A Paris, il s’en mijote un pour l’automne. A vous le délicieux curry de légumes moches ! —

Sources de cet article

- Le site de Tristram Stuart

Canal + prépare un documentaire d’après le livre Waste (Penguin, 2009, en anglais), de Tristram Stuart.

Les Glaneurs et la glaneuse, d’Agnès Varda (1 DVD Ciné-Tamaris, 2000)

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