publicité
haut
Accueil du site > Actu > L’objet > Le vernis à ongles
Article Abonné
30-09-2011
Mots clés
Santé
Monde

Le vernis à ongles

Taille texte
{#TITRE,#URL_ARTICLE,#INTRODUCTION}
Le vernis à ongles
(Crédit photo : Fotolia)
 
On s’en badigeonne les ongles allègrement. Pourtant, nos petits flacons renferment des composants aussi peu reluisants que le pot est élégant. Attention à la nausée !
Le Baromètre de cet article
ÉCOLOGIE SOCIÉTÉ ÉCONOMIE
SUR LE MÊME SUJET

Dès le départ, on le flaire : le vernis sent trop fort pour être honnête. Le flacon à peine débouché, des effluves âcres à vous foudroyer des mouches viennent titiller les narines, tandis que l’on cherche à se concentrer sur son coup de pinceau. Une fois posé, il semble nous faire des doigts de fée. Mais en grattant un peu, nos ongles s’apparentent plutôt à ceux d’une Cruella pour l’environnement.

Qu’y a-t-il de si répugnant dans nos petits flacons ? Face à cette question malodorante, les grandes marques refilent la patate chaude à leurs sous-traitants, tandis que les fabricants, pas plus loquaces, s’en tiennent au minimum, au nom d’un opportun « secret de fabrication ». En fait, on y trouve des résines et des plastifiants, pour constituer une pellicule souple, des solvants, qui permettent le durcissement de la couche sur l’ongle, et des pigments, pour la couleur.

Association de malfaiteurs

Pour le détail, on se tournera d’abord vers les étiquettes qui mentionnent, dans une longue liste de produits, de la nitrocellulose, de l’acétone ou de l’acétate de butyle, du tosylamide-formol ou des colorants azoïques. Soit des substances 100 % chimiques et synthétiques, souvent dérivées du pétrole. Il est bien loin le temps où les Egyptiennes se peignaient les ongles avec des extraits de henné tandis que les Chinoises élaboraient des produits à partir de cire d’abeille et de gélatine.

Ensuite, direction les organismes scientifiques et les ONG qui sont allés récurer les pots. Qu’ont-ils trouvé au fond ? Ce qu’ils appellent un « trio toxique » : du formaldéhyde, du toluène et des phtalates. Cette association de malfaiteurs s’accroche encore à certains flacons, malgré les avertissements de ses détracteurs et ses conséquences néfastes pour la santé. « Le formaldéhyde est controversé car il peut entraîner des cancers, les phtalates sont suspectés d’être des perturbateurs endocriniens et le toluène s’avèrerait toxique pour la reproduction », explique-t-on à l’unité de prévention du risque chimique au Centre national de la recherche scientifique. Attention toutefois, « ces composés sont encore présents dans certains vernis, mais en quantités faibles, réglementées au sein de l’Union européenne. » En 2004, le phtalate de dibutyle a fini par être totalement interdit dans les cosmétiques de l’Union européenne.

Rien de tel par contre aux Etats-Unis, où la moitié des vernis contenaient encore cette toxine en 2002, selon une étude de l’ONG Environmental Working Group, qui mène une campagne pour des cosmétiques sûrs. Aujourd’hui, quelques fabricants ont reformulé leurs produits, d’autres non… Et certaines teintes perdent de leur éclat.

Du bio aux abonnés absents

Au-delà des poisons qu’ils contiennent, les 100 000 vernis écoulés en France chaque année impliquent un processus de fabrication polluant. « Les composants subissent des opérations chimiques de dissolution et de dispersion dangereuses et difficiles à maîtriser. C’est pourquoi les marques ne fabriquent pas les vernis, contrairement à d’autres cosmétiques, mais sous-traitent l’intégralité du procédé », confie Eric Gooris, directeur des laboratoires de Clarins. Une complexité qui explique la main pas vraiment verte des fabricants.

Résultat : contrairement aux autres cosmétiques, proposant des gammes bio pour celles qui voudraient se faire belles sans défigurer la planète, les vernis, eux, ne possèdent que de pâles et rares copies, ni vraiment naturelles – seules une petite partie des toxines ont été supprimées – ni vraiment efficaces car séchant lentement et s’enlevant difficilement. Aux Etats-Unis, des marques ont toutefois réussi à blacklister le « trio toxique » et l’acétone, dans des vernis à base d’eau – des marques Suncoat ou Acquarella –, mais sans mettre au ban la nitrocellulose, elle aussi issue d’opérations chimiques.

« Le problème majeur était de se passer de cette résine aux propriétés uniques de résistance », livre Stéphanie Feille, responsable du développement des produits de maquillage Léa Nature. Fin avril, ce groupe français est le seul à avoir réussi à élaborer un vernis labellisé bio par Ecocert, sous la marque So’bio. A l’intérieur : une résine issue de la sécrétion de chenilles, des solvants tirés d’huiles essentielles ou d’alcool de blé et des nacres en guise de pigments. « On travaille sur une seconde génération de vernis, car notre résine n’a pas encore les mêmes propriétés que la nitrocellulose, ce qui implique un protocole de démaquillage long et fastidieux », modère Stéphanie Feille.

Au final non plus, le vernis, ce n’est pas joli joli. Car si, pour les grandes marques françaises, il est souvent fabriqué dans l’Hexagone, il finit sa vie sur une dernière couche de pollution. Le flacon, soit 40 grammes de verre pour à peine 10 ml de liquide, n’est pas recyclable, car « il ne peut pas être vidé totalement », selon l’organisme Eco-Emballages. Aux Etats-Unis, il est même classé dans les déchets dangereux. Le vernis porte bien son nom : c’est un masque, qui finit par tomber. —


Dissolvant, à l’attaque toute !

Avec un tel nom, impossible de le cacher : le dissolvant, élaboré dans les années 1920 dans la foulée de l’invention des peintures pour automobile, contient des solvants. Les mêmes joyeusetés que dans les vernis : de l’acétone, du méthyléthylcétone ou de l’acétate de butyle, voire, dans le pire des cas, du toluène et des xylènes.

Et à l’instar des vernis, encore, la gamme bio ne brille pas par sa variété. Malgré tout, la coquette écolo pourra trouver des liquides qui ne lui agresseront ni le nez ni les mimines, à condition de prendre son mal en patience. Ces produits rares ne se trouvent pas partout et mettent un peu de temps à agir : la marque Santé a élaboré un dissolvant à base d’alcool bio et d’huile essentielle d’orange bio, certifié BIDH – un label allemand – tandis que Naturado vend un produit similaire, labellisé Cosmébio, et composé de glycérine, de maïs et de jojoba.

Faites réagir vos proches, diffusez l'info !
Vous aimez Terra eco ? Abonnez-vous à la Newsletter
2 commentaires
TOUS LES COMMENTAIRES
COMMENTAIRES SÉLECTIONNÉS
RÉPONSES DE LA RÉDACTION
Trier par : Plus récents | Plus anciens
Affichage : Voir tout | Réduire les discussions
PUBLIER UN COMMENTAIRE

Un message, un commentaire ?

  • Se connecter
  • Créer un compte

publicité
1
publicité
2
    Terra eco
    Terra eco
publicité
3
SPIP | squelette | | Plan du site | Suivre la vie du site RSS 2.0
publicité
bas