publicité
haut
Accueil du site > Actu > Culture > Le temps béni des Trente Ravageuses
Article Abonné
29-08-2013
Mots clés
Economie
France

Le temps béni des Trente Ravageuses

Taille texte
{#TITRE,#URL_ARTICLE,#INTRODUCTION}
Le temps béni des Trente Ravageuses
 
Une autre histoire des Trente Glorieuses, de Céline Pessis, Sezin Topçu et Christophe Bonneuil, La Découverte, 312 pages, 24 euros.
Le Baromètre de cet article
ÉCOLOGIE SOCIÉTÉ ÉCONOMIE
SUR LE MÊME SUJET

La France pleure ses décennies de Croissance et d’Union sacrée, derrière la Bombe et le Progrès. Les Français travaillaient plus, gagnaient plus, consommaient plus. Le bon temps, quoi, dont le récit par ses acteurs (Jean Fourastié, auteur de l’expression « Trente Glorieuses », était en 1945 un influent expert du Commissariat au Plan) est devenu vérité officielle. « En examinant les manuels parus en France ces quinze dernières années (…), on est frappé d’y retrouver de façon aussi prégnante la vision du monde forgée par les technocrates modernisateurs d’après-guerre », soulignent les trois historiens qui ont dirigé ce passionnant ouvrage.

Orgie de carbone

Rien par contre sur le bilan écologique et sanitaire des « Trente Ravageuses », période de « grande accélération » de l’Anthropocène, la modification de l’équilibre terrestre par l’humanité. L’Hexagone multiplie alors par 20 sa consommation de pétrole et de gaz, et par trois ses émissions de CO2. La production industrielle quadruple, mais « la France est presque deux fois moins efficace à convertir en revenu la matière à la fin des “ Trente Glorieuses ” qu’au début ». Le « nouveau contenu chimique et énergétique » de la croissance (le trafic ferroviaire baisse au profit de l’automobile, le ciment-amiante triomphe…) « va laisser une empreinte majeure » : 250 000 morts sur les routes entre 1945 et 1973, 100 000 décès liés à l’amiante estimés entre 1996 et 2025, de nouvelles maladies causées par les molécules de synthèse (déchets plastiques, engrais, pesticides…). La pollution est vue comme un « mal nécessaire », que la technologie résorbera bien.

Grandes voix ignorées

Est-ce à dire que les contemporains ont fermé les yeux ? Ce livre montre que la « complainte du progrès » n’est, en fait, pas l’apanage de Boris Vian. Dès l’après-guerre, des scientifiques, comme Théodore Monod, alertent l’opinion sur le désastre écologique. Jacques Ellul, Cornelius Castoriadis ou Albert Camus renvoient dos à dos capitalisme et communisme, tout autant fondés sur la bureaucratie et la « mégamachine technologique » ; Hannah Arendt critique l’« économie de gaspillage », les situationnistes, l’urbanisme des grands ensembles. Des citoyens font émerger des problèmes (la pollution des rivières par les pêcheurs du dimanche), font avorter des projets (largage de déchets nucléaires en Méditerranée). Mais quand elles ne se heurtent pas à la politique du fait accompli (le programme électronucléaire), ces contestations sont ignorées ou décrédibilisées. A l’heure où l’écologie ne semble plus prioritaire, cette Autre histoire rappelle fort à propos combien la mémoire peut être sélective. —

Faites réagir vos proches, diffusez l'info !
Vous aimez Terra eco ? Abonnez-vous à la Newsletter
2 commentaires
TOUS LES COMMENTAIRES
COMMENTAIRES SÉLECTIONNÉS
RÉPONSES DE LA RÉDACTION
Trier par : Plus récents | Plus anciens
Affichage : Voir tout | Réduire les discussions
PUBLIER UN COMMENTAIRE

Un message, un commentaire ?

  • Se connecter
  • Créer un compte

publicité
1
publicité
2
    Terra eco
    Terra eco
publicité
3
SPIP | squelette | | Plan du site | Suivre la vie du site RSS 2.0
publicité
bas