Idées vertes (et pas mûres) |
Par Karine Le Loët |
30-10-2012
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Le slow toy ou comment mettre mon enfant en sourdine |
Mon enfant a dix mois. Mon enfant est bruyant. Il aime taper avec sa cuillère sur la tablette de sa chaise haute. Et sur le radiateur en même temps. Et s’il reste encore un millimètre d’espace sonore, il vocalise par dessus. Mon enfant a dix mois. Et n’a PAS besoin d’un jouet à 60 touches qui tutute, dringdringue, tchouchoute ou « fais dodote ». Ça tombe bien. Mon enfant est sur le point d’adhérer de force au mouvement du « Slow toy ». Celui-là plonge ses racines - sans blague ? - au coeur du « Slow movement » : slow food, slow towns, slow sex… et tutti piano. Il est né en 2011 pour « alerter [les adultes] sur la présence croissante de jouets en plastique alimentés par des piles qui distraient les enfants grâce à des fonctions innombrables », souligne le site internet.
Mais on ne peut pas obliger un bambin en pleine croissance exponentielle, les mirettes tournées vers l’inconnu, à ralentir le mouvement. Non, le slow est, de fait, plutôt adressé aux parents à qui on propose tout bêtement de remonter le temps. Retour aux jouets en bois, aux poupées de tissu qui « encouragent la créativité et l’imagination ». Et le mouvement d’applaudir des deux mains une maison de poupées éco-conçue (oui le « slow toy movement » se veut aussi responsable), des puzzles en bois ou un étrange totem élu au détour du concours du meilleur Slow toy 2012.
On ne dira pas que ce n’est pas un peu (beaucoup ?) du marketing. On ne dira pas non plus que c’est franchement révolutionnaire. Mais mettre un nom sur un concept, transformer une allergie en combat et se revendiquer d’une chapelle, fait parfois un peu de bien. Mon enfant n’aura pas de piano karaoké qui clignote. Il n’est pas maltraité. Il est slowtoyien. Et ses parents n’y peuvent rien.
Rédactrice en chef à « Terra eco ». |
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