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Le second souffle des éléphants volants

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Le second souffle des éléphants volants
(Crédit photo : Gilles Rolle - Rea)
 
A Tarbes, les avions hors d’usage ont trouvé un cimetière new look. Le site Tarmac Aerosave les dépollue, les découpe et surtout recycle leurs matériaux. Reportage sur un lieu unique au monde.
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Mais où se cachent donc les avions pour mourir ? D’une durée de vie plutôt limitée (maximum trente ans), ces monstres d’aluminium sont souvent abandonnés sur les aéroports ou stockés dans des déserts. Les plus malheureux connaissent une fin de vie encore plus tragique et se font éparpiller façon puzzle à coups de pelle mécanique. Mais à Tarbes (Hautes-Pyrénées), des esprits malins ont flairé le potentiel vert. Car outre qu’elles risquent de polluer les sols, ces méthodes traditionnelles gaspillent de précieux matériaux qui décrocheraient pourtant haut la main leur brevet de recyclage. Unissant leurs expertises, Airbus, Sita France, Tasc, Aeroconseil, Snecma et Equip’aero industries ont donc donné naissance, en juillet 2007, au site Tarmac Aerosave (Tarbes Advanced Recycling & Maintenance Aircraft Company).

Cette structure entièrement dédiée au démantèlement d’aéronefs en fin de vie est unique au monde. Auparavant en Europe, seuls quelques sites déconstruisaient les avions sans considération particulière pour l’environnement et avec un taux de valorisation limité : 60 % du total de la masse de l’avion. A l’échelle de la planète, le potentiel est gigantesque pour Tarmac Aerosave et sa trentaine d’employés : 6 400 avions civils arriveront en fin de vie au cours des vingt prochaines années, soit 300 à traiter chaque année. Si jusqu’à aujourd’hui, 8 aéronefs seulement – qui appartenaient notamment à des compagnies slovaques ou du Bahreïn, comme Gulf Air – ont été démantelés sur le site, l’objectif de Tarmac Aerosave est de passer à une trentaine d’engins par an à moyen terme. En attendant, visite de ce garage de la seconde vie.

Première étape de la réincarnation : le nettoyage à sec. « Dès l’arrivée de l’avion, explique Philippe Fournadet, directeur du site, on l’assainit. » Comprenez : les réservoirs de carburant sont vidangés des restes de kérosène, puis dégazés. Tous les fluides (huiles moteur, hydrauliques, eaux usées…) sont récupérés et dirigés vers des filières de traitement spécifiques. Même sort pour tous les éléments répertoriés dangereux, comme les extincteurs ou les néons. L’avion ne peut alors plus voler, mais il garde toute sa valeur. Deuxième étape : le désossage ou « dépose d’équipements » dans le jargon. « On retire tout ce qui pourra ensuite être recommercialisé », précise Philippe Fournadet. Moteurs, trains d’atterrissages, équipements hydrauliques, conditionnement d’air et commandes de vol, pourront rééquiper d’autres avions. Dans un Airbus A310, plus de 1 500 pièces connaîtront ce sort. « Dès cette étape, l’avion perd son certificat de navigabilité. C’est alors un déchet complexe : la carcasse devient notre propriété », poursuit Philippe Fournadet.

Canettes et jardins d’enfants

Maintenant, la déconstruction de l’avion à proprement parler va démarrer. Objectif ? Séparer les matériaux recyclables et à forte valeur de ceux qui ne le sont pas. En ligne de mire pour une réutilisation dans la production aéronautique : l’aluminium évidemment, mais aussi le titane et d’autres métaux plus rares, comme le cuivre. L’avion perd ses ailes. Il est prédécoupé en plusieurs tronçons. Sur le site, pas moins de 4 000 m2 sont nécessaires pour effectuer le tri des matières. Celles sans potentiel de valorisation filent alors vers des filières d’élimination adaptées, étiquetées ICPE (1).

Si certains équipements sont réutilisés tels quels, d’autres subissent des transformations radicales : le fuselage en alu termine sa course en encadrements de portes et de fenêtres ou en pièces auto. Le revêtement aluminium intérieur se mue souvent en canettes de soda. Les hublots fondent leurs fibres dans des pulls en laine polaire. Et les pneus amortissent les chutes sur le sol des jardins d’enfants… Un jour peut-être, le rêve de Philippe Fournadet deviendra réalité et son site parviendra « à valoriser 95 % de la masse d’un aéronef grâce à l’identification des matériaux en amont ». Il n’y aura alors plus que de la poussière dans le cimetière. —

(1) Installation classée pour la protection de l’environnement.


SOUS LA CARLINGUE DE TARMAC AEROSAVE

Airbus l’un des géants mondiaux de la construction aéronautique.

Sita France le leader européen de la gestion globale des déchets.

Tasc aviation une filiale d’Airbus spécialisée dans la gestion de pièces et d’équipements d’avion.

Snecma une société dédiée à la propulsion aérospatiale, à la maintenance et à la réparation de moteurs d’avions civils et militaires.

Equip’aero un spécialiste de la conception, de la construction et de la maintenance d’équipements aéronautiques.

Aeroconseil une société experte en ingénierie et en services aéronautiques.

Sources de cet article

- Le site de Tarmac Aerosave

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