publicité
haut
Accueil du site > Actu > Société > Le réveil écolo de Ploiesti (Roumanie)
18-04-2009
Mots clés
Reportage

Le réveil écolo de Ploiesti (Roumanie)

Taille texte
{#TITRE,#URL_ARTICLE,#INTRODUCTION}
Le réveil écolo de Ploiesti (Roumanie)
 
Ploiesti, une ville roumaine de 250 000 habitants à 50 km au nord de Bucarest, n’a assurément rien de touristique. La ville s’est développée autour de l’industrie du pétrole, ou plutôt l’inverse : puits de pétrole et raffineries encerclent la ville de toutes parts. Les maisons aux façades sculptées construites à l’âge d’or rappellent que la région a été aussi riche que la Suisse. Quelle est la place de l'écologie dans cette ville qui se relève tout juste de la période communiste ?
SUR LE MÊME SUJET

CARNET DE ROUTE

Certaines zones industrielles sont maintenant abandonnées, laissant des friches parcourues par les Tziganes à la recherchent de métal à revendre. Les raffineries en fonctionnement ont obtenu une dérogation jusqu’en 2012 pour se mettre aux normes européennes. Résultat : un air irrespirable un jour sur deux lors de mon séjour. Une odeur de souffre et une poussière noire envahie la ville jusqu’à l’intérieur des appartements.

JPEG - 227.8 ko
Horizon à Ploiesti
Les raffineries constituent l’horizon de la ville de Ploiesti

L’or noir pollue également le sol. La zone Sud de la ville repose sur une couche de pétrole enfouie à 1m de profondeur. Une partie provient des bombardements américains de 1943 qui visaient les raffineries, le reste provient des stocks déversés par les Allemands pour éviter que le pétrole ne tombe aux mains des alliés.

Difficile transition vers la société de consommation

Même si la Roumanie reste un pays pauvre par rapport à l’Europe de l’Ouest, les salaires sont en hausse. Mon hôte français travaille depuis 5 ans dans le pays, le salaire moyen était alors de 150 euros par mois, il atteint actuellement les 350 euros. Débarrassé de la dictature de Ceausescu et du collectivisme, les Roumains sont passés à individualisme tape à l’œil. En quelques années, les vielles Dacia ont fait places aux grosses voitures étrangères pour lesquelles des familles s’endettent sur des dizaines d’années.

JPEG - 274.1 ko
tas d’ordures
Le coin déchets en bas de mon immeuble

Les déchets sont collectés par une entreprise française en délégation de service public. Le service fait ce qu’il peut face à l’indiscipline des habitants qui n’hésitent pas à jeter leurs déchets n’importe où. Mon immeuble a été construit à l’époque communiste pour héberger les membres de la Securitate, la terrible police politique, et bon nombre de familles de policiers de la zone. Le bâtiment est prévu pour environs 600 habitants. Une ouverture par étage permet à chacun de se débarrasser des ordures qui atterrissent dans un local sans poubelle dont la porte reste ouverte. Les Tziganes viennent effectuer leur activité traditionnelle de récupération des matériaux recyclables (métaux et bouteilles en PET), et aussi les restes de nourritures qui peuvent nourrir leurs cochons. On constate hélas que des personnes très pauvres et même sans domicile viennent régulièrement y trouver de quoi se nourrir ou de quoi revendre. Les chiens viennent fouiller les restes à la recherche de nourriture.

Tout n’est pas noir pour autant !

JPEG - 231.1 ko
Zapodia
Avec Lucian et Sabina, les vice-présidents de l’association ZAPODIA devant l’hopital

Les initiatives pour préserver l’environnement existent même si elles sont difficiles à mettre en place. J’ai rencontré Sabina et Lucian, les vice-présidents de la jeune association Zapodia. Ils développent la sensibilisation auprès des jeunes et moins jeunes pour préserver le cadre de vie. Leur histoire débute il y a trois ans au lycée. Une bande de copains décident qu’il n’est pas possible de rester les bras croisés face à la pollution et qu’ils ne doivent pas tout attendre de la municipalité ou du gouvernement. Les premières actions se répandent d’un lycée à l’autre, puis aux collèges. Le groupe grandit à une vingtaine de membres actifs et sort des murs des établissements scolaires.

La première action du groupe sera de nettoyer les abords de l’hôpital départemental. Situé à la limite de la ville, le terrain vague qui jouxte le bâtiment accueille toutes sortes de déchets : plastique, textile, métal, gravats… Des semaines d’actions sont également organisées, par exemple à Brasov, une station de ski réputée. Des messages incitant à ne pas jeter les déchets dans la nature sont placardés le long des pistes.

Peu à peu, des partenariats se créent. Des séances de deux cours d’éducation à l’environnement ont eu lieu l’an dernier et un concours a été organisé entre les écoles de Ploiesti. C’était une première pour les enfants qui pouvaient réagir sur un blog créé pour l’occasion. Zapodia a également fait un sondage dans la rue pour demander aux concitoyens ce qu’ils connaissaient des actions de leur mairie dans les domaines de l’eau et des déchets par exemple.

Méfiance envers les campagnes de sensibilisation

JPEG - 146.4 ko
Tziganes
Les tziganes représentent environ 10% de la population roumaine

Les freins à de telles initiatives sont cependant nombreux. A commencer par l’héritage communiste. La dictature réclamait un quotta de verre et de papier à rapporter pour chaque habitant. Le mot recyclage n’existait par, il s’agissait de réutiliser les ressources disponibles dans un pays fonctionnant en partie en autarcie. Les ressources étaient utilisées pour des projets pharaoniques, comme le creusement d’un canal reliant le Danube à la mer noire.

La population était rationnée pour les produits alimentaires comme le pain, le sucre, l’huile, la viande etc. Le gouvernement menait des campagnes incitant à économiser l’eau ou le gaz, des ressources disponibles seulement quelques heures par jours. Cette époque, pas si lointaine, a laissé des traces dans la mentalité roumaine. Les campagnes actuelles de protection de l’environnement ont un but différent, mais le message reste à peu près le même et il est difficile de le faire passer.

A Ploiesti, comme dans le reste de la Roumanie, la problématique du développement est posée dans toute sa complexité . Notre société occidentale fonctionne comme un miroir aux alouettes. La prospérité de l’Ouest est déversée à l’Est par les médias. Notre modèle polluant de société de consommation tend donc à être répliqué, avec les mêmes erreurs. Mais avec des initiatives comme celle de Zapodia, on oeut espérer que les Roumains se réveilleront plus tôt que nous et qu’ils arriveront à développer leur bien être sans l’accompagner du pillage et de la destruction des ressources naturelles de leur pays.

Sources de cet article

Sources : mon passage à Ploiesti et mes discussions avec les habitants et l’association ZAPODIA durant mon deuxième voyage sur mon site Avenir climat

Faites réagir vos proches, diffusez l'info !
Vous aimez Terra eco ? Abonnez-vous à la Newsletter

Après des études de géographie, je travaille 5 ans pour la communauté de communes de l’autunois sur le premier Agenda 21 de Bourgogne, un programme d’actions pour le développement durable. Je décide d’arrêter ce travail pour me lancer dans un voyage au long court et fêter mon 30ème anniversaire sur la route. Le thème de ce voyage sera le changement climatique : le principal enjeu écologique et social actuel. Le voyage "Avenir climat" a lieu en Europe et en Asie, sans utiliser l’avion pour rester le plus possible en contact avec les régions traversées et éviter de rejeter des gaz à effet de serre.

TOUS LES COMMENTAIRES
COMMENTAIRES SÉLECTIONNÉS
RÉPONSES DE LA RÉDACTION
Trier par : Plus récents | Plus anciens
Affichage : Voir tout | Réduire les discussions
Soyez le premier à réagir à cet article !
PUBLIER UN COMMENTAIRE

Forum sur abonnement

Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d'indiquer ci-dessous l'identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n'êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.

[Connexion] [s'inscrire] [mot de passe oublié ?]

  • Se connecter
  • Créer un compte

publicité
1
publicité
2
    Terra eco
    Terra eco
publicité
3
SPIP | squelette | | Plan du site | Suivre la vie du site RSS 2.0
publicité
bas