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Le nucléaire de demain ? Peut-être sous-marin...

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Le nucléaire de demain ? Peut-être sous-marin...
(Photo : une "ferme" de Flexblue. Crédit : DCNS)
 
La catastrophe de Fukushima signe-t-elle la fin du nucléaire ou va-t-elle accélérer le développement de centrales d'un nouveau type ? Zoom sur le prototype de réacteur sous-marin offshore du français DCNS qui vise une commercialisation dès 2016.
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Au Japon, les réacteurs de la centrale Fukushima Daiichi s’embrasent et le pire menace. Ailleurs, le monde ausculte ses centrales et s’interroge : faudra-t-il revoir les normes de sécurité, remiser les centrales nucléaire au placard, en inventer de nouvelles ? En tout cas le secteur n’a pas dit son dernier mot.

L’industriel français DCNS, dont l’Etat est le principal actionnaire, planche depuis deux ans sur son nouveau bébé. Avec ses 100 mètres de long sur 12 mètres de large, il est destiné à être immergé par 100 mètres de fond. L’épave d’un vieux porte-avion ? Non, mais peut-être la centrale nucléaire du futur. Son nom : Flexblue. Installée sous les eaux, de petite capacité de production, elle peut être adoptée par tous les pays possédant une façade maritime. Son concepteur, l’entreprise française DCNS - qui compte déjà à son actif quelques sous-marins et le porte-avion à propulsion nucléaire Charles De Gaulle - veut croire que Flexbue sera « une réponse innovante aux défis énergétiques mondiaux » et loue ses garanties de sûreté, son énergie compétitive et sa faible empreinte environnementale. Petit tour du projet en quatre questions.

A quoi pourrait ressembler Flexblue ?

Si elle voit le jour, l’unité de cette centrale sera composée d’un cylindre, long de 100 mètres, large de 12 à 15 mètres et pesant quelque 12 tonnes. Dans celui-ci, une chaudière nucléaire produira de la vapeur et fera ainsi tourner un groupe turbo-alternateur, lié à une usine électrique. Pour acheminer l’électricité produite, des câbles relieront cette unité à la côte. A priori, rien de vraiment nouveau, si ce n’est que le type de combustible envisagé n’a pas été précisé (uranium enrichi ou Mox, mélange d’oxydes d’uranium et d’oxydes de plutonium ?). On sait cependant que la durée de vie des éléments combustibles utilisés devra être plus longue qu’actuellement, afin de limiter la fréquence de rechargement du cœur, opération délicate à réaliser en milieu marin.

Le type de réacteur pressenti n’a pas non plus été indiqué (à eau pressurisée, à eau bouillante,...). Seule indication : la technologie utilisée sera « dérivée de celle des sous-marins à propulsion nucléaire ». Le concepteur précise également que Flexblue sera conforme aux normes de sécurité exigées pour les centrales nucléaires terrestres de troisième génération (type EPR). Le cœur du réacteur, qui renferme le combustible, sera ainsi protégé par trois barrières : celle de la gaine du combustible, le circuit primaire, et la coque, rendant impossible le contact entre les éléments nucléaires et le milieu marin. Tout du moins tant que ce système de confinement n’est pas endommagé, par exemple par un séisme, et reste parfaitement étanche...

Des unités plus petites : un avantage ?

Une unité ne produirait que 50 à 250 MW (à titre de comparaison, les 4 réacteurs du site du Tricastin, dans la vallée du Rhône, produisent 900 MW chacun). L’avantage ? « La taille de ces unités serait adaptée à de petits projets de nucléaire civil, qui pourraient séduire les pays qui n’ont ni les moyens, ni les infrastructures, en terme d’acheminement de l’électricité par exemple, d’acheter les mastodontes type EPR », explique Bernd Grambow, chercheur CNRS au laboratoire de physique subatomique et des technologies associées de Nantes. D’après DCNS, il existe ainsi un marché pour ces petites unités de production d’énergie nucléaire de petite puissance. 200 pourraient être commandées d’ici vingt ans.

L’autre intérêt de cette « petitesse » : ces unités sont transportables, pouvant ainsi être installées facilement dans les zones nécessitant une production électrique (une unité Flexblue alimenterait 100 000 à 1 000 000 d’habitants), et notamment sur les zones côtières, où vivent deux tiers de la population mondiale. DCNS vante aussi la « modularité » de son projet. Les besoins augmentent dans une zone ? De nouvelles unités peuvent être ajoutées au site. Dans cette optique, l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) encourage d’ailleurs le développement des centrales nucléaires transportables. Les Russes, eux, misent pas exemple sur un concept de centrale flottante.

Après Fukushima : un dispositif plus sûr ?

Les unités Flexblue seraient plongées entre 60 et 100 mètres de fond, à quelques kilomètres des côtes. « Au vu de ce que nous voyons se passer actuellement au Japon avec la centrale de Fukushima, un intérêt apparaît clairement : non seulement l’eau de mer environnante pourrait servir au refroidissement des réacteurs en temps normal, mais la présence de cette ressource en quantité illimitée pourrait aussi être rassurante en cas de rupture de fonctionnement du système de refroidissement », explique le spécialiste du CNRS. « On peut aussi penser qu’en cas d’accident, la présence d’eau environnante constituerait une barrière supplémentaire mettant à distance les pollutions radioactives de la surface terrestre, et donc des hommes. » Mais pas pour le milieu aquatique... Eaux et courants marins pourraient ainsi disperser rapidement une éventuelle contamination. Certains militants écologiques craignent aussi que le brutal réchauffement des eaux en cas de fuite radioactive. Autant de risques qui mettraient en péril les écosystèmes marins locaux.

Quid des arguments liés à la sécurisation des unités sous l’eau ? S’ils semblent effectivement qu’elles seraient moins vulnérables à des risques de sabotage, de terrorisme ou de crash d’avion, il n’en est pas de même vis-à-vis du risque sismique. « Les épicentres peuvent être situés sous le plancher océanique et des ondes sismiques de grande ampleur peuvent se propager dans le milieu et le sol marin », fait remarquer le physicien. Les dégâts pourraient malgré tout être limités par rapport à une centrale terrestre, dont les fondements sont directement en prise avec le sol, alors que les unités sous-marines seront simplement « posées » et « ancrées » sur le fond marin. Si ce projet réduit certains des risques nucléaires, il ne les écarte donc pas tous, loin de là.

Et en cas d’accident, que fera-t-on ?

C’est un autre point d’inquiétude. Une fois acheminées sur place par des navires spéciaux, comme ceux aidant au déploiement des plateformes offshore, puis immergées, les unités de production seront majoritairement télé-opérées depuis un centre de contrôle à terre. Un poste de commandement sera néanmoins installé dans chaque unité, permettant à une équipe à bord de piloter des phases cruciales, telles que le démarrage et la maintenance. C’est un mini sous-marin de transport qui permettra de faire les allers-retours entre la terre ferme et les unités. Mais en cas d’accident ? « Les potentiels d’intervention en urgence dans ce milieu difficile d’accès me semble compliquées », avance le spécialiste.

Développé depuis deux ans par DCNS, le concept vient d’être associé à AREVA, EDF et le CEA. Le but ? Valider les aspects techniques, industriels et économique avant un éventuel prototype, qui pourrait voir le jour dès 2016. « Avec nos partenaires, nous avons maintenant deux années d’études durant lesquelles nous tirerons évidement les conséquences du drame japonais », assure-t-on chez DNCS.

- Le projet Flexbue en vidéo :

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Une enfance en pleine nature jurassienne, des études de biologie et de géologie, l’envie de transmettre cette passion pour le monde vivant, et le monde tout court, et un goût sans limite pour les nouvelles contrées. Alice est journaliste scientifique.

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