publicité
haut
Accueil du site > Actu > Nature > Le géant de l’huile de palme range ses tronçonneuses
Article Abonné

Le géant de l’huile de palme range ses tronçonneuses

Taille texte
{#TITRE,#URL_ARTICLE,#INTRODUCTION}
Le géant de l'huile de palme range ses tronçonneuses
(Crédit : DR)
 
Epinglée par Greenpeace, la multinationale Golden Agri-Resources promet qu'elle ne sortira plus la tronçonneuse pour installer ses nouvelles plantations de palmiers à huile.
Le Baromètre de cet article
ÉCOLOGIE SOCIÉTÉ ÉCONOMIE
SUR LE MÊME SUJET

Miracle ! Les hectares de forêts primaires rasées pour y planter des palmiers à huile sont peut-être de l’histoire ancienne. Le géant indonésien du secteur - Golden Agri-Resources Limited (GAR) - vient en tout cas de faire un pas dans ce sens en signant mercredi 9 février un accord avec l’ONG suisse The Forest Trust (TFT) pour préserver les forêts riches en carbone et les tourbières de ce pays d’Asie du Sud-Est, leader de la production d’huile de palme.

Que Golden Agri-Resources s’engage, forcément, ça fait parler. Avec 1,7 milliard d’euros de chiffre d’affaires, cette société est la deuxième plus grande compagnie mondiale productrice d’huile de palme, et la première en Indonésie. Mais surtout, GAR est la holding de Sinar Mas, un conglomérat indonésien actif dans le secteur de l’huile de palme et de la pâte à papier, épinglé en 2009 par Greenpeace. Les accusations ? Déforestation sans permis, sans évaluation des impacts environnementaux ou dans des zones de tourbières profondes. Autant d’activités illégales au regard de la loi indonésienne. Très influents, ses dirigeants, eux, n’ont jamais été inquiétés. « Si nous étions impliqués dans des activités de déforestation, nous serions déjà derrière les verrous », s’était permis de répliquer Gandi Sulistiyanto, directeur général de Sinar Mas.

Inébranlable, Sinar Mas ? Pas tout à fait. Quand, en 2010, Nestlé décide de « nettoyer » sa liste de fournisseurs, la multinationale se retrouve dans l’œil du cyclone. Nestlé constitue l’un des principaux clients de sa holding GAR et risque de partir dans la nature. « La déforestation est un problème ancré au cœur de la chaîne d’approvisionnement : les acheteurs demandent de l’huile de palme, mais ne précisent pas quelle « qualité environnementale » ils souhaitent. Aussi quand Nestlé a annoncé qu’elle ne voulait plus que de l’huile sans lien avec la déforestation, ça a été un message fort. Cela a poussé les leaders du marché à regarder à leurs opérations sur le terrain pour voir comment il pouvait innover », explique Scott Poynton, directeur exécutif de TFT. D’où le rapprochement avec l’ONG suisse afin de mettre en place une nouvelle politique de production.

Une certification existe déjà en matière d’huile de palme, délivrée par la Table ronde sur l’huile de palme (RSPO), une structure regroupant producteurs, ONG et distributeurs. Mais la nouvelle « Politique de Conservation des Forêts », adoptée entre GAR et TFT, va plus loin. « Elle implique notamment que ce ne sont pas seulement les forêts à haute valeur de conservation qui ne devront plus être coupées pour planter des palmiers à huile, elle permet aussi de protéger intégralement les forêts à haute teneur en carbone et les tourbières », commente Jérôme Frignet, chargé des Campagnes Forêts pour Greenpeace France. Concrètement, alors que les industriels bataillent habituellement sur la définition d’une « forêt », demandant à pouvoir couper et planter sur n’importe quelle zone dégradée, même très légèrement, GAR s’est engagé à installer ses nouvelles plantations sur des zones stockant moins de 35 tonnes de carbone à l’hectare. « C’est un seuil très bas, confirme le spécialiste de Greenpeace. Toutes les forêts denses indonésiennes seraient protégées ».

Les observateurs espèrent bien que l’expérience de GAR pourra faire tâche d’huile sur ses concurrents. En réussissant par exemple à imposer ce seuil de 35 t/ha dans les standards du RSPO, ou en faisant pencher la balance vers des dispositions plus contraignantes dans le moratoire sur le déboisement, actuellement débattu en Indonésie. « Nous développons un modèle pour préserver les forêts, qui, nous l’espérons, sera ensuite développé au sein l’industrie de l’huile de palme », affirme Peter Heng, directeur général de la communication et de la durabilité chez GAR.

Et c’est peu dire qu’il y a urgence. Depuis les années 80, le total des terres destinées à la production d’huile de palme a plus que triplé, atteignant 14 millions d’hectares en 2007. L’Indonésie, comme d’autres pays d’Asie du Sud-Est, en paie les frais : des pans entiers de forêts primaires et de tourbières ont été convertis, entraînant de conséquences désastreuses en terme de biodiversité et de ressources pour les communautés locales, mais aussi sur le changement climatique. Avec ce nouvel accord, c’est donc peut-être le « dilemme de l’huile de palme » qui pourrait être résolu : continuer à jouer un rôle essentiel dans le développement économique de l’Indonésie, un des plus pauvres pays au monde, tout en préservant durablement l’environnement. Reste à mettre en application la feuille de route brandie ce matin par le leader asiatique.

Lire aussi :
- A quand des cookies et des chips durables ?

Faites réagir vos proches, diffusez l'info !
Vous aimez Terra eco ? Abonnez-vous à la Newsletter

Une enfance en pleine nature jurassienne, des études de biologie et de géologie, l’envie de transmettre cette passion pour le monde vivant, et le monde tout court, et un goût sans limite pour les nouvelles contrées. Alice est journaliste scientifique.

TOUS LES COMMENTAIRES
COMMENTAIRES SÉLECTIONNÉS
RÉPONSES DE LA RÉDACTION
Trier par : Plus récents | Plus anciens
Affichage : Voir tout | Réduire les discussions
Soyez le premier à réagir à cet article !
PUBLIER UN COMMENTAIRE

Un message, un commentaire ?

  • Se connecter
  • Créer un compte

publicité
1
publicité
2
    Terra eco
    Terra eco
publicité
3
SPIP | squelette | | Plan du site | Suivre la vie du site RSS 2.0
publicité
bas