publicité
haut
Accueil du site > Actu > Société > Le bio se pointe dans les townships
Article Abonné
20-10-2010
Mots clés
Agriculture
Afrique
Ils Changent Le Monde

Le bio se pointe dans les townships

Taille texte
{#TITRE,#URL_ARTICLE,#INTRODUCTION}
Le bio se pointe dans les townships
(Crédit photo : David Goldblatt - South - Rea)
 
Des fruits et légumes frais et gratuits. Voilà un luxe que des milliers d’habitants des bidonvilles du Cap, en Afrique du Sud, peuvent s’offrir grâce à l’ONG Abalimi. Balade dans des potagers bio et prospères.
Le Baromètre de cet article
ÉCOLOGIE SOCIÉTÉ ÉCONOMIE
SUR LE MÊME SUJET

Au pied d’un pylône électrique, au milieu de baraques de tôle grise, deux vieilles dames inspectent les carottes qu’elles ont semées. Philipina Ndamane sourit, satisfaite : « Nous avons bien travaillé ». A 74 ans, cette habitante du township de Gugulethu, près du Cap, devrait jouir de sa retraite. Mais suite au décès de quatre de ses enfants, emportés par le sida, elle se retrouve aujourd’hui avec sept petits-enfants à charge. Et sa maigre pension ne suffit pas à les nourrir. Il y a dix ans, avec trois autres grands-mères et l’aide de l’ONG Abalimi – « Les planteurs » en langue xhosa –, elle a transformé un terrain vague en potager. Ce jardin, elles l’ont baptisé Masicendani, « Nous essayons ».

« Avant, nous allions souvent dormir le ventre vide. Aujourd’hui, il y a toujours de quoi manger sur la table », raconte Philipina. Tous les jours, elle rapporte des légumes pour ses petits-enfants, mais aussi pour deux voisines séropositives. « C’est important pour elles d’avoir des vitamines », précise la vieille dame. Encore faut-il pouvoir se les offrir : trop chers, les produits frais sont inaccessibles pour la plupart des habitants des bidonvilles d’Afrique du Sud.

L’aventure de la binette

« Un jardin, même tout petit, peut apporter une solution au problème de malnutrition », assure Rob Small, le fondateur d’Abalimi. A chaque personne qui désire se lancer dans l’aventure de la binette, l’ONG fournit les premières graines, du compost et une formation. L’association aide aussi à trouver un terrain : qu’il soit la propriété d’une école, d’une municipalité, d’une clinique… Le ministère de l’Agriculture, lui, se charge de creuser des puits. En vingt-sept ans d’existence, Abalimi a été sollicitée pour mettre en place une centaine de jardins communautaires et plus de 3 000 potagers privés. Au départ pourtant, personne n’y croyait. « On me disait que planter dans un sol aussi sec que celui du Cap ne donnerait rien. Surtout en voulant faire du biologique », se souvient Rob Small.

Pour cet écologiste convaincu, produire bio est avant tout un choix éthique, mais à l’époque, c’était aussi une solution pratique : « Dans les townships, les gens sont souvent analphabètes et ne savent pas lire les modes d’emploi des pesticides et des engrais chimiques. Avec l’agriculture bio, il suffit de planter, de faire du compost, et les légumes poussent. Et c’est bien meilleur pour la santé ! »

Grands-mères pionnières

Pour un nombre croissant de cultivateurs des townships, les potagers représentent aussi une source de revenus complémentaires. « Les récoltes sont meilleures que les premières années, se félicite Shaba Esitang, 80 ans. Aujourd’hui, nous pouvons vendre une partie des légumes au marché. » Un négoce qui peut rapporter entre 200 et 1000 rands (entre 21 et 107 euros) par mois. Une somme importante dans un pays où le salaire minimum moyen ne dépasse pas les 2 700 rands (285 euros) et où une personne sur deux vit sous le seuil de pauvreté. « Traditionnellement, le fait de cultiver la terre est une affaire de femmes. Et les grands-mères sont les premières à avoir cru en notre projet, précise encore Rob Small. Mais depuis quelques temps, voyant que cela rapporte de l’argent, certains hommes s’y mettent aussi. »

La ruée des riches clients

Les jardiniers ont, en outre, trouvé un nouveau débouché pour leurs légumes. Le surplus de la récolte est écoulé dans les quartiers aisés du Cap, friands du système de paniers bio. Celui-ci compte déjà près de 200 abonnés : les paniers sont vendus 65 rands (7 euros) en petite version et 95 rands (10 euros) en grande. Les bénéfices sont ensuite reversés, mensuellement, à parts égales entre l’association (pour ses frais de fonctionnement, ses équipements, etc.) et tous les producteurs. Pour Christina Kaba, la directrice d’Abalimi, ce nouveau projet appelé « Harvest of Hope » (« La récolte de l’espoir ») est un nouveau pas en avant : « Ces jardins sont devenus de véritables diamants pour le township. D’un côté, les gens ont à manger et de l’autre, ils peuvent gagner de l’argent. Tout ça, simplement en faisant pousser des légumes ! », s’enthousiasme-t-elle.

S’ils sont produits selon des méthodes biologiques, les légumes d’Abalimi ne bénéficient cependant d’aucun label. « Ce serait trop compliqué, justifie Rob Small. Il y aurait énormément de paperasseries à remplir et le bénéfice ne serait pas énorme au final. Nos clients nous connaissent et nous font confiance. Ils savent que nous sommes très stricts à ce niveau-là : si des gens utilisent des pesticides, ils sont exclus de l’association pour au moins un an. »

Forte de son succès, Abalimi ne compte pas s’arrêter là : en 2009, elle a créé un fonds, « The Farm and Garden National Trust », qui ambitionne de diffuser le concept dans l’ensemble de l’Afrique du Sud. Avant, peut-être, de faire germer des graines bio sur tout le continent africain. —

Sources de cet article
Faites réagir vos proches, diffusez l'info !
Vous aimez Terra eco ? Abonnez-vous à la Newsletter
Par
TOUS LES COMMENTAIRES
COMMENTAIRES SÉLECTIONNÉS
RÉPONSES DE LA RÉDACTION
Trier par : Plus récents | Plus anciens
Affichage : Voir tout | Réduire les discussions
Soyez le premier à réagir à cet article !
PUBLIER UN COMMENTAIRE

Un message, un commentaire ?

  • Se connecter
  • Créer un compte

publicité
1
publicité
2
    Terra eco
    Terra eco
publicité
3
SPIP | squelette | | Plan du site | Suivre la vie du site RSS 2.0
publicité
bas