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9-02-2011
Mots clés
Transports
Automobile
Climat
Monde

Le bilan carbone... d’un accident de voiture

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Le bilan carbone... d'un accident de voiture
(Crédit photo : Deardivebuddy/Wikimedia)
 
Une voiture ça pollue quand ça roule. Mais quand ça finit dans le fossé aussi. Mike Berners-Lee nous livre ses calculs, non sans humour (noir, forcément).
Le Baromètre de cet article
ÉCOLOGIE SOCIÉTÉ ÉCONOMIE
SUR LE MÊME SUJET

- Zéro CO2eq (1) : une petite bosse que l’on ne va pas réparer
- 7 tonnes de CO2eq : une voiture bonne pour la casse après un accident sur une route déserte
- 50 tonnes de CO2eq : un accident sur une route très fréquentée dans lequel deux voitures finissent à la casse

Dans mon scénario intermédiaire, vous « bousillez » une voiture d’une valeur de 12 000 euros (2) sur une route déserte sans occasionner de dommages physiques ou matériels à d’autres automobilistes. Sachant que lors de la fabrication d’une voiture, chaque euro de valeur créée entraîne grosso modo l’émission de 600 grammes de CO2eq (3).

Dans le scénario le plus coûteux, l’accident envoie à la casse deux voitures, d’une valeur de 18 000 euros chacune et entraîne un embouteillage long de plusieurs kilomètres sur une autoroute à trois voies et ce, pendant deux heures. Si l’embouteillage est tel que les quelques 6 000 voitures impliquées ne cessent de démarrer et de s’arrêter, les automobilistes laisseront tourner leur moteur. Chacun des pots d’échappement risque ainsi d’émettre 5kg de CO2eq de plus que si la route avait été dégagée. Soit 30 tonnes d’émissions supplémentaires – davantage que le CO2 rejeté par l’accident lui-même.

impacts en cascade

Mes calculs ne prennent pas en compte l’impact d’une pléiade d’autres conséquences relatives à l’accident : la charge supplémentaire pesant sur les services d’urgence et de santé, les embouteillages sur les routes voisines, l’usure des voitures, pour n’en citer que quelques unes. Enfin, s’il s’avérait nécessaire de pratiquer une chirurgie lourde sur une ou plusieurs des personnes accidentées, cela augmenterait significativement le bilan carbone de l’accident.

Il est aussi intéressant d’examiner l’impact humain de l’accident. Supposons qu’une personne âgée de 50 ans décède, tandis que les autres automobilistes s’en sortent plus ou moins indemnes. On pourra dire - de manière un peu simpliste - que l’impact humain aura été de 30 personnes-années de vie (auquel viendra s’ajouter un impact important sur les vies des amis, de la famille et des collègues de la victime) (4). Dans le scénario le plus grave, si les 6 000 voitures transportent chacune en moyenne 1,6 occupant, près de 20 000 heures seront perdues en tout dans l’enfer de l’embouteillage. C’est un peu plus que le temps que nous passons en moyenne éveillés sur trois années. Mais pour garder des chiffres ronds, disons que l’impact humain est de trois personnes-années de vie perdue.

Reste enfin l’impact sur les victimes du changement climatique. Il est impossible de quantifier à quel point les populations du monde seront affectées par l’émission de 50 tonnes d’équivalent CO2, mais tenter le calcul peut nous apporter quelque perspective. Dans le chapitre 1 de mon livre (5) je me suis livré à quelques calculs un peu loufoques pour en arriver – sans véritable garantie d’exactitude - au chiffre d’une vie perdue à chaque 150 tonnes de CO2eq émises. Si c’est grosso modo exact, cela voudrait dire que l’impact carbone de l’accident et de l’embouteillage qui en résulte correspondrait à la perte d’un tiers d’une vie – soit une perte supplémentaire de 25 personnes-années.


(1) Comme la fabrication d’un objet ou la pratique d’une activité peut entraîner l’émission de plusieurs gaz à effet de serre à la fois, et chacun dans des quantités différentes, le bilan carbone, s’il est calculé en détails, peut devenir vite très complexe. L’usage veut ainsi que l’on exprime le bilan carbone en équivalent carbone ou CO2eq. L’impact total sur le changement climatique de tous les gaz à effet de serre est alors transformé et exprimé en quantité de dioxyde de carbone.
- En savoir plus sur le bilan carbone.

(2) Taux de change utilisé lors de la traduction de l’article : £1=1,20 euro

(3) En utilisant les données de l’Office national des statistiques britanniques, World Consulting Ltd et l’université de Lancaster ont développé un modèle qui mesure le CO2eq émis pour chaque livre sterling de valeur créée.

(4) Le décès d’une personne représente aussi une économie carbone que je n’ai pas ici prise en compte.

(5) « How bad are bananas ? The carbon footprint of everything », de Mike Berners-Lee, éd. Profile Books, 2010.

Cet article est tiré du livre « How bad are bananas ? The carbon footprint of everything », de Mike Berners-Lee (éd. Profile Books, 2010), dans lequel se livre à de surprenants calculs sur l’impact en CO2 d’objets ou d’événements de notre quotidien. Terra eco l’a traduit et publié avec l’autorisation de l’auteur.

Traduit par Michel Bruder et Sébastien Portal, « lecteurs responsables » de Terra eco ayant répondu positivement – et nous les remercions – à notre appel. Si vous voulez les rejoindre :
cliquez ici et remplissez le formulaire de contact qui s’affichera
ou écrivez à agir [at] terraeco.net

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Directeur du cabinet Small World Consulting spécialisé en bilans carbone, Mike Berners-Lee est l’auteur de « How bad are bananas ? »

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