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Media Circus, tant que dureront les médias jetables

Par Walter Bouvais
12-07-2012
Mots clés
Médias
Automobile
France

Le Grand huit, à califourchon sur ma Peugeot

Le Grand huit, à califourchon sur ma Peugeot
(Crédit photo : minds-eyes - flickr)
« D'épisodes pluvieux » en « éclaircies », de Peugeot à la météo, les télescopages de l’actualité provoquent souvent des croisements fertiles.

Les télescopages de l’actualité provoquent souvent des croisements fertiles. En Belgique, des représentants des stations balnéaires et de parcs d’attractions protestent contre le traitement trop « pessimiste » des prévisions météorologiques, par les médias et par le site www.meteobelgique.be. Le problème, selon eux : à force d’annoncer une météo maussade, l’on finit par décourager les touristes et par mettre en danger toute une filière économique et ses emplois.

Les professionnels de la profession demandent donc que les médias ne parlent plus d’« éclaircies » mais de « soleil ». Ils livrent à l’appui de ce curieux raisonnement des statistiques précises : les huit premiers jours de juillet ont connu

« 87,5% d’heures sèches et 12,5% d’épisodes pluvieux ».

Stopper la pluie

Juste pour taquiner, l’on pourrait transformer l’expression politiquement correcte « épisodes pluvieux » en « pluie », et l’on s’étonnerait alors de l’excès d’optimisme des médias qui continuent à parler d’éclaircies quand ils pourraient évoquer des « averses ». Car ce n’est pas en changeant le nom de la pluie qu’on obtiendra qu’elle arrête de tomber.

En France, c’est Bernard Thibault, secrétaire général de la CGT, qui s’essaie aux prévisions météologico-industrielles. Invité de France Inter ce 12 juillet, il déplore la casse sociale chez PSA : 8.000 suppressions de postes, comment ne pas s’en attrister. Les micros se tendent, la classe politique s’indigne et même M.Varin, le président de PSA affiche une mine contrite.

Reste l’explication de M.Thibault, et elle vaut le détour : à force de pratiquer la modération salariale, les entreprises grèvent le pouvoir d’achat des ménages, qui renoncent ainsi à acheter des voitures, mettant en danger une filière riches en emplois. Implacable.

Le coût de l’automobile

Sauf que... Avons-nous vraiment besoin d’acheter autant d’automobiles, ou plus précisément, puisque notre marché est mature, d’en changer si souvent ? Combien coûte la surpopulation automobile dans les villes, entre les espaces fonciers immobilisés et les journées de travail ou de loisir perdues dans les embouteillages ? Que coûtent les particules fines des moteurs diesels – domaine d’excellence de l’automobile made in France – à nos voies respiratoires et aux caisses de la Sécu ? A quelle hauteur l’industrie est-elle subventionnée ? Combien les primes à la casse en tous genres, balladurettes, jupettes, etc. ont-elles coûté à nos finances publiques (2 milliards d’euros pour la dernière vague) ? Lorsque les États-Unis et l’Europe ont soutenu à bout de bras le secteur automobile en 2008 et 2009, quelles innovations écologiques ont été demandées et obtenues en retour ? Le « modèle » industriel allemand, partiellement bâti sur l’exportation massive de berline à grosses cylindrées et à « énormousses » émissions de gaz à effet de serre, est-il écologiquement aussi porteur qu’il serait économiquement rentable ?

En résumé, si l’on mettait objectivement ces données dans la balance, n’aurions-nous pas intérêt à provoquer au plus vite une mutation sans précédent de l’industrie automobile : non plus tournée vers la propriété de la voiture mais vers un service écologique répondant à nos besoins – raisonnés – de mobilité ? Malheureusement, ces questions n’ont aucune chance d’émerger du cirque politico-médiatique qui s’enclenche et, soyons-en certains, va s’emballer dans les jours qui viennent.

Encore une prime à la casse ?

L’automobile, c’est comme la météo. On sait que le prix des carburants va fortement augmenter et l’on imagine encore que notre économie pourra faire avec. On sait que les émissions de CO2 liées à nos transports vont provoquer de lourds changements climatiques. La météo de ces jours-ci nous offre une parfaite illustration de la fragilité de nos modèles économiques et sociaux, très dépendants aux aléas climatiques. Pourtant, au lieu de s’engager dans des voies alternatives et créatrices d’emplois elles aussi, on continue de porter notre héritage à bout de bras, de brandir coûte que coûte – et qu’est-ce que ça coûte ! – les recettes du passé.

Proverbe du jour en guise d’avertissement : si à la Saint-Jacques la France propose une nouvelle prime auto, à la Saint-Glinglin nos parcs d’attractions prendront l’eau.

Mots-clés : Médias | Automobile
COMMENTAIRES ( 4 )
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  • Documentariste sur le flanc, à qui dois je envoyer mes coordonnées pour toucher les retombées que vous évoquez dans cet admirable billet.
    https://www.navette-paris-aeroport.com/

    9.07 à 09h28 - Répondre - Alerter
  • Super ces jeux de mots sur la pluie et le beau temps :p
    Parlant des actualités sur le secteur automobile, je me demande encore si ça vaut vraiment la peine de passer le code de la route

    3.09 à 14h34 - Répondre - Alerter
  • En ce qui concerne la voiture, c’est l’usage que l’on en fait. EN ville bien souvent nous en avons pas besoin vu la distance à parcourir la marche à pied est bien plus agréable et fait un bien pour la santé. Pour le reste il n’est pas besoin d’avoir une grosse voiture et de surplus étrangère. Pour les grandes distance si pas chargé le train est préférable entre deux villes. Oublions pas les transports en commun pour se déplacer.

    16.07 à 17h30 - Répondre - Alerter
  • Vous avez raison : il semble que la plupart des ’décideurs’ (ou ceux qui les conseillent, mais aussi nos amis les médias) ne sachent pas se poser les bonnes questions.
    "Est-il possible d’éviter la fermeture d’Aulnais ?", "Peut-on se passer de l’automobile dans les campagnes ?" pour ne citer que 2 titres d’articles ou questions posées ici ou là, alors que les vraies questions sont : "Comment les constructeurs peuvent contribuer à la mobilité de demain ?" "Mobilité en zone de faible densité, quelles solutions pour demain ?"....
    Je reste persuadé que si certains ont une réelle difficulté à se projeter dans l’avenir et à inventer un nouveau futur, beaucoup se complaisent dans un présent qui représente leur fond de commerce, qu’il soit automobile ou syndical...
    Mais cela n’explique pas tout : il est en effet réellement complexe de se projeter individuellement dans un futur incertain et pour lequel il faut faire preuve d’imagination et de capacité de dépassement. Dépassement de ses réflexes, pré-jugés, intérêts personnels....
    Au vu des réactions suite à l’annonce de PSA, on prend bien la mesure du trajet qui reste à parcourir : ils ne sont pas légion ceux qui ont profité de l’effervescence médiatique pour montrer le chemin : l’automobile individuelle privative va décliner irrémédiablement si elle n’évolue pas de manière significative : offre de services vers l’usage au détriment de la possession, offre de modèles évoluant vers la simplicité, légèreté, très faible consommation en particulier pour les trajets "locaux".
    Les constructeurs vont devoir changer (en partie) de métier... ou disparaître.
    Les utilisateurs vont devoir se désintoxiquer de la voiture et découvrir une autre mobilité.
    Les pouvoirs publics ont un chantier immense devant eux pour réinventer la ville : dé pollution, transports, re-verdissement, arrêt de l’étalement, décentralisation...
    Et tous ensemble, nous devons nous poser la question dans nos activités quotidiennes : est-ce durable pour moi, pour les autres, pour la planète...
    En attendant, pour vous déplacer, chaque fois que vous pouvez, enfourchez votre vélo !

    14.07 à 18h47 - Répondre - Alerter
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