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30-05-2013
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Santé
Sciences
Monde

La science enfumée par l’industrie

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La science enfumée par l'industrie
(Crédit photo : tobacco.stanford.edu)
 
« La Fabrique du mensonge », de Stéphane Foucart, Denoël, 304 pages, 17 euros.
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ÉCOLOGIE SOCIÉTÉ ÉCONOMIE
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L’Europe a interdit – à partir de décembre et pour deux ans – trois insecticides impliqués dans le déclin des abeilles. Journaliste scientifique au Monde, Stéphane Foucart estime que la décision aurait pu être prise il y a dix ans, lorsqu’un groupe d’experts français avait conclu à la nocivité du Gaucho. Les méfaits du bisphénol A (cancers, déclin de la fertilité…) sont, eux, dénoncés par les spécialistes depuis vingt ans, mais il faudra attendre 2015 pour que ce perturbateur endocrinien soit banni des emballages alimentaires. Pourquoi ces décisions, ainsi que d’autres, capitales pour la santé et l’environnement, sont-elles accouchées au forceps ? Dans cette remarquable enquête, suite de son ouvrage sur le Populisme climatique (Denoël, 2010), l’auteur démonte la « fabrique du mensonge » par les industriels. Objectifs : faire douter de la science en créant des controverses in vitro et influencer ou retarder les choix politiques.

Scientifiques bien payés

Responsables de 100 millions de morts au XXe siècle, les cigarettiers ont brillé dans l’enfumage du public. En quarante ans, le Centre de recherche sur le tabac, créé par les quatre principaux fabricants, a investi 300 millions de dollars (230 millions d’euros) pour contrecarrer les arguments sur les risques. Mais aussi pour « financer de l’excellente recherche biomédicale dont les résultats peuvent (…) être utiles à la perpétuation et à l’acceptation de la cigarette » : explorer le rôle des gènes plutôt que celui du tabac et de l’environnement (c’est-à-dire le mécanisme plus que les causes), dans le déclenchement des cancers. Une efficace technique reprise par l’agrochimie, qui a promu les recherches sur un parasite naturel de l’abeille afin de détourner l’attention des pesticides. L’industrie peut compter sur des scientifiques bienveillants et bien payés, mais aussi sur des chercheurs prestigieux et de bonne foi, qui ont servi la communication des entreprises. L’auteur souligne ainsi le rôle crucial des médias : avides de points de vue « contradictoires », ils ont souvent relayé aveuglément les affirmations fausses de l’industrie.

Experts et conflits d’intérêts

Stéphane Foucart dénonce également l’influence exercée sur les pouvoirs publics, indirectement (voir, par exemple, dans les années 1980, le Comité permanent amiante en France) ou de l’intérieur : les autorités sanitaires et environnementales françaises et européennes sont truffées d’experts et de responsables en plein conflit d’intérêts. Toutes ces structures passent leur temps à déterminer des « doses admissibles ». Or, nous savons désormais que certains poisons sont encore plus efficaces à faible dose. L’auteur livre ainsi une des raisons majeures pour lesquelles les « maladies de civilisation », liées à la technique, tuent désormais plus que les « maladies naturelles ». Précis et glaçant. —

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