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18-11-2009
Mots clés
Afrique
Monde

La lutte contre la faim désorientée

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La lutte contre la faim désorientée
 
Comment combattre la faim ? Avec de l'argent bien sûr, mais encore faut-il s'entendre sur la méthode. Pour que tous les acteurs agissent de concert, une réforme de la gouvernance alimentaire mondiale est mise en place. Mais elle risque de se heurter au manque de volonté politique sur ce sujet.
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ÉCOLOGIE SOCIÉTÉ ÉCONOMIE
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Le Sommet mondial sur la sécurité alimentaire de la FAO s’est achevé à Rome mercredi sur un résultat annoncé avant même son démarrage : une déclaration commune ne comprenant ni calendrier ni engagements financiers. A elle seule, l’absence de chefs d’état du G8, hormis l’hôte italien Silvio Berlusconi, en dit long sur l’échec du sommet, alors que le cap du milliard d’affamés a été franchi cette année.

Pourtant, au-delà du manque récurrent de financement, se posait une question cruciale : celle de la gouvernance alimentaire mondiale, sur le tapis depuis juin 2008. C’était justement à Rome. Nicolas Sarkozy avait proposé de créer un Partenariat mondial pour l’agriculture et la sécurité alimentaire, une idée qui a débouché le mois dernier sur la réforme du Comité de la sécurité alimentaire (CSA), une institution rattachée à la FAO.

Des politiques éparpillées

Une réponse à un constat sans appel : actuellement le système "n’est pas organisé autrement que de façon sporadique et donc en réalité, très anarchique", explique Fanny Garcia, membre du projet de recherche européen Lascaux sur le droit alimentaire. Or, peut-être même plus que le montant, "la façon de dépenser est extrêmement importante. Il faut que les différents financements tirent dans le même sens, qu’ils s’accrochent à des politiques nationales cohérentes", indique Vincent Gitz, coordinateur du panel d’expert de haut niveau du CSA.

Le CSA a donc été remanié et deviendra une "plate-forme de discussion" intégrant les institutions de l’ONU concernées, la Banque mondiale et le FMI, les ONG, le secteur privé… Le tout appuyé par un panel d’experts "un peu sur le modèle du GIEC avec des scientifiques mais il comprendra aussi des gens qui ont une expérience de terrain", indique Vincent Gritz.

Exemple de conversation possible ? D’un côté, "la FAO a montré l’importance de développer l’agriculture familiale, explique-t-il. Si là-dessus l’OMC dit qu’il faut produire là où c’est le plus efficace et le moins cher et que le commerce international réglera tout ça, ce n’est pas du tout le même schéma". Du point de vue théorique, Damien Lagandré, du GRET, applaudit : tout le monde va enfin pouvoir se parler et décider la meilleure politique à adopter.

"Coquille vide"

Sauf que "cela ne sert à rien tant que les États ne doivent pas rendre des comptes devant le CSA. Ils peuvent donc dire d’un côté au CSA « oui il faut protéger l’agriculture familiale » tout en défendant à l’OMC toujours plus de libéralisations". Sur ce point, qui a donné lieu a des discussions serrées, la réforme prévoit cependant d’afficher des indicateurs mesurant les résultats des politiques. De quoi mettre un minimum les États face à leurs responsabilités.

Autre problème : faute d’implication politique, le CSA risque fort d’être la "coquille vide" dénoncée par le CCFD-Terre solidaire. "On est sûr que le squelette est suffisamment fort pour supporter toute la chaire qu’on voudra bien y mettre. Mais il va falloir lui donner du corps car cela peut très bien tourner à vide", concède Vincent Gritz.

Selon lui, "la déclaration du sommet donne au moins des éléments politiques forts qui vont former la feuille de route du CSA". Il compte aussi sur "la présence de la société civile et du secteur privé au sein du groupe consultatif pour forcer les états membres à avancer". Sauf que les décisions reviennent in fine aux gouvernements. "Et comme les États ne sont pas moteurs, on n’aura pas de grands changements", prédit Damien Lagandré.

Sortir des logiques marché

Pourquoi ? "Pour faire face aux contradictions du système de libre-échange qui n’améliore pas la sécurité alimentaire des peuples, il faudrait remettre en cause tout le paradigme. On préfère donc ne pas bouger et faire l’autruche", affirme-t-il. Peut-être aussi parce que, contrairement au changement climatique, les pays développés ne sont pas concernés. "Si par exemple le Brésil devait ne plus alimenter l’Europe en soja pour l’élevage, cela changerait la donne et on reverrait vite le modèle de production et d’échange", poursuit Damien Lagandré.

De manière générale, "l’insécurité alimentaire ne sera combattue que par l’instauration d’outils juridiques contraignants articulés autour d’une logique économique sociale et non de marché. L’exercice effectif du "droit à l’alimentation", pourtant maintes fois déclamé et une nouvelle fois encore lors du Sommet de Rome, ne passera que par cela", assure Fanny Garcia. C’est pour elle à "la cause du manque" qu’il faut s’attaquer et non aux "symptômes".

A lire aussi dans Terra eco :
- Sécurité alimentaire : "pas de solution sans le droit"
- "Tchad : Les paysans sont dépossédés de leurs terres
- Le chiffre : 1,2 milliards de personnes en état desous-nutrition
- Le livre : Voyage au cœur de la planète de la faim

Sources de cet article

- Photo : ©FAO/Alessandra Benedetti

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Journaliste, collaborateur régulier pour Terra eco.

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  • Depuis le temps que les industries et les sociétés mettent des robots et des ordinateurs pour supprimer des emplois afin de faire plus de bénéfices pour augmenter la taille des bateaux de luxe des actionnaires, il ne faut pas s’étonner qu’à l’autre bout les enfants des pauvres meurent de faim et de mal nutrition.
    Je me demande bien ce que font les spécialistes de ces questions lorsqu’ils se réunissent pour en débattre.
    On n’est pas sur la Lune ni sur Mars et avant d’organiser des matchs de foot ou de formule 1 et bien d’autres conneries du show bizz , il n’est pas difficile( il n’y a qu’à se baisser ) de mettre des travailleurs derrière une pioche pour irriguer la planète en les payant avec les taxes des activités florissantes afin de libérer les riches de leur maladie de devenir toujours plus riche pour s’acheter des prisons dorées.

    19.11 à 13h49 - Répondre - Alerter
  • Bonjour,
    Moi même je suis écoeuré qu’il y a beaucoup de chefs d’états africains ont des gros pots de vin de la part des entreprises pétrolières, diamantifaires,d’uranium,de pierres précieuses etc.
    Ces certains chefs d’états africains placent le fric du peuple à leurs comptes offshores comme l’ancien président d’un pays africain décédé récemment et que son fils a pris la relève...ce type a bien placé de l’argent en immobiliers à Paris etc... qu’attend-il le gouvernement français de rendre cette argent volé pour permettre de reconstruire le pays africain et enrayé la manultrition...comme tant d’autres ! Il y a beaucoup d’argent là dedans pour construire des voiries, des routes, des habitations comme on voit dans nos pays européens etc. Que les jeunes africains qui ont fini leurs études universitaires rentrent dans leurs pays africains pour reconstruire leurs pays : Céréales, énergies solaires , usines de désalement d’eau, hôpitaux etc...par la suite tout celà reviendra à la normale : bien sûr il faudra du temps mais il faut commencer et non attendre des pays riches : du fric car ce n’est pas la meilleure solution...

    19.11 à 13h10 - Répondre - Alerter
  • J’écoutais pas plus tard qu’avant hier soir une interview de la magnifique nouvelle maman Nathalie Kosciusko-Morizet , porteuse de l’espoir d’un nouvel ordre ou nous avions compris, nous, occidentaux, que pour combattre le "Global Warming",il fallait compter avec les pays du Sud. Epatant, non, comme révélation ?
    Seulement, voilà, on se pose des questions basiques !
    Au regard de la non participation de 7 pays du G8 sur 8 à une réunion qui ne concerne qu’a minima l’assurance de 3 repas par jour pour les plus démunis (c’est à dire rien de moins que la vie) j’aimerais connaitre, de la part de cette dame, quelle est sa définition du mot "comprendre". A force de continuer dans l’arrogance, la suffisance et le mepris, j’ai idée que nous allons dans peu de temps, prendre un retour de baton dont l’ampleur, que je présage importante, sera malheureusement amplement méritée.
    Nous n’avons rien compris, mais l’explication ne tardera pas à venir, n’ayons crainte !
    Je crois que le plus terrible, pour moi et mes amis d’infortune, est de voir, de sentir, d’être certains, que nous allons nous casser la gueule simplement parce que des hommes et des femmes, qui dirigent le monde, ne comprennent justement pas ce qu’est la misère, la vrai misère humaine. C’est désolant !

    19.11 à 09h12 - Répondre - Alerter
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