La livraison de novembre

LES ENFANTS DE DON QUICHOTTE (ACTE 1), de Ronan Dénécé, Augustin et Jean-Baptiste Legrand

Sûr que les historiens se pencheront sur ce docu, témoignage d’une acuité cinglante sur ce qu’était la France des années 2000. Comment sont nés Les Enfants de Don Quichotte, de l’indignation improvisée d’une personnalité hors normes, Augustin Legrand. Comment ils ont su fédérer les SDF et capter les médias. Comment ils ont subi la défiance des autres ONG et les sarcasmes de quelques grands esprits. Comment, enfin, ils ont été roulés dans la farine par les gouvernements, qui n’ont tenu aucune des promesses faites devant les caméras. Le portrait édifiant d’un pays bloqué, à la volonté politique inexistante. 

1 DVD Bodega Films, 20 euros.

HISTOIRE DE L’UTOPIE PLANÉTAIRE, d’Armand Mattelart

Un jour, il y a cinq siècles, les hommes ont réalisé que la Terre était ronde et qu’ils pouvaient même en faire le tour. De ce constat est née l’idée d’une communauté globale d’hommes à construire (sous forme d’empires, d’Internationale communiste, de zones de libre-échange…). De Colomb à l’affreux jargon managérial, de Jules Verne à IBM, c’est l’histoire de cette idée que retrace Mattelart, spécialiste de la communication et de la globalisation, dans ce livre à l’écriture superbe.

La Découverte Poche, 432 p., 14 euros.

BIDOCHE, Fabrice Nicolino

« Un système destiné à mieux nourrir le monde s’est emballé, échappant à tout contrôle social et moral. Il risque désormais d’entraîner les sociétés humaines dans un véritable gouffre. » Ce système, c’est l’industrie de la viande. L’élevage s’est transformé à la Libération en une machine concentrationnaire barbare. La manière dont on traite le milliard de bœufs, cochons et poulets zigouillés chaque année en France jette une drôle de lumière sur notre espèce. Détruisant les sols, l’atmosphère et la santé des consommateurs, le « modèle alimentaire fondé sur la viande » fait courir la planète à sa perte, conclut Fabrice Nicolino. Dommage que Bidoche soit un peu décousu. 

Les liens qui libèrent, 400 p., 21 euros.

LA GUERRE DES OGM, de Le Galli et Mike

Pas facile d’y voir clair dans le dossier des OGM. Comme d’habitude, les gouvernements ont voulu zapper un débat de société avant de légaliser les expérimentations en plein champ et le brevetage du vivant. Du coup, cela a conduit à la crispation. Depuis, difficile de s’interroger sereinement sur le sujet sans passer soit pour un anti-progrès obtus, soit pour un idiot lobotomisé par Monsanto. Cette BD pédago parvient partiellement à éclairer notre lanterne. Sauf qu’elle prend immédiatement le parti des anti-OGM et n’instruit le dossier qu’à charge. Ses défenseurs, eux, n’ont pas droit à une ligne. Embêtant.

Delcourt, 160 p., 17,50 euros.

LE SYNDROME DE LA GRENOUILLE, de Philippe J. Dubois

Dans son introduction, l’auteur récuse l’idée d’entonner « une litanie de malheurs » sur les conséquences du réchauffement climatique. C’est pourtant ce qu’il fait (avancée du désert, amputation de la biodiversité, pullulement des bactéries, champignons et parasites…). Mais c’est un mal nécessaire pour comprendre, chiffres à l’appui, combien notre situation est grave… mais pas désespérée. Reste quand même à se relever sacrément les manches, ne serait-ce que pour s’en tenir aux prévisions les moins catastrophiques !

Delachaux et Niestlé, 192 p., 19 euros.