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9-09-2004
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Société
France

La grande galère des étudiants étrangers (suite)

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... “Quand on n’a pas de solution, on compose le 115, reconnaît l’assistante sociale d’un Crous de la région parisienne. On est parfois obligé de faire appel au même système que pour les SDF". “Les difficultés de logement sont réelles. Même si vous êtes hébergés chez un cousin, vous attendez 23 heures, que tout le monde soit couché, pour rentrer et commencer à étudier. Il y en a même qui dorment dans trois lieux différents chaque semaine”, relève Saeed Paivandi, co-auteur du rapport de l’OVE [1].

"Soit les courses, soit le loyer"

Les étudiants étrangers peuvent prétendre comme les autres aux aides exceptionnelles, ou aides d’urgence (Fonds de solidarité universitaire, Fonds social des initiatives étudiantes). A condition bien sûr de disposer d’un visa en règle. Chaque Crous mène en la matière, sa propre politique. Pas d’aide pour les inscrits en première année ici, des subventions réservées au troisième cycle là... Pas facile de s’y retrouver. Mis au pied du mur, nombreux sont ceux qui se tournent vers les petits boulots. Depuis 1998, les étudiants étrangers ont désormais le droit de travailler à mi-temps. Encore faut-il trouver des employeurs prêts à signer la promesse d’embauche nécessaire à l’obtention du permis de travail.

“Quand vous voyez une offre d’emploi qui stipule ’on ne délivre pas de promesse d’embauche’, vous savez d’emblée que c’est grillé pour les étrangers. Avec le nombre de chômeurs en France, les patrons n’ont pas besoin de faire d’effort”, explique Kadija, étudiante malienne en deuxième année d’économie et de gestion. Elle gagne sa croûte en vendant des hamburgers. Elle a posé le pied sur le sol français il y a deux ans. Son père lui a payé le billet d’avion. Son oncle a pris en charge l’hébergement la première année. “Il habitait loin de la fac, raconte Kadija, la silhouette gracile et le geste nonchalant. Et puis je ne pouvais pas rester dépendante toute ma vie.”

L’année suivante, elle finit par décrocher une chambre en "cité U", à Nanterre (Hauts-de-Seine). Neuf mètres carrés pour un bureau, un lit et un lavabo. A l’étage de la résidence, trois douches et WC pour 22 à 30 chambres. Fonctionnel mais vétuste. Pour gagner de quoi vivoter, pour elle comme pour beaucoup d’autres, c’est le Quick. 320 euros nets par mois pour quinze heures de boulot par semaine. Elle paie 128 euros sa chambre et touche 45 euros d’allocation logement à caractère social. Kadija a malgré tout réussi à acquitter ses droits d’inscription cette année, mais n’a pas payé son loyer depuis deux mois “pour ne pas mourir de faim. C’était soit les courses, soit le loyer. J’ai bien demandé une aide à l’assistante sociale il y a six mois, mais elle me répond encore que mon dossier n’est pas passé en commission. Je crois qu’elle n’ose pas me dire que c’est négatif pour que je continue à tenir.”

Kadija sait pourquoi elle continue à lutter. Elle veut un DEA ou un DESS et travailler pour son pays : le Mali. Une étudiante gabonaise bien décidée à revenir chez elle ajoute, lucide : “Compte tenu de notre couleur de peau, ce n’est même pas la peine d’espérer décrocher un boulot en France correspondant à notre qualification. Pour décrocher un stage, c’est déjà quasiment mission impossible...”

Des études au travail clandestin

Les stages, l’insertion professionnelle, la perspective d’un retour, autant de questions en suspens. “La motivation de départ, le fait de travailler et l’idée du retour sont des sujets tabou”, analyse Saeed Paivandi. Le physique sec, le visage interrogateur, Naceur, 30 ans, n’échappe pas à la règle. Il est arrivé en France en novembre, un visa d’affaires en poche. Ancien directeur financier d’une grande entreprise à Tunis, il a démissionné et dépensé ses 5000 euros d’économies pour venir décrocher un troisième cycle en France. Objectif annoncé : devenir prof d’université dans son pays. Aujourd’hui, inscrit en DEA d’économétrie, il ne pourra pas valider son diplôme faute de visa adéquat. Il ne lui reste même plus de quoi payer ses 200 euros de chambre sous-louée en cité U. Pour refaire surface, il cherche un boulot payé au noir dans la restauration. Impossible de retourner au pays. “Je n’ai pas de quoi me payer un billet et en plus ce serait un échec. Il me faut au moins le diplôme avant de rentrer.”

“Beaucoup d’étrangers démunis travaillent tout d’abord pour payer leurs études et se transforment progressivement en travailleurs immigrés sans jamais terminer leur cursus”, analyse Saeed Paivandi. Le rapport de l’OVE, souligne que “s’éterniser à la fac, tout en travaillant constitue l’un des premiers signes de la précarité étudiante”. Firmin, la trentaine passée, Camerounais, en sait quelque chose. Diplômé en maîtrise de droit, il s’est inscrit ces deux dernières années à la fac “pour obtenir un statut”. Aujourd’hui, il continue à envoyer des tonnes de CV, à en déposer certains en mains propres. Il bosse parfois comme gardien de nuit et cherche les premiers clients d’une entreprise de nettoyage dont il serait le principal salarié. Oubliés, les rêves d’étudiant.

(*) à la demande des personnes interwievées, certains prenoms ont été modifiés : Sédar, Kadija, Naceur, Pascal, Firmin

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