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30-03-2009

La faim du monde décortiquée

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« Les Affameurs, voyage au cœur de la planète de la faim », de Doan Bui.
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« Si les gens savaient ce qu’on a gagné, on rétablirait la guillotine et des têtes valseraient sur des piques. » C’est un trader qui parle. Il n’est pas spécialement content de lui, ni, bien entendu, indigné. Il constate simplement. La flambée des matières premières agricoles a mis les populations du tiers-monde à genoux mais lui, elle l’a enrichi. Enormément. « C’est la règle de l’offre et de la demande, justifie tranquillement un de ses collègues à cravate, lui aussi sportif de haut niveau en spéculation. Le problème, c’est qu’il n’y a pas assez de matières premières pour toute la planète. »

Car la faim n’est pas, comme on le croit trop souvent, un système « perdant-perdant ». De même que le genre humain serait entièrement converti à la non-violence si les guerres ne rapportaient un kopeck à personne, la famine aurait sans doute disparu si elle n’était pas aussi lucrative. Mais voilà, quand les cours du blé, du soja ou du riz grimpent, il y a des montagnes de dollars à empocher.

Il y a de l’argent à faire, alors…

Alors non, personne ne complote pour que les trois quarts de l’humanité aient le ventre vide. La méchanceté n’est pas une tare si courante. La cupidité, si. Il y a de l’argent à faire, alors… Le plus effarant, c’est que cette « règle de l’offre et de la demande » sur des produits qui remplissent des estomacs humains est intégrée comme une fatalité par nous tous. Les traders de matières premières ne disent pas autre chose : puisque les citoyens, les médias, les gouvernements tolèrent sereinement ces pratiques, comme des bovidés regardent passer les trains, alors pourquoi arrêter ?

En réalité, nous regardons surtout ailleurs : les étals de nos marchés débordent de poissons, de bananes, de fraises dont nous ignorons tout. Doan Bui, journaliste au Nouvel Observateur, est allée sur place à Dakar, à Bornéo, en Chine, constater les origines de ces denrées, les conditions épouvantables dans lesquelles elles sont produites, les catastrophes sur l’environnement.

Les multinationales ne sont pas seules sur la sellette. La pieuse Union européenne, l’émanation élue de nous autres, pille les ressources halieutiques africaines et négocie tout à l’Organisation mondiale du commerce (OMC) au détriment des nations les plus faibles. Pas méchante, juste cupide. Le genre humain marche sur la tête, ça, tout le monde le sait. Mais on ignore à quel point tant qu’on n’a pas lu les Affameurs (1).

(1) Editions Privé (2009), 364 p., 18 euros.

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