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16-04-2014
Mots clés
Alimentation
Agriculture
Interview

La banane est menacée (mais l’agroécologie peut la sauver)

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La banane est menacée (mais l'agroécologie peut la sauver)
(Crédit photo : Evan-Amos - Wikimédia)
 
Un champignon mortel fragilise la production mondiale de bananes. L'inquiétante nouvelle pourrait paradoxalement... favoriser les techniques de culture plus durables. Explications avec Denis Loeillet, du Cirad.
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ÉCOLOGIE SOCIÉTÉ ÉCONOMIE
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C’est « l’une des maladies les plus destructrices de la planète pour les bananiers », selon la FAO (l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture). Après avoir frappé plusieurs pays d’Asie, la « jaunisse fusarienne » est en train de s’étendre à l’Afrique de l’Est et au Moyen-Orient et « menace de s’étendre aux pays d’Amérique latine ». Certains estiment que la banane telle qu’on la connaît – dont la variété est « Cavendish » – est menacée de disparition. Pourquoi la banane est-elle en péril ? Peut-on encore la sauver ? Nous avons posé ces questions à Denis Loeillet, responsable de l’observatoire des marchés au Centre de coopération international en recherche agronomique pour le développement (Cirad).

Terra eco : La FAO estime qu’il est possible « de voir partir en fumée une grande partie de la récolte mondiale de bananes ». Risque-t-on de manquer de bananes dans les mois qui viennent ?

Denis Loeillet : Effectivement, quasiment 100% des bananes vendues dans le commerce international sont des bananes de la variété Cavendish et sont potentiellement toutes menacées par cette maladie. Mais je tiens à relativiser. Pour l’instant, la jaunisse fusarienne est présente en Asie et en Afrique de l’Est, mais elle ne frappe pas encore les grosses zones de production que sont l’Amérique du Sud ou l’Afrique de l’Ouest.

Pourquoi ne trouve-t-on que cette seule variété de banane dans le commerce ? Ne faudrait-il pas plus de diversité ?

Quand je rencontre des confrères ou que je participe à des colloques, je cherche souvent à savoir s’il y a d’autres exemples d’une production aussi importante avec aussi peu de diversité que la banane. Mais je n’en ai jamais trouvé. Il faut remonter un peu l’histoire pour comprendre ça. Dans les années 1950, une autre souche de cette jaunisse fusarienne a emporté la quasi totalité de l’ancêtre de la banane Cavendish, qui s’appelait la Gros Michel. Aujourd’hui, on en produit encore dans quelques régions, mais il n’y a plus un seul kilo de cette banane dans le circuit international. Moi-même je n’ai pu en manger qu’une fois, il y a dix ans. La Cavendish était un petit miracle, une pépite qui a permis de remplacer la Gros Michel. Elle est à la fois résistante à cette première souche de la jaunisse fusarienne mais aussi parfaitement adaptée aux conditions du marché puisqu’elle supporte un transport maritime long, le tout avec une très forte productivité. Depuis, tout a été pensé pour cette banane, tous les progrès techniques, toutes les méthodes de conditionnement, les unités de mûrissement... Pour qu’on remplace cette variété, il faudrait soit en trouver une autre encore plus efficace, soit se retrouver face à un problème rédhibitoire. Mais pour l’instant on trouve encore des bananes qui ont parcouru 8 000 kilomètres et fait 25 jours de mer et qui ne coûtent que 80 centimes le kilo, donc on n’y est pas du tout.

Ce problème rédhibitoire dont vous parlez n’est-il pas en train de se présenter avec cette nouvelle jaunisse ?

Encore une fois, nous n’en sommes pas là. Mais le mur se rapproche, c’est sûr. Il n’y a pas que la jaunisse fusarienne qui est inquiétante, il y a aussi la maladie des raies noires, qui frappe, elle, toutes les variétés. Il faut savoir qu’on traite près de 70 fois par an les bananiers au Costa Rica contre cette maladie, soit plus d’un traitement aérien par semaine, et qu’elle continue à gagner du terrain. L’un des enjeux aujourd’hui, c’est d’accélérer les recherches, notamment pour trouver de nouvelles variétés plus résistantes. Mais les problèmes technologiques sont énormes. Et quant on compare le peu de scientifiques qui travaillent sur la question au nombre de personnes dont le régime alimentaire repose en bonne partie sur les bananes dessert et plantain, c’est à pleurer.

Les méthodes de production plus durables et l’agroécologie peuvent-elles être une réponse au développement de ces maladies et parasites ?

Tout à fait ! Les systèmes de culture sont à bout de souffle, il faut trouver des alternatives et l’agroécologie est une piste essentielle. Nous travaillons aux Antilles sur des méthodes à bas intrants qui permettent une intensification écologique. On mise beaucoup sur ce qu’on appelle les plantes de service, des plantes que l’on sème entre les rangs de bananiers et qui apportent une plus grande biodiversité du sol et une meilleure fertilisation des plants. On a réussi aussi par exemple à ne plus utiliser du tout de traitements contre le charançon du bananier grâce à des méthodes de piégeage (Voir cet article du Cirad, ndlr). Pour les champignons, on travaille sur des méthodes prophylactiques. C’est plus compliqué que de passer avec un avion au-dessus des plantations, mais ça porte ses fruits !
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Non, nous n’avons pas à « sauver la planète ». Elle s’en sort très bien toute seule. C’est nous qui avons besoin d’elle pour nous en sortir.

3 commentaires
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  • Je sais lire ...
    Terra eco aborde ce pb sanitaire sur la banane parce qu’elle risque de disparaitre de nos étals. Ce sujet est à l’une de la presse uniquement pour cette raison. La logique du journalisme escrolo est "faites moi peur" et l’agroécologie, ça fait bien !

    23.04 à 14h10 - Répondre - Alerter
  • @ronron :
    Pourquoi être aussi égoïste ? Il y a des pays (comme l’indique d’ailleurs l’article si on le lit correctement...) où la banane est une des composantes principales des menus... Nous ne sommes pas le centre du monde, la vision se doit d’être "globale" !

    23.04 à 11h32 - Répondre - Alerter
  • ronron : Le pb est où ?

    Pourquoi consommé des bananes qui font 8000 km ?
    Le plus simple est de revenir à la consommation de produits locaux et de saisons. Si la banane disparait ce n’est pas un pb pour nous.

    18.04 à 12h07 - Répondre - Alerter
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