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Corée du Nord : « distribuer l’aide ne suffit pas »

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Corée du Nord : « distribuer l'aide ne suffit pas »
 
Après avoir dirigé pendant 5 ans les programmes de l'ONG Welthungerhilfe (Aide contre la faim dans le monde) en Corée du Nord, Karin Janz revient sur sa mission dans l'un des pays les plus fermés aux étrangers. Rencontre à Pékin.
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Terra eco : les projets que vous menez en Corée du Nord ont évolué, pourquoi ?

Karin Janz : "Welthungerhilfe est la plus grande des six ONG européennes présentes en Corée du nord, avec une dizaine d’étrangers et 30 à 35 employés locaux. Nous sommes arrivés en 1997 et notre ancienneté nous a valu une relative liberté. A l’époque, le pays avait été frappé par de fortes pluies ayant entraîné de graves inondations. Nous avons donc commencé par distribuer des denrées alimentaires, du charbon et des vêtements. Mais très tôt, nous nous sommes rendu compte que nous ne pouvions pas uniquement distribuer de l’aide. C’est comme cela que des projets agricoles ont été lancés à la fin des années 1990. Il s’agissait d’aider les paysans à améliorer la qualité des semences, de diversifier les cultures et d’augmenter les rendements. En 2005 le gouvernement a demandé à toutes les ONG occidentales de quitter le pays mais nous avons réussi à rester sous la bannière européenne. Par la suite, nous avons pu aider les petits paysans privés, tolérés par le régime, à limiter leur impact écologique. L’agroforesterie a permis par exemple d’éviter les glissements de terrain et inondations. Nous avons aussi construit des centaines de serres en banlieue pour permettre à la population urbaine d’avoir des légumes frais tout au long de l’année. Au total, nous avons investi près de 60 millions d’euros."

A quoi ressemble la vie en Corée du Nord ?

"C’est un peu comme la Chine d’il y a 30 ou 40 ans. Il y a peu de voitures, peu de publicité, pas d’accès à internet et la population a été autorisée seulement l’an dernier à acheter des téléphones portables, même si les appels à l’étranger sont interdits. Toute la société est organisée comme une armée. Chose étonnante, le pays possède l’un des taux d’alphabétisation les plus élevés au monde et les gens sont très curieux de savoir ce qui se passe dans les autres pays. Il m’est arrivé d’avoir un débat sur Kant, et une fois, une fillette de 15 ans m’a dit qu’elle regardait des films américains à l’école pour apprendre l’anglais. La propagande est bien sûr extrêmement forte. Les Coréens se disent fiers de leur pays, et tous ceux que j’ai rencontrés veulent faire quelque chose de bien pour leur pays. Les gens aiment aussi avoir un petit business. Ils donnent par exemple des cours de musique, ou vendent des légumes."

Où en est la situation sur le plan alimentaire ?

"Elle est certainement meilleure qu’il y a 10 ou 15 ans mais personne ne peut dire ce qu’il en est exactement, car personne n’est autorisé à se déplacer librement dans le pays. Là où je suis allée, je n’ai jamais vu de forts signes de famine. Le pays n’est pas très propice à l’agriculture. Dans les campagnes les gérants de fermes ont trois objectifs : nourrir la population locale, donner des quotas de l’État pour nourrir les villes et vendre le surplus au voisinage. Les récoltes que nous avons obtenues au sein de l’ONG étaient deux fois plus faibles qu’en Chine. Mais c’est aussi dû au système de propriété collective des terres et à un manque d’engrais. En Corée du Nord, la population est à 65% urbaine. Or les citadins sont les plus vulnérables car ce sont eux qui ont le plus de difficultés à cultiver un petit jardin. Globalement, la situation est donc dure mais elle est peut-être moins critique qu’on ne le pense car la production agricole est sans doute plus élevée que les chiffres officiels. Les Coréens ont du mal à se procurer de la nourriture et à cultiver des parcelles mais ils arrivent à se débrouiller et stockent de la nourriture chez eux. En cas de catastrophe naturelle par contre, il est certain qu’ils auront vraiment du mal à se nourrir. Ils sont donc très dépendants des conditions naturelles."

A lire aussi sur terraeco.net :
- « Faut-il continuer de donner à Haïti ? »
- Aide au développement : pourquoi la France est bonnet d’âne
- Etre né en Chine de mère nord-coréenne...

Sources de cet article

- Le site de l’ONG Welthungerhilfe

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