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23-09-2015
Mots clés
Biodiversité
Monde

L’ivoire de mammouth va-t-il sauver les éléphants ?

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L'ivoire de mammouth va-t-il sauver les éléphants ?
(Crédit photo : Pascal Parrot / Divergence)
 
Avec la hausse des températures, la toundra sibérienne libère ce matériau recherché, exporté ensuite notamment vers la Chine. Mais pas sûr que cela évite le massacre des pachydermes africains.
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ÉCOLOGIE SOCIÉTÉ ÉCONOMIE
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Et si la meilleure défense des éléphants d’Afrique, braconnés en masse pour leur ivoire, était le réchauffement climatique ? Sous l’effet de la hausse des températures, la toundra sibérienne se met à dévoiler les trésors qu’elle emprisonnait jusqu’ici dans les glaces : en dégelant chaque été plus profondément et plus longtemps, elle libère des centaines de milliers de carcasses de mammouths, disparus il y a onze mille ans. Actuellement, environ 80 tonnes d’ivoire de mammouth sont extraites du sol russe et exportées chaque année, essentiellement vers la Chine (dont Hong kong). Alors que le commerce d’ivoire d’éléphant est interdit par la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (Cites) depuis 1990 et que l’appétit des Chinois pour ce précieux matériau – signe de distinction sociale pour une classe aisée en pleine croissance – ne se dément pas, l’ivoire de mammouth joue-t-il déjà les remplaçants ? Les mastodontes du Pléistocène vont-ils ainsi sauver la peau de leurs lointains descendants, menacés d’extinction ? Jean-François Lagrot suit chaque été, depuis 2012, des chasseurs d’ivoire au nord de la Sibérie. Vétérinaire travaillant, au sein du WWF, pour Traffic (réseau international de surveillance du commerce de la faune et de la flore sauvages), il a rapporté de ses expéditions d’étonnantes images de défenses sortant de terre, parfois en excellent état de conservation. « En Russie, le commerce et la taille de l’ivoire de mammouth sont des activités traditionnelles qui se pratiquent depuis des siècles et font vivre des communautés entières », raconte-t-il. Depuis quelque temps, ces dernières peuvent se frotter les mains : d’après Comtrade, la base de données sur le commerce international des Nations unies, 95 tonnes d’ivoire de mammouth se sont échangées dans le monde en 2012, soit 5,4 fois plus qu’en 1997. Un kilo d’ivoire de mammouth se négociait en moyenne à l’importation à 36,7 dollars (32,8 euros) jusqu’en 2006 et a grimpé à 126 dollars (112 euros) en 2012. S’il s’agit d’ivoire en excellent état, les prix peuvent atteindre 1 900 dollars (1 700 euros) le kilo dans les boutiques de Pékin et Shanghai.

Massacre de 20 000 pachydermes

Dans le monde, ce commerce est légal, sans restriction, sauf en Inde, qui interdit son importation. Certains le qualifient d’« éthique », puisque n’entraînant pas de mort animale. Même Michelle Obama arbore parfois un collier d’ivoire de mammouth lors de ses apparitions publiques… Pour autant, la commercialisation à haute dose de ce matériau millénaire n’a pas permis de ralentir le massacre de plus de 20 000 pachydermes d’Afrique chaque année.

« Tout ce qui encourage la vente d’ivoire exacerbe la menace sur les éléphants », tranche Stéphane Ringuet, responsable du programme Commerce des espèces sauvages pour le WWF. « L’offre entretient la demande pour l’ivoire, et la demande incite au braconnage d’éléphants puisque l’ivoire de mammouth est loin de suffire au marché chinois », complète Jean-François Lagrot. « Il ne s’agit en aucun cas de prétendre que les importations d’ivoire de mammouth sont la cause du braconnage des éléphants, nuance la Cites dans un rapport de juillet 2014. Il est beaucoup plus plausible qu’une forte demande d’ivoire aboutisse à la fois à des prix élevés pour l’ivoire brut de mammouth et à des taux élevés de braconnage en Afrique. » Faudrait-il, alors, limiter voire interdire ce commerce ? Jean-François Lagrot y est d’autant plus favorable que « quand l’ivoire est débité en petits morceaux, il est difficile de déterminer s’il provient d’un éléphant ou d’un mammouth ». D’ailleurs, « certains commerçants, en Chine, vendent de l’ivoire d’éléphant obtenu illégalement, sans certificat de garantie de la Cites, en le présentant comme étant issu de mammouth pour échapper à la réglementation », explique Lucy Vigne, spécialiste sud-africaine du trafic d’ivoire. « Parfois, l’ivoire d’éléphant, généralement plus blanc que celui de mammouth, est vieilli afin d’être confondu avec celui de son ancêtre », abonde Jacques Cuisin, responsable technique collections au Muséum national d’histoire naturelle.

Test ADN ou datation

« Un moyen de différencier leur provenance est de regarder les stries de Schreger, qui sont la marque de croissance des dents, poursuit-il. Selon leur inclinaison, on sait dire s’il s’agit de mammouth ou d’éléphant. Mais les pièces doivent être assez grandes pour pouvoir les observer. » Pour les objets de petite taille, seul un test ADN ou une datation au carbone permettent d’être fixé. Vu le coût de ces techniques qui nécessitent, en plus, de récupérer de la poudre d’ivoire, ces tests ne sont presque jamais réalisés. A la Cites, on précise que le mammouth étant une espèce éteinte, « [nous] n’avons pas à réglementer le commerce de son ivoire ». —



Pour aller plus loin :
- la Cites
- Traffic
- WWF

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