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27-02-2013
Mots clés
Alimentation
Agriculture
Europe
France

Alimentation : l’étiquette parfaite, c’est pas pour demain

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Alimentation : l'étiquette parfaite, c'est pas pour demain
(Crédit photo : Ph.Grillot - flickr)
 
Depuis le scandale du cheval, François Hollande a pris le taureau par les cornes en scandant l'extension de l'étiquetage obligatoire aux plats préparés. Mais à quoi ressemblerait-elle, cette étiquette idéale ?
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ÉCOLOGIE SOCIÉTÉ ÉCONOMIE
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Du cheval dans les lasagnes de bœuf, dans les raviolis, dans les boulettes. Chaque jour, une nouvelle spécialité culinaire est contaminée, découvre-t-on. Le consommateur ne sait plus où donner de la tête. Comment croire ce qui est écrit sur l’emballage ? En visite au Salon de l’agriculture, François Hollande s’est prononcé pour un « étiquetage obligatoire » sur l’origine des viandes utilisées dans les plats cuisinés.

Le président veut aller vite. L’effort pour convaincre ses partenaires européens pourrait ne prendre que « quelques mois ». Annoncer un tel délai, ce serait mettre la charrue avant les bœufs. Car l’étiquette idéale est loin de débouler dans les rayons.

Viande fraîche, viande préparée : deux étiquettes

Quand on achète une côte de bœuf au supermarché du coin, son origine géographique est toujours indiquée. C’est l’effet vache folle. Une sale crise passe par là, le consommateur a peur, l’étiquetage devient plus précis. Si bien que depuis 1996, l’indication d’origine est stipulée. On sait si Marguerite a brouté aux Pays-Bas ou en Argentine. Mais pour le pot de sauce bolognaise ou le chili con carne surgelé, impossible de savoir d’où vient la bête. Aucune trace, niet !

D’où les tracas de la filière bovine, qui craint que le scandale de la viande de cheval fasse fuir les consommateurs. Dominique Langlois, président de l’Interbev, l’Association nationale inter-professionnelle du bétail et des viandes, explique pourquoi « l’interprofession exige aujourd’hui que ces mentions obligatoires sur le pays d’origine soient étendues aux préparations à base de viande ».

Mais si le bœuf est chouchouté depuis la crise de la vache folle, les autres filières, comme le porc ou la volaille, réclamaient elles aussi un estampillage géographique précis, ne serait-ce que pour la viande fraîche, donc non transformée. Caroline Tailleur, porte-parole de la Fédération nationale porcine, explique que « les discussions à la Commission européenne ont mené, à partir de 2011, à faire étiqueter la viande fraîche, comme les côtes de porc par exemple ».

Bruxelles prévoyait de rendre ce rapport à la fin de l’année 2013 - pour une entrée en vigueur en 2014 - pour étiqueter ces viandes dites fraîches. Ce sont justement les conclusions de ce rapport que François Hollande veut voir arriver plus vite sur son bureau. « Mais la question essentielle aujourd’hui est de savoir que faire pour les les produits transformés, comme la charcuterie. Pour la viande fraîche, c’est bon. Mais pour les plats cuisinés, on n’a aucune idée. »

« Made in France » ou garanti Union européenne ?

Mais qu’inscrit-on sur ces étiquettes. Ah ! C’est là le débat. La France ne peut pas contraindre les industriels à modifier les étiquettes. Seule une évolution de la législation européenne le pourra. Or, la Commission européenne préférerait voir estampiller « garanti Union européenne » ou « hors Union européenne ». Caroline Tailleur considère que « préciser qu’un produit charcutier vient d’Europe ne correspond à rien. Prenons les rillettes. Elles peuvent être fabriquées à base d’un bout de cochon français, et d’un autre espagnol ! Européen, ça ne veut rien dire. »

Pourtant, d’après une étude publiée en janvier dernier par le Bureau européen des unions de consommateurs (Beuc), 71% des consommateurs demandent un étiquetage d’origine nationale. « En France, on exige même de connaître la région de provenance de l’animal », insiste Jonathan La Morte, du Beuc.

Alors pourquoi ça ne se fait pas ? La porte-parole de la filière porcine ne se fait pas d’illusions : « La tendance des consommateurs aujourd’hui est de vouloir de la proximité. Donc les entreprises craignent de perdre des clients s’ils ne sont pas étiquetés français. » Mais la fédération ne milite pas pour du cochon bleu-blanc-rouge, mais pour une meilleure transparence. « Le jambon blanc par exemple est énormément consommé en France, si bien que l’on a recours à l’importation, nécessaire à la survie de la filière. Mais, peu importe d’où il est importé, on veut en connaître l’origine. »

Chacun défend son bout de gras

Face au scandale de traçabilité de la viande, certaines grandes enseignes ont déjà pris les devants. Carrefour s’est engagé à n’utiliser que de la viande de bœuf et de porc 100% françaises dans les plats préparés de ses marques vendus en France.

Le roi du surgelé, Picard, s’est à son tour engagé, lundi 25 février, à garantir « l’utilisation exclusive de viande bovine d’origine française » pour l’ensemble de ses produits.

Viande française ou origine France ?

Les filières interprofessionnelles ont elles aussi déjà réagi. A la fin de l’année 2010, il y a eu un accord volontaire interprofessionnel pour le porc. Le petit producteur ou la grande surface s’engageait, sur le volontariat, à afficher l’origine. « En 2010, on a mis en place un suivi de cet accord, pour voir s’il évoluait réellement. On a alors remarqué que 40% de la viande de porc avait été étiquetée », se félicite Caroline Tailleur.

Mais la porte-parole de la fédération porcine nuance. Un quart des produits étiquetés était « origine France ». Un autre quart « VPF », viande porcine française. Là encore, il ne suffit pas d’indiquer l’origine, mais de savoir comment l’indiquer. « Le label VPF, ça veut dire que l’animal est né, a été élevé et abattu en France. “Origine France”, ça veut dire simplement que l’animal a passé la majorité de sa vie en France. » Les mêmes règles s’appliquent pour la VBF, viande bovine française ; ou la VOF, viande ovine française.

« Nourri aux OGM », l’étiquette impossible

Poussons le paradis de l’étiquetage plus loin. Une fois que l’on sait d’où vient la bestiole, où elle a été élevée et abattue, pourrait-on savoir comment elle a été nourrie ? Les consommateurs veulent savoir ce qui passe dans l’estomac de l’animal...avant d’atterrir dans le leur. 8 Français sur 10 se disent inquiets face aux OGM, selon un sondage Ifop pour Ouest France.

Or, le règlement communautaire impose une obligation d’étiquetage des produits destinés à l’alimentation humaine et animale, dès qu’un de leurs ingrédients contient plus de 0.9% d’OGM. Un seuil qui a fait rechigner plus d’un producteur de barbaque. Mais la législation européenne laisse l’Etat modeler le règlement. « Il y a eu une forte demande pour étiqueter les produits issus d’animaux nourris aux OGM, explique Anaïs Fourest, chargée de campagne OGM chez Greenpeace. Mais l’Etat n’a pas donné suite à cette demande. »

« Pour la viande et ses produits dérivés, il n’y a rien, rien, rien, insiste Christophe Noisette, rédacteur en chef du site d’informations inf’OGM. Ce qu’il faut savoir, c’est que 80% des OGM importés en France servent à nourrir le bétail. » Avec un tel chiffre, « l’étiquetage actuel n’est bien sûr pas satisfaisant », conclut Anaïs Fourest. Une lacune que comprendrait presque Christophe Noisette. « Ce n’est pas qu’une question de réglementation. Parfois, certains produits reçoivent le Label Rouge, sont inscrites comme AOC... Ils ne vont pas ajouter en plus un sans OGM car ce ne serait plus une étiquette, mais une encyclopédie ! »

Il n’existe qu’une possibilité, depuis un an, d’inscrire « nourri sans OGM », si sa viande contient moins de 0,9% d’OGM. Mais un tel étiquetage est laissé à la discrétion de l’éleveur qui voudrait valoriser son travail.

L’étiquette anti-fraude n’existe pas

Est-ce qu’un étiquetage obligatoire éviterait les fraudes, et donc un scandale à la chevalgate ? « Oui dans le sens où les marchandises circulent d’un pays à l’autre, passent entre les mains de différents négociants, explique Jonathan La Morte. Mais il faut que les états-membres renforcent leurs contrôles, leurs inspections. »

L’UFC - Que Choisir nuance également : « S’il n’évite pas toute fraude, l’étiquetage du pays d’origine pour ces produits permettrait de limiter les failles ouvertes par la grande variabilité des fournisseurs de matières premières. Mais en renforçant la traçabilité, l’étiquetage du pays d’origine simplifierait en outre les contrôles officiels. »

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Née au bout de la Loire, un pied dans l’Atlantique, l’autre embourbé dans la terre, elle s’intéresse aux piafs et aux hortensias, observe ses voisins paysans et leurs élevages bovins. Elle enrage devant les marées noires. Licenciée en lettres, elle sort diplômée de l’Institut pratique du journalisme de Paris en avril 2012. Elle scrute les passerelles qui lient les hommes à leurs terres. Parce que raconter la planète, c’est écrire au-delà des pommes bio et du recyclage de papier.

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  • Le refus des autorités "compétentes" d’imposer un étiquetage correcte des aliments est un refus délibéré d’information du consommateur .Le consommateur achète des produits dont il n’a pas le droit de connaitre la provenance ; ce qui équivaut à lui dire : paye , bouffe et ferme la !
    Il faut boycoter les produits dont l’étiquetage ne vous convient pas !

    2.03 à 21h09 - Répondre - Alerter
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