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18-07-2012
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Energies
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L’avenir de l’énergie, c’est…

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L'avenir de l'énergie, c'est…
(Crédit photo : Robin Deloof - Vagabonds de l'énergie)
 
Deux jeunes ingénieurs ont parcouru le monde à vélo pendant près d'un an pour comprendre comment les hommes gèrent leur énergie.
Le Baromètre de cet article
ÉCOLOGIE SOCIÉTÉ ÉCONOMIE
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Un an à travers quinze pays d’Europe, du Moyen-Orient et d’Asie, le projet des « Vagabonds de l’énergie » avait un objectif clair : comprendre sur quoi reposent les stratégies énergétiques des pays.

Jeunes, futurs ingénieurs [1], nous sommes partis en juin 2010 à la découverte de toutes les énergies ! Un grand programme...

Quitter les bancs de l’école et aller voir ceux qui font. Confronter les idées reçues avec tous ceux qui ont bien voulu nous recevoir. Nous avons atteint les usines de liquéfaction de gaz du nord de la Norvège, bien au-dessus de la ligne au-delà de laquelle le soleil laisse les hommes dans l’ombre tout l’hiver.

Armés de nos sacs et de nos pouces, nous nous sommes abrités dans les maisons en paille des éco-villages allemands ou bretons. Nous avons ouvert les portes du ministère de l’Energie au Liban et tracé notre sillon jusque dans les mines de charbons en Ukraine. Les tours solaires d’Espagne ont percé l’horizon à l’allure de l’avancée de nos vélos, au milieu du périple de 3 000 km qui nous a ramené dans notre belle Normandie.

Voici la carte du périple :

Un an après la fin du voyage, il est temps de donner du sens à cette masse d’information, digérer la soixantaine de projets énergétiques visités et le passage dans une dizaine d’universités. Après cela, on pourrait être tentés de tirer de grandes conclusions sur les stratégies énergétiques à tenir. On serait surtout tentés de pointer du doigt les meilleures énergies à développer au regard du seul critère de la performance énergétique, ce que, au fond, nous voulions faire en partant. Mais nous aurions finalement appris bien peu de choses si l’on s’en tenait là.

Lancement de l'hydrolienne Morild II, Norvège (Potentiel énergétique annuel par unité : 5 GWh, soit la production d'un réacteur nucléaire pendant 10h de fonctionnement, une énergie intermittente mais prévisible avec un simple calendrier des marées)

Il faut l’admettre : aucun pays ne se base sur le seul critère de la performance technique pour choisir parmi les systèmes disponibles et construire une stratégie énergétique. La meilleure façon de s’en convaincre est d’observer la pluralité des paysages énergétiques, différents d’un pays à un autre. Le critère de performance est présent, mais au second plan. Avant lui, rentre en ligne de compte : l’indépendance énergétique, la géopolitique, les infrastructures existantes, les savoir-faire mais aussi les modes d’organisation (transports, état et densité du réseau électrique, modèle de développement,etc.) et les habitudes sociales.

L’enjeu n’est pas de savoir quelle source d’énergie pourra remplacer les énergies fossiles. Il est de comprendre qu’une source d’énergie ne peut trouver sa place si les structures sociales ne sont pas capables de la recevoir. L’énergie solaire, par exemple, est le seul apport d’énergie extérieur à notre planète, c’est le formidable moteur du climat et des écosystèmes. Certains laissent entendre que cette manne énergétique ne pourrait pas alimenter nos activités humaines. Pourtant, le potentiel est évidemment suffisant, mais le blocage n’est pas là. Le fait est que l’énergie solaire captée est directement proportionnelle à la surface de captage. Une industrie consommatrice d’énergie solaire préférera l’espace des campagnes, plutôt que la ville et son prix élevé du mètre carré. Et puis, notre organisation sociale n’est pas capable de moduler ses activités en fonction de la ressource disponible, de la saison ou de l’heure de la journée.

On comprend que l’ampleur du changement serait sans doute plus social que technique… Pour les énergies fossiles, nous avons su placer géographiquement nos activités près des fleuves, des mers, des ports et des pipelines, là où l’énergie était accessible. Maintenant qu’elle l’est moins, c’est sur un plan sociétal que notre stratégie a besoin de se déplacer afin de se créer l’accès aux autres sources d’énergies. La situation énergétique actuelle et à venir dépend de la situation sociale actuelle plus que de toute autre avancée technique.

Le changement sera-t-il subi ou choisi ? Il y aura un changement d’organisation sociale parce que les ressources sur lesquelles nous nous reposons sont finies. Nous nous adapterons mais c’est de stratégie dont il est question et de la manière dont nous voulons faire nos choix énergétiques dont il faut discuter.

Deux employés d'une centrale électrique au bois, Inde

Des organismes tentent de dessiner des scénarios énergétiques pour évaluer les moyens dont nous disposons pour effectuer la transition. Trois leviers sont mis en évidence : la sobriété énergétique, l’efficacité énergétique et les énergies renouvelables. Les deux derniers font appel respectivement à des compétences techniques d’optimisation et d’innovation. La sobriété énergétique concerne, elle, directement les comportements, les habitudes sociales et nos modes d’organisations. C’est le levier à activer et qui définit la notion de besoin : quelle quantité d’énergie minimum est utile et nécessaire au fonctionnement de nos activités humaines ? L’énergie la plus facile à produire est celle qu’on ne consomme pas. La sobriété énergétique devient donc un vrai axe de développement. N’est-ce pas, en effet, ce que nous recherchons : l’énergie la plus facile à produire ?

En France c’est Négawatt, une association au nom évocateur, à l’influence grandissante depuis 2001, qui a fait une place à la sobriété énergétique. Le scénario Négawatt 2011 (voir graphes ci-dessous) place la sobriété à la première place, c’est un potentiel à exploiter. Comparaison des productions (TWh) en énergies primaires entre le scénario tendanciel, scénario du laisser faire (à gauche) et le scénario Négawatt 2011 (à droite) :

En Allemagne, les choix énergétiques des décennies passées ayant préparé le terrain, c’est le gouvernement lui-même qui intègre, implicitement, la notion de sobriété dans ses scénarios (scénario de production brute d’électricité ci-dessous) :

Comme Négawatt, ce scénario du gouvernement allemand prévoit une réduction de la demande d’électricité. La comparaison entre les deux graphiques fait clairement apparaître une vision unique de la route à suivre. Cette réduction des besoins est la conséquence d’une sobriété énergétique.

Ce recours à la sobriété est nouveau pour les énergéticiens et c’est un travail sur le tissu social qui s’annonce. Sur le terrain, pendant cette année en tant que « vagabonds de l’énergie », la plupart des acteurs de l’énergie rencontrés avaient conscience des limites de la technologie. Ils partagent le sentiment d’un nécessaire changement de comportement des populations, sinon d’une prise en compte de ses comportements. Une mutation sociale peut se révéler bien plus efficace que toute innovation énergétique (ex : pratique du covoiturage). A l’inverse, l’adaptation de la technique sans prise en compte des comportements sociaux ne produit pas toujours le gain espéré (aussi appelé « effet rebond » : diminuer la consommation de carburant des voitures peut encourager les consommateurs à acheter des voitures plus puissantes ou à l’utiliser plus souvent).

La sobriété énergétique est une filière qui s’ouvre, il faut inventer les outils et les moyens de la mettre en œuvre. L’avenir de l’énergie, c’est moins d’énergie.

- Retrouvez ici le récit des aventures des Vagabonds de l’énergie.

[1] (Arnaud Crétot de Polytech’Nantes et Robin Deloof de Polytech’Tours)

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Vagabond de l’énergie

6 commentaires
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  • Félicitation
    Je salue votre démarche et j’espère qu’elle vous permettra de trouver des solutions pour faire avancer les choses.
    Mais en réalité pour que cela change ou est le vrai problème ?
    A la lecture de votre article j’ai en parallèle cherché à savoir combien ça coute de rouler à l’électrique ?
    Une fois de plus quand ont parcourt le sujet ,on en viens très rapidement au constat qu’il n’y a pas de réel volonté politique pour "accélérer" la vente de ce type de solution.
    En effet, l’état
    1) n’exerce actuellement aucune pression auprès des industriels pour commercialiser des véhicules à des prix abordables (les industriels s’en mettent plein les poches)
    2) Continue de taxer les batteries de façon élevée malgré le prix d’achat couteux de ce type de véhicule ce qui rend à l’usage le cout proche d’un véhicule Diesel un véhicule.
    3) Ne développe suffisamment le réseau des bornes de recharges.
    Je vous laisse tirer vous-même vos conclusions.

    Voir également :
    http://www.metronews.fr/conso/voitu...

    27.12 à 11h25 - Répondre - Alerter
  • Notre société moderne est fondée sur une énergie facile à extraire, intense mais polluante : le pétrole. Les technologies de substitution existent, et comme cet article l’illustre parfaitement, l’aspect social est l’unique levier à actionner pour faire vivre cette transition énergétique nécessaire ! Pourtant, les années passent et se ressemblent, la transition risque de ne pas se produire et notre société de la surconsommation s’effondrera. Mais le changement d’un modèle énergétique dépassé ne viendra de personne, sauf peut-être de chacun d’entre nous.

    Il faudrait tout d’abord rendre nos vies plus sobres en énergie non ? A commencer par notre habitat : l’isolation des murs, des ouvertures et de la toiture devrait être une priorité. Pourquoi gaspiller l’énergie pourtant si précieuse à notre "confort de vie" ?

    23.07 à 10h32 - Répondre - Alerter
  • il faudra inclure Chine et Inde pour constater que le "driver" principal des changements énergétiques sont les pays émergents à forte démographie.

    Certes, on peut et on doit parier sur une baisse de consommation dans les pays développé, mais au niveau mondial, désolé mais la majorité des scenarii prévoit une augmentation très forte de la demande.

    Donc la conclusion "l’avenir de l’énergie, c’est moins d’énergie" s’adresse essentiellement aux pays riches

    18.07 à 17h26 - Répondre - Alerter
    • En fait, l’Inde était sur la route, cela a représenté 4 mois du projet. En Inde, il y a notamment eu la rencontre a M. V. K. DESAI, un homme qui se bat pour un autre modèle de développement. Et justement en Inde nous sommes restés deux mois à ses côtés, avant de parcourir le reste du pays, pour bien comprendre les enjeux. Voici le lien du travail réalisé avec lui et les porteurs d’un projet qui a de l’avenir lui aussi, le Solar Fire :

      http://vimeo.com/19633323

      Mais nous sommes d’accord, un an est insuffisant, il reste beaucoup à découvrir et il ne faut surtout pas hésiter à faire d’autres voyages, il faut faire circuler les idées...

      19.07 à 08h12 - Répondre - Alerter
      • Merci de faire partager votre expérience. Le Solar Fire est assez rudimentaire et à voir la structure imposante qu’il a fallu édifier on ne peut s’empêcher de penser à la quantité d’énergie nécessaire à sa fabrication : extraction de minerais, son transport, sa transformation l’énergie humaine etc tout ça pour au final quelques jets de vapeur... ? pour un pays de 1,2 milliard d’habitants

        20.07 à 08h52 - Répondre - Alerter
      • Production d’énergie
        28% Charbon
        32% Pétrole
        21% Gaz
        6% Nucleaire
        2% hydro
        10% Biomasse
        1% Nouvelles énergies renouvelables (éolien, solaire, géothermie, énergies de la mer)

        La route sera longue

        20.07 à 14h44 - Répondre - Alerter
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