L’antidote à la crise

Avez-vous senti cet engourdissement qui nous prend aux premières pluies d’automne, annonciateur d’une inexorable « descente » vers l’hiver ? Il contribue certainement à faire de novembre l’un des mois les plus moches de l’année. Mais en cet automne 2012, il y a un petit quelque chose en plus. Ou un petit quelque chose en moins. En fait, un petit quelque chose en trop. Comme un seul homme, et comme trop souvent, « les médias » ont mis la crise à l’agenda, matin, midi et soir. En tartines, en apéritif, en buffet froid ou en salades, entre la poire et le fromage et même au dessert. La crise est partout, nous en avons plein la bouche et elle nous plombe l’estomac. Il est à parier qu’elle ne quittera plus le devant de la scène avant plusieurs mois, si ce n’est plusieurs années. Les médias fonctionnent ainsi.

Le monde n’est plus qu’une immense crise

C’est bien dommage, car cette obsession de la crise, ainsi que la quête corollaire, et obsessionnelle, d’une croissance productiviste « à la sauce XXe siècle », nous empêchent de faire les bons constats. La crise est présentée comme sociale, financière, de la dette, etc. Mais on oublie qu’elle est aussi – avant tout ? – environnementale. Notre crise est celle de nos excès, de notre incapacité à poser des limites et de cette croyance folle que notre monde physique n’en connaît pas. Tant que ce constat-là ne sera pas acté et mis au premier rang des sujets à traiter, la crise ne quittera pas les unes. D’ici là, le discours dominant laissera penser que, puisque la crise nous saisit, la seule urgence consiste à ne pas nous laisser engloutir. Nous verrons bien les solutions un autre jour.

Solutions ordinaires, méthode extraordinaire

Terra eco veut préserver vos estomacs et, sans contester évidemment la réalité de la crise, ne s’associera pas à cet exercice de déni collectif. Faute de disposer clés en main d’un nouveau logiciel économique, social et environnemental, nous poursuivons notre exploration du changement qui prend forme dans la société civile. Nous vous parlons souvent de ces entrepreneur(e)s qui imaginent des solutions – notamment autour de la consommation collaborative – pour changer le monde. Ce mois-ci nous mettons à la une celles et ceux qui proposent des solutions « ordinaires » – des portes, des maisons, des produits d’entretien – conçues de manière extraordinaire. Ces entrepreneur(e)s le disent eux-mêmes et elles-mêmes : ils ne vivent pas au pays des Bisounours et leurs entreprises ne sont pas parfaites. Mais ils font leur métier avec du cœur, c’est-à-dire avec engagement et bienveillance, pour leurs salariés, pour leurs clients, pour la planète. C’est sans doute leur meilleur antidote à la crise. —