A 25 ans, Annaelle obtient son bac+5, un master de géographie. Mais, avec ce diplôme, elle ne trouve pas de travail. « Pendant deux ans, j’ai cherché, envoyé des lettres de motivation, mais ça n’a jamais abouti. C’était toujours les mêmes excuses : pas assez d’expérience, trop diplômée. Bref, je me suis décidée à reprendre une formation et un peu par hasard, je suis tombée sur Adema », se souvient-elle. Adema, un acronyme étrange pour une formation d’un mois : une initiation au secteur agricole. Après un an et demi d’existence, 4 000 chômeurs en ont profité.
A l’été 2010, Annaelle suit cette formation avec le FAFSEA, l’organisme qui propose le cursus Adema (Accès des demandeurs d’emploi aux métiers agricoles), en partenariat avec Pôle emploi et les entreprises agricoles. On lui présente le secteur, les différents types d’emplois. Passionnée de géographie, le paysage résonne comme une évidence. Pendant trois semaines, elle est initiée au métier de jardinier-paysagiste dans une entreprise d’espaces verts. Un séjour qui finira de la convaincre.
« Enfin, on m’a donné ma chance »
« C’était parfait. Une formation courte où on est tout de suite dans la pratique, ça met vraiment le pied à l’étrier. Aujourd’hui, je suis une formation professionnalisante pour les travaux de paysage et espaces verts. » En mai prochain, la jeune femme aura un nouveau diplôme en poche et un emploi, déjà trouvé à Montmorency, en Ile-de-France. Elle compte travailler pendant un an ou deux, puis fonder sa propre entreprise. « Ça y est, je vais travailler ! J’ai finalement passé cinq ans à faire de la conception, aujourd’hui je passe à la pratique. Enfin, on m’a donné ma chance. »Cette chance, 4 000 personnes l’ont eu. « La majeure partie des bénéficiaires ne connaissaient pas du tout l’agriculture, c’est pour eux une reconversion totale et une réussite, commente Yves Honoré, directeur général de la formation. Six mois après la formation Adema, 50% d’entre eux ont un emploi et 20% suivent une formation professionnelle. »
« Travailler la terre est une valeur forte »
La moitié des bénéficiaires a moins de 30 ans, les deux tiers sont des hommes avec, en général, des qualifications allant jusqu’au CAP ou BEP. 70% des personnes qui passent un mois de « formation Adema » ne touchent plus leurs indemnités chômage. Alors, se lancer dans l’élevage, le maraîchage, c’est un peu la dernière chance, mais vers un secteur porteur. Mal connu, le secteur agricole recrute, 30 000 CDI par an et à différents niveaux de qualifications.L’agriculture, un eldorado pour les déclassés de la société ? Yves Honoré a bien envie de répondre oui. « Les gens sont enthousiastes. Travailler la terre est une valeur forte qui a du sens. Beaucoup disent, surtout dans le secteur céréalier, qu’ils participent à l’alimentation humaine. Ça apporte du sens à la vie professionnelle, parfois même personnelle. C’est finalement un moyen de se reconstruire. »
Mais la formation ne peut pas accueillir un nombre illimité de personnes. Son budget jusqu’à la fin 2013 financera la formation de 4 000 nouvelles personnes.
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