publicité
haut
Accueil du site > Actu > Société > L’Amérique qu’on aime
25-04-2007
Mots clés
Social
Société
Etats-Unis

L’Amérique qu’on aime

Taille texte
{#TITRE,#URL_ARTICLE,#INTRODUCTION}
 
Derrière les 50 étoiles du drapeau américain, ça s’agite. Au-delà de la "façade George Bush", des entreprises, des associations, des élus et des particuliers se mobilisent pour rétablir le respect de l’environnement et la solidarité. Plongée dans des Etats un peu plus Unis.
SUR LE MÊME SUJET

« Je me suis dit qu’il fallait absolument faire quelque chose. Alors, je me suis lancé le 16 février 2005. » C’est presque le désespoir qui a poussé Greg Nickels à agir. Pourtant, le maire de Seattle (Etat de Washington, nord-ouest) semble plutôt décontracté. « C’était le jour de l’entrée en vigueur du protocole de Kyoto. Et nous, les Etats-Unis, première puissance économique du monde et pays de la liberté, ne l’avions même pas ratifié. »

Priorité au local

L’élu démocrate a donc annoncé que, dans sa propre ville, il ferait appliquer les normes du protocole. Cette déclaration a fait boule de neige. Aujourd’hui, 442 maires démocrates et républicains, y compris ceux de New-York, Los Angeles, Chicago, Miami ou Atlanta, représentant 61 millions d’habitants, ont signé l’Accord des maires des Etats-Unis sur la protection du climat.

Nickels est l’une des figures de proue de cette « autre Amérique ». Celle qui ne supporte plus la politique de l’administration Bush sur le plan environnemental, mais aussi économique et social, fiscal ou encore scolaire. Car les bonnes nouvelles sont rares. La croissance, qui s’est bien redressée après les événements du 11 septembre 2001, et le chômage, dont le taux oscille entre 4,5 % et 5 %, sont des éléments encourageants.

Des domaines purement économiques dans lesquels le gouvernement fédéral n’intervient pas – ou peu. Le nombre de créations d’emplois, pierre angulaire du rêve américain, qui tourne autour de 2 millions chaque année, figure lui aussi au rang des satisfactions.

Les citoyens se retroussent les manches

Mais aux yeux de la population américaine, ces indicateurs sont insuffisants pour faire pencher la balance du bon côté. Après plus de six ans de politique conservatrice, les Etats-Unis cumulent en effet les mauvais points. Le désastre irakien a durablement entamé le crédit des Etats-Unis sur la scène diplomatique internationale. Les réformes fiscales votées au cours du premier mandat ont bénéficié aux plus riches et plombé les classes moyennes et défavorisées, croulant déjà sous le fardeau de l’endettement.

L’absence de réforme des retraites ou du système de santé a révélé des dysfonctionnements inquiétants. Enfin, en janvier 2001, Bill Clinton avait rendu les clés du pays avec des comptes équilibrés. Aujourd’hui, le déficit budgétaire atteint 247,7 milliards de dollars (pour l’année 2006) et la dette nationale près de 9 000 milliards de dollars, selon les chiffres publiés par le département du Trésor. La « guerre globale contre le terrorisme » est passée par là.

Une touche d’Etat Providence

Du coup, les Américains réagissent. Et pas seulement en réponse à la politique de George W. Bush. Les initiatives se prennent à tous les niveaux, de haut en bas et de bas en haut. La nouvelle majorité démocrate au Congrès et la plupart des candidats à la présidence se sont assigné un objectif : redonner de l’espoir à l’Amérique en difficulté et impliquer plus fortement les pouvoirs publics. Meilleur exemple : la loi augmentant le salaire minimum dans tout le pays a été impulsée en février par les démocrates.

Ce « minimum wage », qui peut être comparé au Smic, n’avait pas bougé depuis dix ans. Il est passé de 5,15 à 7,25 dollars – 5,30 euros – par heure de travail, une hausse étalée sur deux ans. Le Congrès décide d’un niveau pour l’ensemble de la nation. Mais chaque Etat est libre de légiférer et d’aller plus haut en la matière.

Une autre idée fait son chemin, élevée au rang de priorité nationale par les candidats à l’investiture démocrate Hillary Clinton et Barack Obama : une couverture santé universelle. Arnold Schwarzenegger, le gouverneur de Californie, un républicain, s’est récemment prononcé en sa faveur. Cette sorte de couverture maladie universelle (CMU), qui associerait services public et privés, se heurte sur le terrain à un système complexe, où les intérêts des grandes compagnies d’assurance privées s’opposent aux responsables publics.

Une alternative à l’Etat

L’Etat-Providence n’existant pas aux Etats-Unis, les Américains ont en effet recours à des mutuelles privées pour se soigner. Plus on a d’argent, mieux l’on est soigné. On estime ainsi à 45 millions le nombre de citoyens dépourvus de couverture maladie, soit 15,6 % de la population (et 11,4 % des moins de 18 ans). Mais l’ex-Terminator se fait audacieux, au risque de froisser son propre parti : cette couverture pourrait en effet concerner les enfants d’immigrés clandestins.

Ce n’est pas tout. Pragmatiques, les acteurs du changement misent sur l’échelon local pour faire avancer les choses. Ce n’est pas totalement une nouveauté aux Etats-Unis. Dans une fédération où les prérogatives sont clairement définies entre les 50 Etats et l’Etat fédéral, le balancier de l’Histoire a souvent penché d’un côté, puis de l’autre. En revanche, la multiplication de ces initiatives locales (Etats, comtés, villes), associatives, communautaires ou même entrepreunariales en réponse à la politique de Washington est flagrante aujourd’hui. En matière d’environnement, des multinationales comme General Electrics ou Goldman Sachs, se sont clairement engagées (lire page 8).

Politiquement, Arnold Schwarzenegger a été, là encore, le gouverneur le plus en pointe. Le 30 août 2006, contraint de cohabiter avec un Congrès local majoritairement démocrate et une opinion publique progressiste, Schwarzy a annoncé que la Californie s’engageait à réduire d’un quart les émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2020. Soit l’équivalent de 174 millions de tonnes de CO2. Il s’agit du plan de lutte le plus audacieux en la matière.

Il faut dire que la Californie, avec 32 millions de voitures pour 36 millions d’habitants, est aussi l’Etat le plus pollueur. Dès 2005, c’est même un « mini-Kyoto régional », rassemblant sept Etats du nord-est du pays, qui a vu le jour à l’initiative du gouverneur de New York de l’époque, George Pataki. Un républicain…

Innombrables mécènes

Le réveil américain passe aussi par la solidarité et l’extraordinaire maillage du voisinage, du quartier, de ce qu’on appelle la « communauté » au sens large : la paroisse, le club de base-ball ou l’association caritative. On ne compte plus les ONG qui œuvrent pour les droits civiques ou l’inscription sur les listes électorales des populations ghettoïsées, à l’image de l’Union des libertés civiques américaine. Les fondations à but culturel ou scolaire richement dotées par des mécènes généreux sont innombrables : le Getty Center, à Los Angeles, expose parmi les plus célèbres tableaux du monde et se visite gratuitement.

Les jardins magnifiques et cafétérias aux tarifs abordables attirent de nombreuses familles, de toutes conditions sociales, tous les week-ends. Ajoutez à cela les groupes de citoyens « éveillés », comme les Tree People, qui plantent des arbres dans les quartiers bétonnés avec l’aide d’enfants issus de familles en difficulté.

Pour Steven Hill, directeur de recherche à la New America Foundation, un groupe de réflexion indépendant, « c’est finalement le bon côté de tous les problèmes économiques, sociaux et écologiques rencontrés par les Etats-Unis. Face à l’inertie du président Bush, il est positif de voir les efforts des citoyens en terme d’engagement. Pour autant, cette volonté est insuffisante, poursuit Steven Hill. C’est à l’Etat fédéral de s’engager. »


ARTICLES LIES :

- Finances : Goldman Sachs ou le billet vert

- Association : Uncommon Good, pour le bien commun

- Personnalité : Tavis Smiley, la star démultipliée

- Entreprise : Northern power dans le vent

- Ville : de la vie dans le désert

- Les Etats-Unis en chiffres

Faites réagir vos proches, diffusez l'info !
Vous aimez Terra eco ? Abonnez-vous à la Newsletter
TOUS LES COMMENTAIRES
COMMENTAIRES SÉLECTIONNÉS
RÉPONSES DE LA RÉDACTION
Trier par : Plus récents | Plus anciens
Affichage : Voir tout | Réduire les discussions
Soyez le premier à réagir à cet article !
PUBLIER UN COMMENTAIRE

Un message, un commentaire ?

  • Se connecter
  • Créer un compte

publicité
1
publicité
2
    Terra eco
    Terra eco
publicité
3
SPIP | squelette | | Plan du site | Suivre la vie du site RSS 2.0
publicité
bas