J’ai testé : un cours en ligne sur l’agroécologie

Il y avait déjà le classique «  J’peux pas, j’ai piscine » ou l’ironique « J’peux pas, j’ai poney ». Moi, j’ai inventé le « J’peux, pas j’ai Archi ». Archi ? Le nom que j’ai donné à Archibald, la mascotte ver de terre des équipes du Mooc (acronyme anglais signifiant cours en ligne ouverts et massifs) d’agroécologie. Il m’a envoyé plusieurs mails pour me rappeler que la rentrée approchait. A force d’interviewer des agriculteurs, l’agroécologie (1) me disait quelque chose. Alors quand j’ai vu que Montpellier Supagro proposait un Mooc gratuit sur le sujet, je me suis dit banco ! Après des années dans des amphis sous-chauffés, l’idée de m’instruire depuis mon lit avec mon ordinateur et Internet me séduisait. Pourtant, j’ai procrastiné. Première semaine de cours sur cinq, je ne trouve pas le temps de me rendre sur la plateforme. Archi m’avait pourtant prévenue : quatre à cinq heures de travail hebdomadaire quand même… Voilà comment je me suis retrouvée, la deuxième semaine, à décliner les invitations pour écluser les cours loupés de mon lombric instit.

Canards dévoreurs de mauvaises herbes

Le Mooc propose deux parcours : initiation ou enquêteurs. Ces derniers, en plus du cours, devront mener une étude de terrain. « Il s’agira de partir à la rencontre d’un agriculteur, d’un élu local, d’un boucher… Le plus simple, c’est de chercher autour de toi », explique une enseignante dans une vidéo où elle s’adresse à un figurant qui semble aussi perdu que moi. Je sens le mauvais plan et préfère la version light… qui, je l’avais bien deviné, n’est pas si light ! Une fois que j’ai appris à slalomer entre les vidéos, les textes et les infographies, je découvre les concepts de traits fonctionnels et d’allélopathie (2) avec des professeurs qui récitent leurs textes sur fond bleu. Rien à voir avec les tutoriels Youtube que je regarde pour fabriquer des origamis. A part le reportage télé sur des canards dévoreurs de mauvaises herbes dans les rizières de Camargue, le contenu – bien que très intéressant – n’est pas très grand public. Nous sommes 11 681 « moocasiens » répartis des îles Marshall à l’Inde si j’en crois la carte réalisée à partir de notre géolocalisation. Je suis censée interagir avec mes camarades virtuels sur des forums. Certains se sont déjà lancés dans des discussions passionnées sur la trufficulture, l’aquaponie, ou l’agroécologie et le camping… Aucun SOS de moocasien en détresse. J’en déduis que je dois être l’une des rares débutantes et que je n’ai plus qu’à m’accrocher. Car cette formation est notée et il faut dépasser les 50 % pour obtenir son attestation de réussite ! Il y a d’abord ces petits quiz glissés dans les cours. Faciles. Mais parfois, je galère, comme avec cet exercice de la troisième semaine. On me parle d’écosystèmes naturels, d’agroécosystèmes durables et d’agrosystèmes conventionnels. Je dois dire pour chacun d’eux si la production, la productivité, la diversité, la résilience, la flexibilité, les interventions humaines, l’autonomie et la durabilité sont faibles, faibles/moyennes, moyennes, moyennes/élevées ou élevées. L’enfer ! Je préfère encore les essais à rédiger.

« Selon vous, quelles réponses originales l’agroécologie apporte-t-elle aux impacts environnementaux, socio-économiques et culturels de la modernisation agricole ? », me demande-t-on. La correction se fait par les pairs, ce qui signifie que je dois moi aussi noter des copies. Je m’arrange avec la grille d’évaluation pour permettre au meilleur de mes trois élèves d’un jour d’atteindre la moyenne. Au passage, je glisse un mot gentil en bas de son devoir. C’est important, les encouragements… Je l’ai compris la quatrième semaine, lorsque, après avoir rédigé une page sur l’agroécologie et l’élevage de brebis, je récolte un 2/20. Commentaire du correcteur : « Désolé, votre texte est intéressant, mais les critères d’évaluation ne me permettent pas de vous mettre des points. » Je finis le Mooc ric-rac avec 56 sur 100. Ouf ! Pas besoin d’expliquer que je me suis fait recaler par un lombric à cause d’un devoir raté sur des bovins. —

(1) L’agroécologie veut répondre aux impacts négatifs de la modernisation agricole, en utilisant les capacités naturelles à produire.

(2) Les traits fonctionnels déterminent à la fois la réponse des espèces végétales aux contraintes environnementales et leur effet sur les processus des écosystèmes. L’allélopathie est l’ensemble des interactions biochimiques d’une plante sur une autre.

Mooc ou mook ?

Phonétiquement semblables et tous les deux à la mode ! Attention à ne pas confondre le Mooc, cours en ligne, et le mook, un hybride entre un magazine et un livre.

Trouver son Mooc

Du vin aux big data en passant par les langues étrangères et les sciences de l’environnement, il y en a pour tous les goûts sur le site de France université numérique.

Agroécologie, le retour !

Archibald a promis, pour 2016, une nouvelle édition du Mooc et l’ouverture d’un portail de ressources pédagogiques sur l’agroécologie.