publicité
haut
Accueil du site > Actu > Conso > J’ai testé le locavégétarisme
Article Abonné
26-01-2012
Mots clés
Alimentation
France

J’ai testé le locavégétarisme

Taille texte
{#TITRE,#URL_ARTICLE,#INTRODUCTION}
J'ai testé le locavégétarisme
(Crédit illustration : Julien Couty)
 
Quelques céréales, une poignée de légumes et un soupçon de fromage, je me lance dans le régime macrobiotique local. Pas simple si l’on raffole de café, mais mes papilles sont conquises… sauf pour les desserts.
Le Baromètre de cet article
ÉCOLOGIE SOCIÉTÉ ÉCONOMIE
SUR LE MÊME SUJET

Voilà le genre de test dont j’aimerais d’office me désolidariser. C’est le genre qui ne peut germer que dans le cerveau particulièrement tordu d’un rédacteur en chef en mal d’aventure. « Et si tu essayais le régime à base de protéines végétales ? Pendant une semaine ! » Euh, non, pourquoi ? Tout va bien, j’ai stabilisé mon 60 kg depuis dix ans. Mais la crise est là et certaines injonctions ne se discutent pas.

Me voilà donc partie avec mon chariot à la boutique macrobiotique de Paris, Grand Appétit. Ben oui, qui dit régime à base de protéines végétales, dit macrobiotique. Sauf que ce mot fait peur. Rien qu’à son évocation, je vois une horde d’humains anémiés réunis dans un restaurant houellebecquien. C’est idiot, je sais… Précisons au passage que ce régime alimentaire n’est ni complètement végétalien ni complètement végétarien.

« La proportion des aliments de source animale peut représenter jusqu’à 20% de la diète (poisson en priorité, puis œuf, viande d’agneau ou de poulet, ndlr) dans les phases de transition vers le régime macrobiotique idéal, très pauvre en viandes, volailles et leurs sous-produits », m’explique, pédagogue, la vendeuse du Grand Appétit. Ouf. Dans ce régime, il faut 50% à 60% de céréales complètes – riz, millet, orge perlé, sarrasin. Autant vous prévenir que, locavorisme oblige, j’ai renoncé au quinoa qui bousille l’altiplano péruvien (lire aussi ici), ainsi qu’au fonio, céréale africaine délicieuse et trop peu connue.

Un goût « paysan du terroir »

En revanche, j’en ai redécouvert une en désuétude, qui mérite pourtant sa place sur nos tables : j’ai nommé le sarrasin. En France, au début du XXe siècle, il occupait près de 600 000 hectares, contre 3 000 à 4 000 aujourd’hui, selon le ministère de l’Agriculture, principalement en Bretagne (sous l’égide de l’association Blé noir tradition Bretagne) et dans le Massif central. C’est surtout en Pologne, en République tchèque et en Russie qu’on le cultive. En Corée du Sud et au Japon, on récupère même les cosses des graines pour rembourrer des oreillers. Pour moi, cette céréale, qu’on peut acheter grillée, confère un goût « paysan du terroir » à n’importe quelle viande.

La trouvaille de ma semaine céréalière fut ce risotto de sarrasin, cuit au bouillon de légumes, dans lequel j’ai incorporé moult parmesan, de la roquette, des noix et de la scamorza fumée, ce fromage qui ressemble à une excroissance de testicule. Un carton ! Y compris auprès de ces messieurs qui pensent qu’il leur faut un gros steak pour être rassasiés. Dans le régime, il faut compter 20% à 30% de légumes. Les miens proviennent de l’Amap des Paniers du Val de Loire. Je n’ai donc jamais le choix d’une semaine à l’autre. La fois dernière, ce n’était pas la fête : deux panais, trois navets, des blettes, des patates et des oignons.

Airs japonisants en cuisine

L’avantage du test consistant à essayer des choses inhabituelles, je me suis mise à la technique de cuisson nituké, qui me donne de grands airs japonisants en cuisine. Il suffit d’avoir une cocotte en fonte, un fond d’huile et de laisser cuire longtemps et à tout petit feu les légumes très finement coupés. C’est un régal qui fond dans la bouche, mais qui coûte un bras en centrale nucléaire. Pour les 10% à 15% de légumineuses – comme les haricots et les fèves –, j’achète des algues séchées avec lesquelles j’assaisonne mes grains céréaliers. Et comme je suis une fan de sauce soja, je trouve dans mon tamari le complément nécessaire – il faut 5 % de soja fermenté ou de miso (pâte de soja et d’orge) – pour équilibrer le tout. On peut ajouter de petites quantités de fruits, cuits de préférence, de saison of course, et tous issus de la même région (500 km tout au plus).

Tout le monde s’en étonne, mais l’hiver est la saison du kiwi dans le Loiret. Et si on fait resurgir les légumes anciens, n’oublions pas non plus les variétés fruitières du passé : pommes, poires, coings, kakis, nèfles, etc. Mais bon, il faut confesser que la macrobio est très triste au niveau des desserts. La difficulté du test consistait à y adjoindre un impératif : que tout soit local, c’est-à-dire au moins français. Ben, c’est complètement raté ! Il est hors de question de se priver de café, thé, chocolat ou épices. On peut donc croire en « l’exception Marco Polo » pour tout régime alimentaire. Parce que bon, sans cumin, ni chocolat pour adoucir les papilles, autant se suicider au McDo.


Vous aussi, vous aimez les graines et avez testé les régimes macrobiotique, végétarien ou végétalien, racontez-le sur votre blog.

Faites réagir vos proches, diffusez l'info !
Vous aimez Terra eco ? Abonnez-vous à la Newsletter

Journaliste errant dans les sujets environnementaux depuis treize ans. A Libération, mais de plus en plus ailleurs, s’essayant à d’autres modes d’écriture (Arte, France Inter, Terra of course, ...). Il y a deux ans, elle a donné naissance (avec Eric Blanchet) à Bridget Kyoto, un double déjanté qui offre chaque semaine une Minute nécessaire sur Internet.

TOUS LES COMMENTAIRES
COMMENTAIRES SÉLECTIONNÉS
RÉPONSES DE LA RÉDACTION
Trier par : Plus récents | Plus anciens
Affichage : Voir tout | Réduire les discussions
Soyez le premier à réagir à cet article !
PUBLIER UN COMMENTAIRE

Un message, un commentaire ?

  • Se connecter
  • Créer un compte

publicité
1
publicité
2
    Terra eco
    Terra eco
publicité
3
SPIP | squelette | | Plan du site | Suivre la vie du site RSS 2.0
publicité
bas