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24-05-2012
Mots clés
Alimentation
France

J’ai testé la vie sans argent

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J'ai testé la vie sans argent
(Crédit illustration : Julien Couty)
 
Fermer mon porte-monnaie à double tour pendant une semaine ? Fastoche : je suis loin d’être une consommatrice compulsive… si l’on excepte les restos, les cavistes et les fromagers ! Mise au défi, je me mets en quête de bons plans gratos.
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ÉCOLOGIE SOCIÉTÉ ÉCONOMIE
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Vivre d’amour et d’eau fraîche ? Ô la belle et bonne idée. Sauf que l’amour, c’est rigolo cinq minutes et l’eau fraîche, ce n’est pas assez œnologique à mon goût. Ce mois-ci, on m’a malgré tout intimé l’ordre de vivre une semaine sans argent. A priori facile, me suis-je rassurée. J’ai la chance de ne jamais acheter de babioles. Les vêtements ? Uniquement lors des soldes. La journaliste que je suis reçoit ses essais écolos via les services de presse tandis que le comité d’entreprise pourvoit à mes places de cinéma. Et pour les petites conneries du quotidien, j’adore faire des stocks : tubes de dentifrice, shampoings, paires de chaussettes, produits d’entretien, rouleaux de papier toilette… Bref, je n’ai pas besoin d’entrer dans un supermarché cette semaine. Ma faiblesse, je le sais, ce sont les métiers de bouche. Fromagers, caves à vin, restaurants, boutiques bios… Autant d’aspirateurs à carte bleue (enfin, à carte blanche plutôt, parce que ma banque s’appelle le Crédit coopératif).

Lundi

Je ne suis pas sortie de la journée. Héhé ! Ce sera toujours ça de pris. Mais au déjeuner, mon roquefort faisait la gueule. Je suis allée quémander un quignon de pain au bistrot qui me sert de voisin. Momo, le tenancier, m’a demandé pourquoi je n’allais pas à la boulangerie. « Je ne dépense pas d’argent cette semaine ! », ai-je rétorqué. « Alors, je vous offre un café ! », m’a lancé un inconnu au bout du comptoir, un sourire en coin. Il s’appelle José, il a 54 ans et passe son temps à sadiser Wanda, un pitbull femelle super sympa. En fait, je crois que je vais surtout tester la générosité inintéressée de mes concitoyens. De retour chez moi, je balaie mes e-mails à la recherche des bons plans de la semaine : petits-déjeuners et déjeuners de presse, cocktails dînatoires, avant-premières à petits fours et j’en passe. Je note pour jeudi soir un cocktail qui accompagne la projection d’un documentaire sur les volcans.

Mardi

Mince, je n’ai plus de jus de canneberge. Arrivée au journal, je fais l’aumône d’une capsule de café-cher-mais-si-bon (Quoi ? On ne choisit pas sa cafetière professionnelle). Je récupère deux livres à l’œil – Merci la Terre (Editions du sang de la Terre, 2012) et Le sanctuaire de l’abîme (Editions de l’encyclopédie des nuisances, 2012). J’adore mon job ! J’enfourche mon destrier à pédales pour aller déjeuner dans les salons déserts du ministère de l’Ecologie (1). Comme il n’y a plus de ministre, autant aider les conseillers en berne à faire leurs cartons, hihi. De retour au travail, je passe devant la rue de Grenelle, où un excellent chausseur exerce ses talents. Je continue ma route. C’est bien ce test, chef, je viens d’économiser 400 euros ! Rien à dépenser l’après-midi. Le soir, je rentre gentiment chez moi cuisiner mes côtes de blette.

Mercredi

L’ambassade du Canada me propose de couvrir la conférence de l’année polaire internationale à Montréal. Billet et hôtel sont pris en charge. Voilà, boss, dans quelles affres ce test me plonge. En quatorze années de carrière, c’est mon premier voyage de presse. Enfin, je crois. Un collègue me ramène un sandwich. Je le rembourserai la semaine prochaine ! Par réflexe, j’ai oublié que je ne devais pas entrer dans un café, ni commander un thé au citron. Bilan : cinq euros envolés bêtement.

Jeudi

Je préviens un confrère qu’il va devoir m’inviter à déjeuner. Je re-mendie une capsule à café. J’ai besoin d’un nouveau rideau de douche. J’ai regardé s’il y en avait un sur le SEL de Paris. J’ai fait chou blanc. Quoi ? Vous ne connaissez pas le Système d’échange local, manants du bio ? Il s’agit d’un réseau – il en existe 450 en France – dont les membres échangent savoirs, pratiques, objets divers ou services au moyen d’une monnaie propre au réseau. On ne troque rien, on paie en « piafs ». Ce n’est pas nouveau, au Moyen-Age, un évêché ou une ville émettait des « méreaux » qui servaient aux échanges de la vie quotidienne locale. Oseille, radis, clous… Les monnaies locales font florès. Chez Leroy-Merlin, le rideau de douche m’a coûté des euros, 16,90 exactement. Pour aller au fameux cinéma, j’ai grugé dans le métro (il pleuvait). Le documentaire sur les volcans était super mais le pain surprise pas bio et roboratif. Je n’ai pas tout perdu : le médoc était excellent.

Vendredi

Damned, j’ai une cystite carabinée. Consultation chez le médecin : zéro brouzouf ; examen cyto-bactériologique en laboratoire : 22,54 euros ; une boîte de cachetons : 8,64 euros. Foutue santé.

Samedi

Dîner chez Lise. Impossible d’arriver les mains vides pour goûter ses linguine alle vongole. Il me faut du blanc. Or, je n’ai plus rien. Je décide d’amener le vieux gin qui croupit depuis des mois dans mon placard à picole. La tronche.

Dimanche

Je lis mes livres gratuits. Je dors. Je m’épile. Bilan Pas tout à fait gratos la semaine sans argent : je m’en tire au total pour 53,08 euros. Record à battre. —

(1) Test réalisé dans le courant du mois d’avril

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Journaliste errant dans les sujets environnementaux depuis treize ans. A Libération, mais de plus en plus ailleurs, s’essayant à d’autres modes d’écriture (Arte, France Inter, Terra of course, ...). Il y a deux ans, elle a donné naissance (avec Eric Blanchet) à Bridget Kyoto, un double déjanté qui offre chaque semaine une Minute nécessaire sur Internet.

2 commentaires
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  • ben dis donc, vivre sans argent en dépensant l argent des autres , quelle idée merveilleuse !
    dommage qu en ce qui me concerne, pas de ptitdej, dejeuner, ou diner offerts par le boulot !
    à quoi sert ce genre d’article ? Même pas rigolo !

    18.05 à 22h23 - Répondre - Alerter
  • Bravo, mais je vous bats, votre budget sans argent d’une semaine est souvent mon budget mensuel..sourire..., et pratiquement le budget de mes semaines avec argent, lorsque cela va plutôt mieux, car il est impossible de dire bien avec si peu.

    Je vous rassure ce n’est pas du sarcasme, mais juste la réalité de ce qui me reste lorsque le loyer et les charges divers obligatoires et mensuelles sont déduites. Ce qui est contrariant dans tout ça, c’est qu’hélas je sais que je ne suis pas la seule et qu’il y a pire.

    Merci à vous tous pour vos articles qui permettent à des personnes comme moi de rester les yeux ouverts et de tenter d’ouvrir ceux des autres.

    Cordialement
    Farimette

    17.08 à 20h45 - Répondre - Alerter
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