J’ai testé l’épilation bio

S’il est une activité humaine qui laisse perplexe, c’est bien l’épilation. Le retrait volontaire d’un attribut de notre animalité s’apparente à une sorte d’automutilation socialement validée, voire encouragée, pour des raisons purement esthétiques, superficielles et aussi légères qu’une jupe en soie. M’enfin, c’est ainsi… Moi je m’en fiche, la nature m’a bien dotée. Je ne parle ni de mon cerveau fulgurant, ni de mes grosses chevilles, mais de mon système pileux. J’ai la chance de disposer d’un pelage soyeux, pigmenté en parfait raccord avec la couleur de ma peau. Je suis une femme heureuse, non inféodée à l’épilation.

Toutefois, je reste une femelle du genre humain, c’est-à-dire qui ressent l’impéra-tif (huhuhu) besoin de la jambe douce pour se glisser dans ses robes. Peut-être suis-je une victime consentante et lucide de la pub et de certains médias qui nous abreuvent de mannequins à poil, mais sans poils. Peut-être ai-je trop regardé de films pornos où l’on érige l’épilation intégrale en référent de la séduction sexuelle. Peut-être suis-je tout bonnement tombée dans le string, devenu le sous-vêtement féminin le plus porté et le plus vendu, notamment auprès des djeun’s (avec le slip, il représente 31 % des parts de marché de la lingerie française). Peut-être tout ça, il n’empêche, le résultat est là : de temps à autre, je m’épile.

La pince des masos patients

Alors, autant le faire en respectant la Terre, cette bonne vieille Nénette. L’Homme a su faire preuve d’une créativité certaine pour se débarrasser de ses poils. De la plus douloureuse à la plus efficace, les techniques pullulent : cire, laser, rasoir, crème, etc. D’un strict point de vue environnemental, deux d’entre elles se dégagent du lot. A la pince, pour les masos du genre patient, et à la cire, pour les tenants de la tradition. Je vous annonce que c’est en faisant mon marché que je m’offre des épilations maison pour – presque – pas un rond. Car votre cire orientale est dans votre cuisine, petits scarabées poilus ! Il suffit de réunir sucre, jus de citron, miel et eau. Tout ça bio, bananes, c’est encore mieux (lire la recette au bas de cet article) ! Pour les paresseuses, il existe des bandes dépilatoires et des esthéticien(ne)s. Bah oui, on peut toujours faire faire par quelqu’un d’autre quelque chose qui nous prend vapeur. Ça s’appelle soutenir le petit commerce de proximité.Si l’épilation des demi-jambes se situe, en institut, dans une fourchette de 15 à 30 euros, difficile de savoir combien l’humain consacre à cette coquetterie. Selon une étude de marché réalisée à la demande d’American Laser Centers (une chaîne de franchise spécialisée dans l’épilation laser outre-Atlantique), nos consœurs américaines dépenseraient en moyenne au cours de leur vie plus de 6 500 euros dans les produits et services liés à l’épilation du corps. Des chiffres qui explosent littéralement – paraît-il – pour celles qui pratiquent l’épilation à la cire une ou deux fois par mois, leurs dépenses sur une vie entière étant alors estimées à quasiment 15 000 euros. Comme le commanditaire de l’étude défend la technique laser, pas étonnant de découvrir que les dépenses engendrées par cette méthode ne seraient « que » de 5 000 euros sur une vie entière.

Ecologie libidinale

Mais au-delà des techniques et des coûts, une question : faut-il s’épiler toute l’année ? Personnellement, l’été, mes poils blondissent. L’hiver, ils durcissent. D’ailleurs, à cette époque de l’année, je me laisse en jachère et leur accorde jusqu’à deux centimètres d’espérance de vie. En été, certaines oseront suivre l’inénarrable appel du groupe Ecologie libidinale, lequel nous enjoint à ne pas nous soumettre au diktat du lisse, par écologie du cerveau, c’est-à-dire pour des raisons fondamentalement féministes. Simone de Beauvoir s’appelait bien le Castor. —

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La recette

• 2 verres de sucre en poudre
• 1 demi-verre d’eau (il faut en mettre très peu, sinon la cire sera liquide)
• le jus d’un demi-citron (pour ses vertus désinfectantes)
• 2 cuillères à soupe de miel (pour ses vertus de soin)

Dans une casserole, faites chauffer le sucre et l’eau jusqu’à ce que le mélange épaississe. A ce stade, vous venez de réinventer le caramel. Versez une goutte sur une soucoupe. Il faut qu’elle soit bien bombée. Ainsi, on peut la manipuler entre ses doigts et la malaxer comme une bille. Incorporez alors le jus de citron au mélange, toujours à feu doux. Ajoutez le miel, et laisser bouillir à peine deux minutes. Apposez la cire tiédie en couches extrêmement fines, à l’aide d’une lame de couteau, par exemple. Toujours dans le sens de la pousse du poil. Appliquez une bande de tissu (ou de coton blanc découpé en bandes). Tirez en serrant les dents. Ayé, vous êtes douce et nature !