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27-09-2012
Mots clés
Santé
Alimentation
France

« J’ai (bien) vécu sans huile de palme »

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« J'ai (bien) vécu sans huile de palme »
(Crédit photo : Pascal Bastien pour « Terra eco »)
 
Les paris de fin de soirée sont parfois malins. Celui d’Adrien Gontier ? Eradiquer cette substance controversée de son quotidien. Récit à la première personne d’une année sans tache.
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ÉCOLOGIE SOCIÉTÉ ÉCONOMIE
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« C’était un dîner des plus classiques. On refait le monde, on s’empiffre, on débat et on ravale une bouchée. Les discours pro-environnement jetés entre le gratin de pommes de terre et le plateau de fromages, tout le monde s’en fiche. Il faut bien dire ce qui est. Ce soir-là, je discute avec un ami des méfaits de l’huile de palme. J’enchaîne les arguments : les risques pour la santé, la déforestation en Indonésie… Puis, je bondis de ma chaise : “ Quoi ? Tu ne connais pas ? C’est pas possible ! ” C’en est trop. Ce 3 juillet 2011, je décide, moi, Adrien Gontier, 26 ans, Alsacien pure souche, thésard à binocles en géochimie, de la boucler et d’agir.

Casse-tête du petit-déj’

Je tombe sur ce bouquin de la journaliste américaine Sara Bongiorni, Un an sans made in China. Le concept me plaît. Je fonce. Je sais pertinemment que ça va être dur. En fait, ça a été très dur. Je m’étais préparé à tirer un trait sur la pâte à tartiner, mon amie du petit-déjeuner. Mais l’huile de palme est partout. Et surtout là où on ne l’attend pas. Dans la nourriture, mais aussi dans les boissons. Comme cette eau aux arômes d’agrumes, dont la publicité vante les qualités amincissantes. Petite devinette : quelle est la différence entre un croissant “ au beurre ” et un croissant “ pur beurre ” ? C’est devenu mon casse-tête du matin de trouver LA boulangerie qui fait du pur beurre. Car le beurre, ça fond ! Pour pallier ce problème, les fournisseurs proposent du beurre mélangé à de l’huile… de palme, qui fond moins. Croissant moins cher certes, mais croissant palmé. C’est qu’elle est vicieuse, en plus, l’huile de palme, vu le nombre de pseudonymes qu’elle s’octroie pour ses dérivés. “ Palm kernel ”, “ zinc palmitate ”, “ alcool de palmitate ”, “ palm stéarine ”, “ glycol palmitate ”, etc. Je pourrais réciter ces noms comme un poème tellement je les lis, en déchiffrant pendant des heures les étiquettes au supermarché. Pourtant côté bouffe, je n’ai pas la sensation de me priver. Il suffit de changer ses habitudes. Oublier les plats préparés et acheter local. Mais tout se complique quand on sort. Au restaurant notamment. Heureusement, j’ai des adresses qui proposent des plats végétariens, végétaliens, sans gluten, locavores et tutti quanti !

Et les amis ? Dois-je rester cloîtré chez moi ? Un jour, ma copine sort de ses gonds et me crie “ Oh, on ne va pas se dé-so-cia-bi-li-ser ! ” Elle a raison, comme toujours ! Du coup, pendant les apéros, il faut apprendre à jongler entre les assiettes pour trouver la “ non palmée ”, sans trop se faire remarquer. La morale, ce n’est pas mon truc. Puis les mentalités évoluent. Un de mes amis a fêté la fin de sa thèse autour d’un pot 100 % sans huile de palme. On a tous cuisiné ensemble. C’est drôlement plus convivial.

Mon ami le vélo rose fuchsia

Quand je sors, j’ai toujours mon savon fait maison à base d’huile d’olive. Car dans les lieux publics, les produits d’hygiène regorgent d’huile de palme – et si ce n’est pas le cas, impossible de le savoir devant le lavabo ! Ah, oui, parce que l’huile de palme envahit aussi les cosmétiques, des shampoings aux dentifrices en passant par les crèmes de beauté. On nous titille avec l’esprit bio, nature, etc. Mais que se cache-t-il derrière ce doux substantif « huile végétale » ? Vous avez deviné ! Comme un consommateur curieux en mal d’informations, je harcèle les entreprises. Quelques-unes me répondent, me précisent la composition de certains de leurs produits. D’autres m’envoient un net “ on ne peut pas vous dire, pour des raisons de confidentialité ”. Alors je n’achète plus. Je mange, je me lave, mais je bouge aussi. En bon Français, je roulais au diesel… qui contient de l’huile de palme. Comme j’habite le centre de Strasbourg (Bas-Rhin), mon vélo rose fuchsia est devenu mon meilleur ami.

L’huile, on s’en fiche pas mal

Mais les vacances, les visites chez les beaux-parents et tout le tintouin ? J’ai pris l’habitude de grimper dans les trains régionaux qui acceptent les bicyclettes. Après deux changements, je saute sur mon fidèle destrier et je pédale dix kilomètres – et dans les Vosges, croyez-moi, ça grimpe ! Ma copine m’attend depuis deux heures. Qu’importe, je réussis mon pari. Un pari alambiqué. Parce que, au fond, l’huile de palme, on s’en fiche pas mal. J’aurais très bien pu m’en prendre au soja utilisé dans l’alimentation animale, ou même au thé, responsable de désastres forestiers dans le monde. Mais j’ai trouvé mon cheval de bataille. Pendant un an, j’ai raconté mes expériences et mes découvertes sur mon blog Vivresanshuiledepalme.blogspot.fr. Cet été, j’ai atteint mon 200 000e visiteur. Autour de moi, les gens remettent leur consommation en question. Ça me ravit, même si je vois toujours autant de déclinaisons du substantif « palme » dans les rayons. J’ai fêté mon premier anniversaire sans huile. Maintenant, je ne me jette pas pour autant sur ma pâte à tartiner chocolat-noisette préférée. Je reprends – en toute conscience – le volant pour découvrir les coins inaccessibles autrement qu’en voiture. Je ne suis pas un furieux dogmatique. Juste un type qui s’interroge. Je suis scientifique, ne l’oublions pas. » 


Guide pratique pour enlever le gras

Pour vous aider à vous passer de l’huile de palme, Adrien Gontier a réuni toutes ses astuces dans un guide. Si certaines marques ou supermarchés (Fleury Michon, Casino, Super U…) se vantent d’avoir banni l’huile, ses dérivés restent bien présents. Et ils se cachent même dans des produits écologiques, bios ou équitables. Impossible de se fier au label, puisqu’aucun ne garantit du « sans palme ». Il faut donc scruter les étiquettes. Car si la recette d’un produit est susceptible d’inclure de l’huile de palme, celle de son jumeau peut en être exempte. Par exemple, mieux vaut troquer le gel douche contre un savon solide à l’huile d’olive ou d’Alep. Pour l’entretien de la maison, au placard les liquides vaisselle : le savon noir fera l’affaire. Un bon vieux vinaigre blanc aura le dessus sur le calcaire et les fonds de casserole gras. Le bicarbonate de soude fera briller les plaques. Côté alimentation, pas de mystère : les plats préparés sont gavés de dérivés palmés. Pour le dessert, préférez le sorbet à la glace. Et, si vous ne pouvez pas vous passer de votre pâte à tartiner, Adrien Gontier vous donne sa recette maison à base de noisettes en poudre, de sirop d’agave et de cacao pur. A vos fourneaux ! —

Sources de cet article

- Le blog d’Adrien Gontier

Télécharger « Le Petit guide bleu des solutions »

A Year without made in China, de Sara Bongiorni (Wiley, 2011)

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Née au bout de la Loire, un pied dans l’Atlantique, l’autre embourbé dans la terre, elle s’intéresse aux piafs et aux hortensias, observe ses voisins paysans et leurs élevages bovins. Elle enrage devant les marées noires. Licenciée en lettres, elle sort diplômée de l’Institut pratique du journalisme de Paris en avril 2012. Elle scrute les passerelles qui lient les hommes à leurs terres. Parce que raconter la planète, c’est écrire au-delà des pommes bio et du recyclage de papier.

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