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3-12-2009
Mots clés
Biodiversité
Inde
Chronique

Inde : les femmes des tribus en mission verte

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ÉCOLOGIE SOCIÉTÉ ÉCONOMIE
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Il est six heures du matin et Jamuna Devi, dite « Lady Tarzan », trente ans, tend la corde de son arc dans sa maison du village de Muturkhan, dans l’État de Jharkand. Un groupe de quinze femmes se rassemble tranquillement dehors, chacune avec son arme et un long bâton, le « lathi », utilisé dans les arts martiaux.

Jamuna les emmène vers les forêts toutes proches. « Nous partons en patrouille de routine » dit-elle en rejoignant les autres femmes, qui ont entamé un chant mettant en garde les personnes qui voudraient couper illégalement du bois dans la forêt. Au cours des deux heures suivantes, le groupe de femmes va inspecter les cinquante hectares de la forêt située dans le district de East Singhbhum, afin de rechercher la mafia du bois.

Dix ans auparavant, cette vaste zone de collines était sèche et dénudée : la mafia du bois avait coupé tous les arbres de plus de trois mètres. « Durant les étés, nous n’avions pas de lumière, pas de bois pour alimenter le feu de nos cuisines, pas de fourrage pour nos chèvres et les niveaux d’eau avaient fortement baissé dans une zone de quinze kilomètres. » dit Jamuna, qui travaille comme journalière. « Nous avons donc décidé de combattre la mafia du bois et de protéger les arbres ».

En 1999, vingt-cinq femmes se sont réunies pour former le Van Suraksha Samity (Forest Protection Committee) et s’enregistrer auprès du département de la forêt. Puis elles se sont scindées en trois groupes pour patrouiller le matin, à midi et pendant la nuit. Au fur et à mesure qu’elles attrapaient les trafiquants et qu’elles les remettaient au département de la forêt, le bruit a commencé à courir que les arbres ne devaient plus être touchés.

La forêt de Muturkhan (le pays de Mutur) a maintenant près de 100 000 arbres. La plupart ont poussé naturellement et sont de la variété « sal », un arbre source d’encens, d’huile (pour les lampes) et de graisse. C’est aussi un excellent bois de charpente. On trouve aussi d’autres variétés, comme le karanja et l’acacia, qui ont été plantées par le département de la forêt. Le karanja sert dans l’industrie pour fabriquer les crèmes solaires, c’est un produit qui est aussi utilisé pour fabriquer du savon. L’acacia est utilisé dans des préparations médicinales.

Dans un État dont les zones forestières ont a perdu plus de 50% de leurs arbres au cours des dix dernières années, l’initiative n’est pas un luxe. « Au cours des cinquante dernières années, le Jharkhand a vu sa température moyenne croître de 1,2°C en mai, ce qui est plus élevé que les 0,7°C d’augmentation moyenne de la température mondiale » dit Dr. A. Wadood, président du département de physique agricole et météorologique à l’université agricole de Birsa. « La déforestation rapide a fortement contribué à cette élévation et tout effort contribuant à protéger les forêts d’État, petit ou grand, est le bienvenu ». Jamuna et son équipe ont déjà attrapé huit trafiquants. « Les étés ne sont plus une source d’inquiétude » dit le vice-président du village, Charu Charan Tuddu (50 ans).

La forêt aide aussi à maintenir le niveau de vie des 110 familles du village. Les femmes et les enfants fabriquent de la vaisselle à partir du bois de sal et gagnent près de 4 000 roupies (60 euros) en les vendant chaque mois sur les marchés voisins. Pour les remercier, le département de la forêt a donné au village un bâtiment pour l’école.

Les relations entre le département d’État et les tribus ne sont pas toujours aussi idylliques. La nationalisation des forêts a d’abord représenté pour la majorité des tribus la poursuite de la politique coloniale, car ces forêts « d’État », ils les revendiquent d’abord comme les leurs. La révolte « naxalite », qui est très forte et très bien implantée dans la région de Jharkhand, utilise la violence des armes contre les forces de l’État et bénéficie d’un soutien important de la part des tribus, qui ne voient venir aucun bénéfice de l’extension de la bureaucratie nationale – bien au contraire. Le geste du département d’État, en offrant une école, a aussi ce sens.

Un chronique de Fabrice Flipo, maître de conférence en philosophie et chercheur au groupe de recherche interdisciplinaire ETOS (Ethique, Technologie, Organisations, Société), librementinspirée d’un article du quotidien Hindustan Times.

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