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22-11-2009
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Fondue d’Arctique

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Fondue d'Arctique
 
Spécialiste des méduses et passionnée d'Arctique, Delphine Thibault-Botha, quadra biologiste, a fait le tour du monde pour étudier l'impact du réchauffement climatique sur les écosystèmes marins et a conçu le programme de biologie marine de Tara Arctic.
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ÉCOLOGIE SOCIÉTÉ ÉCONOMIE
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Qui dirait que cette petite blonde penchée sur un microscope du centre d’océanologie de Marseille cherche à sauver le monde ? Pourtant Delphine Thibault-Botha, 42 ans, a roulé sa bosse sur de nombreuses missions à travers le globe avec un seul objectif en tête : mieux connaître les conséquences du changement climatique sur le plancton et les méduses, notamment en Arctique. Et surtout parvenir à limiter les dégâts. Sa dernière contribution : avoir conçu le programme de biologie marine de l’expédition Tara Arctic, dont la goélette a dérivé dans l’océan polaire et constitué un poste avancé pour la recherche, de septembre 2006 à janvier 2008.

Si Delphine a dû quitter le navire après la prise en glace faute de place suffisante, les échantillons de plancton ont fini par rejoindre son œil expert à Marseille. Verdict : « Des espèces vivant dans l’Atlantique sont remontées vers l’Arctique car le milieu y est moins froid qu’auparavant. Mais ce sont surtout les algues, vers, éponges et petites méduses habitant dans la glace qui vont souffrir de la diminution de l’épaisseur de leur terrier. » La scientifique a couché sur papier ses analyses dans un livre pédagogique édité par le CNRS. « J’essaie d’avoir une approche à la fois scientifique et grand public. Parce que le sujet intéresse et aussi parce que c’est le public qui finance nos recherches. »

Le virus de la banquise

Ses travaux l’entraînent, dès le début de sa carrière, vers la glace. « A l’issue de ma thèse consacrée à l’influence de l’environnement sur les organismes en méditerranée, un contrat de recherche financé par l’université de l’Oregon m’a amenée pour la première fois en Arctique. Par hasard. J’ai remplacé un collègue qui ne pouvait pas s’y rendre. » Arctic Ocean Section (AOS) transite de l’Alaska à l’Islande en passant par le pôle Nord. « C’est cette mission qui a permis d’avoir une première vue globale de l’océan Arctique. » Et qui fait de Delphine l’une des premières Françaises à avoir pointé le nez au pôle Nord. En 1998, la jeune femme récidive avec le programme SHEBA (Surface HEat Budget of the Arctic ocean). Cinq mois sur la banquise dans un camp de glace à la dérive pour comprendre le fonctionnement de l’écosystème local. « Cette expédition a commencé à révéler la fonte de la banquise en été. On n’a pas trouvé mieux que 2,50 m d’épaisseur de glace pour travailler. »

Pendant des semaines, c’est l’autarcie. « On évolue dans un monde parallèle. Il y a très peu de contacts avec l’extérieur. Pas de télé. Peu de radio. Juste quelques mails. Et puis on apprend à faire attention à tout. Le moindre petit accident peut se transformer en catastrophe. » En quelques heures, un chemin solide peut s’être fissuré. Et l’ours polaire est au coin de la banquise : « Là-bas, on sort armé et en groupe après avoir prévenu plusieurs personnes du campement de l’endroit où on va. » Pas de quoi refroidir Delphine, qui compte remettre ça au printemps 2011. « Une fois qu’on y est allé, on a le virus. C’est un endroit magnifique qui reste à découvrir. Mais on n’aura peut-être pas le temps de le faire avant qu’il disparaisse », lâche-t-elle avec amertume.

Un océan de gélatineux

Chercheuse-globe-trotter, Delphine Thibault-Botha a bourlingué d’un océan à l’autre pendant dix ans pour étancher sa soif de découvertes. Tandis que ses collègues, plus casaniers, restaient en laboratoire. Au Québec, elle travaille de 1995 à 1998 sur le CO2 atmosphérique et la séquestration du carbone. Elle prend alors conscience du rôle crucial des méduses et autres gélatineux dans le fonctionnement de l’écosystème marin. Et, pour mieux connaître ces bestioles de mauvaise réputation, passe deux ans et demi en Afrique du Sud, au Cap. Conclusion ? « Les gélatineux envahissent les côtes, hiver comme été, à cause du réchauffement climatique et de la suppression de leurs prédateurs du fait de la surpêche. Ils font des ravages en mangeant des quantités phénoménales de sardines, d’anchois et d’œufs de poisson. On peut espérer une régulation mais certains confrères annoncent un océan de gélatineux… »

En 2004, c’est à Marseille qu’elle pose ses valises pour se rapprocher de sa famille après trois ans passés à Hawaï et avec, sous le bras, un enfant né à Honolulu quelques mois auparavant et un labrador Shar-Peï nommé Bambi. « Il faut toujours ramener quelque chose de ses voyages », plaisante-t-elle.Delphine continue son travail sur les gélatineux dans le sud de la France, étudiera bientôt les échantillons provenant de l’expédition Tara Oceans et essaiera d’embarquer sur le bateau si ce dernier peut passer au nord du Canada. Entre deux cours à la faculté des sciences de Marseille. La biologiste mène tout de front. « Dynamique et passionnée », selon l’étudiante qu’elle a encadrée à l’occasion de l’expédition Tara Arctic. « Très pointue dans son domaine », explique un ancien camarade de fac. Née à La Baule, celle qui a nagé avant de marcher est tombée amoureuse au berceau de la mer et de ses animaux. Et est aussi estimée pour sa générosité mâtinée de bonne humeur. Estelle, une amie rencontrée au Canada en témoigne : « Quand je l’ai connue, elle était étudiante et vivait seule dans une maison qu’un professeur lui prêtait au fin fond des bois. Elle y organisait souvent des fêtes mémorables qui rassemblaient professeurs et étudiants. »

Copenhague ? La chercheuse n’y croit guère. « Il faudrait se donner les moyens de comprendre le réchauffement climatique et prendre tous les facteurs en compte avant de se lancer dans des actions qui risquent de se révéler inefficaces. » C’est dit.

Portrait rédigé pour Terra eco par Alexandra Chanjou, étudiante au CFPJ (Centre de formation et de perfectionnement des journaliste)


Bio express
1967 : naissance à La Baule
1994 : soutenance de thèse à Marseille et premiers pas sur la banquise avec la mission Arctic ocean section
1998 : cinq mois en Arctique pour comprendre l’écosystème local
2004 : retour à Marseille au centre d’océanologie
2006 : expédition Tara Arctic

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