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6-07-2009

Faire du nettoyage un travail comme les autres

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Faire du nettoyage un travail comme les autres
 
Le secteur de la propreté est souvent synonyme de précarité : temps partiel, horaires de nuit, image dévalorisante... Mais des initiatives se multiplient pour faire évoluer le métier en généralisant les plages horaires "normales". Une mesure qui va bien au-delà de l'aspect social.
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"Je m’appelle Nathalie, j’ai 42 ans je travaille 13 heures par jour. Le matin je commence à 5h30 dans le nettoyage, puis je travaille dans la restauration et enfin encore du nettoyage jusqu’à 20h30." Des témoignages comme celui-ci, on pourrait en recueillir des milliers. Car, comme l’explique Michel Plassart, directeur d’ADC Propreté, "la norme dans le secteur c’est 5h-8h le matin et 18h-22h le soir". Les salariés cumulent donc les inconvénients des horaires décalés, fragmentés et du temps partiel. Une faible amplitude horaire à laquelle la moitié d’entre-eux tente de remédier en multipliant les petits boulots. Avec toutes les conséquences que l’on imagine en terme de vie sociale et familiale...

A Nantes, sept membres du Syndicat des entrepreneurs de nettoyage de la région Ouest (Senro) et huit de leurs clients [1] ont décidé de s’associer pour en finir avec cette situation. Le 23 juin dernier, ce processus a abouti avec la signature d’une charte qui les engage à mettre en place une démarche de travail en journée.

Sociale, économique et écologique

La plupart ont déjà franchi le pas ou l’on testée sur quelques sites. Comme ailleurs, le bilan est positif. Car, si clients et prestataires d’un même territoire ne s’étaient jamais associés dans une réflexion de ce type, des initiatives ponctuelles existent déjà. La ville de Rennes a par exemple mis en place ce système depuis 5 ans. Et si les premiers bénéficiaires sont les agents de propreté, des avantages se retrouvent dans bien d’autres domaines. Et les résultats sont là : l’absentéisme a chuté de moitié et la productivité a même augmenté de 15%.

Dans des grandes entreprises comme L’Oréal, dont une demi-douzaine de sites sont passés au travail en journée, et Danone qui a tenté l’expérience pour son siège social à Paris, un quart des employés trouvaient les locaux plus propres. "En horaires décalés, les toilettes sont nickel à 8h, mais une demi-heure plus tard c’est dégoutant jusqu’au soir. On peut améliorer le service en introduisant la qualité en continu", explique Michel Plassart directeur d’ADC propreté et fer de lance de la charte.

De leur côté, les sociétés de nettoyage espèrent renforcer leur attractivité. "Pour qu’on puisse garder nos agents et arriver à recruter, il faut qu’on passe au travail en journée", assure Bruno Coeurdray, président du Senro. Le secteur, qui est passé de 270 000 à 417 000 salariés entre 1995 et 2007, a en effet des besoins énormes que les conditions difficiles du métier n’aident pas.

Côté environnemental, le travail en journée permet d’emprunter les transports en commun au lieu du véhicule personnel. Ainsi que de réaliser des économies d’énergie. "En 1992, les bâtiments étaient entièrement allumés à 5h du matin. On disait que c’était Versailles...", se rappelle François Charrier, directeur d’exploitation de la Cité des Congrès de Nantes. Depuis, on a progressivement diminué, mais là on économise 2h par jour de consommation."

Cachez ce nettoyeur que je ne saurais voir

Si la mesure n’a que des avantages, pourquoi n’y a-t-on pas pensé plus tôt ? Derrière l’excuse souvent avancée de la force de l’habitude se cache un malaise plus profond. "Au temps où les employeurs avaient leurs salariés, ils travaillaient en journée. A partir du moment où on a externalisé, on les a caché", confirme Véronique Meyer de Véolia Propreté.

Ronan Dantec, vice-président de Nantes Métropole est plus dur. "C’est représentatif des aberrations de notre société : pour ne pas déranger des gens qui par ailleurs ont des situations bien établies, on fait lever très tôt des personnes qui sont déjà en situation précaire", déplore-t-il.

Heureusement, cette vision n’est pas partagée par tout le monde. "Une employée du Conseil régional nous a fournit un argument que l’on n’avait jamais pensé à utiliser. Elle nous a dit : « finalement, on est toujours dérangés dans notre travail, par des collègues, le téléphone... Pourquoi tout le monde aurait le droit de le faire sauf les agents de propreté ? »", raconte Patrice Vuidel, consultant spécialisé sur la question.

Beaucoup changent d’ailleurs de regard lorsqu’ils côtoient ces travailleurs de l’ombre, au final pas si différents de leurs "collègues" habituels... La chose a son importance, en particulier dans les écoles. "On a plus de contacts avec les enfants, maintenant ils nous connaissent nous disent bonjour, respectent notre travail", explique Annie, qui travaille dans une école au sud de Nantes. Sociale, économique, écologique, voilà que la mesure se fait éducative...

A lire aussi dans Terra eco :
- L’Europe de l’Est en intérim à l’Ouest
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[1] Le Conseil régional des Pays de la Loire, le Conseil général de Loire-Atlantique, Nantes Métropole, la ville de Nantes, la ville de Rezé, EDF, la Semitan et la Cité des Congrès

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Journaliste, collaborateur régulier pour Terra eco.

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