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Erik Orsenna, le boulimique planétaire

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Erik Orsenna, le boulimique planétaire
(Crédit photo : Laurent Villeret - Dolce Vita - Picturetank)
 
Son prochain livre racontera la folle vie des déchets dans le monde. Erik Orsenna, économiste, écrivain et académicien, n’est jamais rassasié. Avec lui, les matières premières – l’eau, le coton – deviennent les héroïnes de livres à succès. Institutions et entreprises s’arrachent ce VRP de l’écologie consensuelle.
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« Vous savez, les mines d’or, ce n’est pas du tout ce qu’on croit. » Il en revient tout juste, c’était au Mali. « Pas de pépites mais des trous de 200 mètres sur un kilomètre de diamètre. » Rond, rigolard et volubile, Orsenna fait du Orsenna : « Les écolos gueulent, bien sûr – c’est vrai, ils ont dû déplacer un village qui se trouvait là… –, mais grâce à cette mine, la moitié des fonctionnaires du pays reçoivent un salaire. »

Pour les semaines à venir, il hésite. Le Japon pour le papier recyclé ou le Brésil et ses plantations d’eucalyptus ? L’ancienne plume de Mitterrand est chiffonnée : « J’ai les plus grandes difficultés à obtenir l’autorisation de visite d’un chantier de démantèlement de bateaux en Inde. J’ai pourtant du réseau dans tous les sens. » Erik Orsenna prépare un livre sur les déchets et leur recyclage. Dans la lignée de son Voyage au pays du coton qui a séduit plus de 200 000 lecteurs. L’homme sait en effet rendre simples la mondialisation et les questions environnementales. Trop simples, raillent ses détracteurs. « Derrière la forme du “ précis d’économie ” en apparence neutre, les textes d’Orsenna cachent un parti pris : l’économie libérale comme solution pour la planète, estime Thierry Ruf, directeur de recherche à l’Institut de recherche pour le développement, qui publia un texte très critique en 2008, à la parution de “ L’Avenir de l’eau ”. Erik Orsenna est un habitué des mondanités qui visite les pays par la haute société. Tout cela reste d’une grande superficialité. »

Siestes éclair au long de la journée

Ecrivain, l’académicien abhorre le redondant. Economiste, il planche sur la rareté. Un comble pour cet homme au quasi-don d’ubiquité. Cette année, il sera « envoyé spécial à travers le monde » pour France Inter. Avec l’association Eau vive (1), il réfléchit à l’assainissement au Sahel. Avec Farm (2), il veut métamorphoser les agriculteurs du Sud en entrepreneurs. En 2011, année de la forêt, il donnera « un coup de main » à l’Office national des forêts, etc.

Insatiable, ce membre de « plusieurs clubs gastronomiques » est « grand témoin » dans les raouts de Veolia, réfléchit à « la valeur et au prix de l’eau » avec Suez… « Je n’ai aucun problème à travailler avec ces entreprises privées. Sans elles, l’eau serait-elle de meilleure qualité et moins chère ? Non. Public et privé sont complémentaires. Ce qui compte, c’est la concurrence. » Admis dans le Cercle du développement durable de BNP Paribas Investment Partners, il veut conseiller la banque dans ses investissements verts. « Je n’ai rien contre le “ small is beautiful ”, mais face à ce potentiel de financement privé, on est dans des actions de niveau quasi politique. » Du Comité stratégique d’Ernst & Young (« Ça me rapporte moins de 10 000 euros par an »), il a fait « un belvédère pour voir l’état économique » de la France. Membre de la commission Attali « pour la libération de la croissance », on a pu le croiser au Conseil pour la diffusion de la culture économique de Thierry Breton, au Grenelle de la mer, à la Commission du grand emprunt, au jury du Prix de l’agriculture durable.… 

L’homme cultive le roulis permanent. Emerge très tôt le matin, puis enquille les siestes éclair tout au long de la journée. « Dès que la tension chute, je dors. Je veux vivre sur la terre ferme comme sur un bateau. Dans une mise en déséquilibre. » L’intérêt pour la nature, « récent » admet-il, est venu par la mer. Celle de l’île de Bréhat, où il filait naviguer, enfant. Celles du pôle Sud qu’il a traversées avec la navigatrice Isabelle Autissier. Mais aussi par sa passion d’économiste pour les matières premières. « J’avais fait toutes les sciences humaines, pas celles de la nature. J’ai rencontré des océanographes, écrit un livre sur le Gulf Stream. Je vais sortir un ouvrage sur le cosmos avec l’astrophysicien Jean Audouze. Là, je me mets à l’astronomie. Après, ça sera la géologie, puis la biologie », poursuit-il comme on épingle des papillons sur un tableau de velours.

Courbes et essoreuse

Fan de salsa, Erik Orsenna aime les courbes, affirme qu’il faut avoir une vision circulaire de l’économie, point d’appui de son livre sur le recyclage. Lui-même est une essoreuse. « Je suis membre de l’Académie française, donc de l’Institut. N’importe où dans le monde, il y a quelqu’un que je peux appeler. Je fais un livre sur la botanique ? J’appelle et je sais tout. En fait, je suis un produit d’appel. » Il goûte son mot.

La décroissance ? « Allez parler de ça à la moitié sud de la planète ! Ça ne me dérangerait pas de calmer le jeu de la consommation, mais les gens ne le veulent pas. C’est pour ça que je n’ai jamais été un révolutionnaire : les gens ne veulent pas de révolution. Corrigeons plutôt qu’interdire. » La croissance alors ? « Contrairement à Claude Allègre, je crois qu’on fait du mal à la planète. Mais quand je vois Europe Ecologie s’élever contre tous les équipements qui facilitent la croissance, le TGV Aquitaine, l’aéroport de Nantes… Pour moi, c’est pas possible. » Les OGM ? « Je ne comprends pas qu’on s’interdise de poursuivre les recherches. La gauche, c’est le progrès. Le progrès, c’est la science. Avec cette censure incroyable qu’est le principe de précaution, on ne vit pas. » Erik Orsenna a encore un projet. Ecrire un livre sur le temps. Il dit même : sur « le rapport frénétique de notre société au court terme ». —

(1) Cofinancée par la fondation Suez et le Crédit Agricole.

(2) Cofondée par Suez et Casino.


ERIK ORSENNA EN DATES

1947 Naissance à Paris

1977 Maître de conférences en économie à Paris-1 et à l’Ecole normale supérieure

1981 Conseiller au cabinet de Jean-Pierre Cot, ministre de la Coopération, puis plume de François Mitterrand

1988 Prix Goncourt pour son livre L’exposition coloniale (Points)

1998 Elu à l’Académie française

2006 Voyage au pays du coton (Fayard)

2010 L’entreprise des Indes et Princesse Histamine (Stock)

Ses gestes verts

Plante une multitude d’arbres dans son jardin de Bretagne, fait des conférences sur l’environnement dans les écoles, achète les voitures les plus petites possible.
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