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16-03-2012
Mots clés
Société
France

Entreprises : où fait-il bon dormir ?

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Entreprises : où fait-il bon dormir ?
(Crédit photo : Kawamura Ganjavian - www.studio-kg.com)
 
Piquer un roupillon en milieu de journée accroît les capacités des salariés. Pourtant en France, à quelques exceptions près, c'est encore mal vu. Alors, en cette journée du sommeil, instituons le somme en entreprise !
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ÉCOLOGIE SOCIÉTÉ ÉCONOMIE
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Il est 14h00, vous bâillez. Pas aux corneilles, non, car vous avez du boulot et puis en plus vous y êtes, au boulot. Mais une irrépressible envie de piquer un roupillon - oh, juste un tout petit, quitte à utiliser votre clavier en guise d’oreiller - vous empêche de vous concentrer.

Ça fait un peu plus de six heures que vous êtes debout, vous avez bien le droit de souffler un coup, non ? Ce n’est peut-être pas un hasard si le mot « sieste » vient du latin sixta qui signifie « la sixième heure du jour »… Eh bien non, quoi qu’il vous en coûte, le sommeil ne passera pas par vous. Hors de question de passer pour un fainéant, alors même que vous remplissez consciencieusement votre tâche. Alors vous luttez, et secouez la tête pour ne plus piquer du nez...

« Le sommeil est vu comme une perte de productivité »

Dans l’Hexagone, le sommeil est mal vu. A moins que vous n’ayez la chance d’être employé dans une des rares entreprises françaises qui intègrent la sieste dans la journée de travail. Et qui aménagent même, pour leurs salariés, des espaces où se reposer dans la journée.

« Ces expériences doivent se chiffrer sur les doigts d’une main, elles restent très anecdotiques », regrette le docteur Sylvie Royant-Parola, présidente du Réseau Morphée (premier réseau de santé consacré à la prise en charge des troubles du sommeil). Interrogée par Terra eco, cette membre de la Société française de recherche sur la médecine du sommeil, constate que « dans les pays asiatiques, faire la sieste au travail n’est pas considéré comme répréhensible, car le sommeil est vu comme ce qui permet au salarié de récupérer et donc d’être plus efficace. En France au contraire, le sommeil est vu comme une perte de temps et de productivité ».

La sieste inscrite dans la constitution chinoise

Taboue, la sieste au boulot ? Pas en Chine, où il s’agit même d’un droit constitutionnel institué par Mao pour améliorer la productivité des classes laborieuses. Sans aller jusque-là, des entreprises comme Nike, Apple, Deloitte et même le Huffington Post (regarder la vidéo d’Arianna Huffington, grande prêtresse des médias américains, faire un plaidoyer en faveur de la sieste après s’être blessée en tombant d’épuisement), aux Etats-Unis, proposent à leurs employés des salles de sieste ouvertes pendant l’heure du déjeuner pour recharger les batteries.

« Un second souffle »

En France, l’entreprise Leblon-Delienne, créatrice de statuettes de collection et de meubles de design, a été, en 2006, la première à autoriser cette pratique pour ses salariés. Linda Louis, commerciale depuis onze ans dans cette structure, a pris l’habitude de se détendre sur les poufs installés dans le show room de l’entreprise. Elle y voit de nombreux avantages : « Mon comportement a complètement changé. Fermer les yeux et me laisser aller une vingtaine de minutes par jour, sur mon heure de pause déjeuner, me permet de garder de l’énergie jusqu’au soir. Au lieu de papoter avec les collègues ou de fumer des cigarettes, je recharge mes batteries au calme. C’est bénéfique pour mon travail car je redémarre en forme, mais aussi pour ma famille, car je ne rentre plus fatiguée et excédée, comme avant. Cette coupure me donne un second souffle. »

Anthony Bleton, pédégé de la société lyonnaise de conseil informatique Novius, a déculpabilisé sa trentaine de salariés en montrant l’exemple : il fait lui-même la sieste entre midi et 14 heures, dans un espace qu’il a fait aménager à cette fin. Lui qui a passé des années à filer dans sa voiture pour piquer un somme en cachette assume finalement au grand jour ses besoins de sommeil. « Un jour, je me suis dit qu’en tant que patron, je devais être cohérent avec mes actes », a-t-il déclaré à 20 minutes. Une autre société, PwC, à Neuilly, est souvent citée en exemple parce qu’elle permet à ses salariés de se détendre dans un espace dédié, où ils peuvent en plus se faire masser et suivre des séances de yoga.

Mais ces exemples restent rares. La sieste n’est pas encore entrée dans les habitudes des entreprises françaises. Et ce, malgré une campagne de sensibilisation lancée dès 2007 par Xavier Bertrand, alors ministre du Travail. Il avait annoncé vouloir « briser le tabou » de la sieste et promouvait ce type de pièce de relaxation en entreprise. Las…

Réhabiliter la sieste au travail

Mais les choses vont peut être changer. Car en cette douzième journée du sommeil, l’Institut national du sommeil et de la vigilance (INSV) souhaite réhabiliter la sieste au travail. En effet, la plupart d’entre nous a une dette de sommeil (nous dormons, d’après l’INVS, 7h05 en semaine et 8h11 le week-end, mais nombreux sont les sommeils troublés ou peu réparateurs) qui entraîne somnolence et baisse de l’attention dans la journée.

Selon une enquête INSV/MGEN « Sommeil et performance au quotidien », réalisée par OpinionWay pour cette journée du sommeil, 56% des Français considèrent que le manque de repos a des répercussions sur l’énergie et le dynamisme, ainsi que sur la concentration et la capacité à ne pas faire d’erreurs.

« Faire la sieste permet de maintenir les capacités de concentration et de garder un niveau de performance correct. On fait moins d’erreurs, les idées sont plus fluides, plus claires », abonde Sylvie Royant-Parola.

Pour ce faire, pas besoin de faire une longue sieste (appelée par les experts ès dodo, une « sieste royale »). Si, chez les « siesteurs » interrogés dans l’étude INSV/MGEN, la durée moyenne d’une sieste est de cinquante-sept minutes, une sieste réparatrice doit durer entre cinq et vingt minutes maximum. Au risque, si on prolonge le plaisir au-delà, d’« entretenir la mauvaise qualité du sommeil de nuit », explique Joëlle Adrien, présidente scientifique de l’INSV.

Des bénéfices pour le salarié comme l’entreprise

Permettre aux salariés de fermer les yeux après le déjeuner serait donc tout bénef pour l’entreprise. Vingt minutes de repos équivaudraient à un gain de productivité d’une à deux heures sur une journée de travail. Selon Bruno Comby, auteur de l’Eloge de la sieste [1], préfacé par Jacques Chirac (adepte, comme Zizou et George W. Bush paraît-il, du roupillon post-déjeuner), pratiquer une micro-sieste augmenterait de 20% en moyenne la productivité des salariés. « C’est un ordre de grandeur qui varie considérablement d’un individu à un autre », explique-t-il au site mode-sieste.com. « Mais quand on est mieux réveillé, on travaille plus vite et on a un meilleur équilibre nerveux », et donc une meilleure résistance au stress, dans un contexte de hausse des risques psychosociaux en entreprise.

En attendant un espace adapté à votre sommeil (si vous en avez marre de roupiller en cachette dans votre voiture ou dans les toilettes, allez signer la pétition en ligne de l’Institut Bruno Comby), vous pouvez toujours adopter la position du cocher et dormir sur votre chaise de travail : assis les fesses sur le bord de la chaise, la tête et le torse à l’abandon, les jambes légèrement écartées, les mains et les bras reposant sur les genoux. Dans cette position, vous ne risquez pas de dormir des heures, juste ce qu’il faut pour vous rebooster. Maintenant, chut. On vous réveille dans un quart d’heure ?

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  • Et oui, malheureusement en France (voire en Europe), la sieste réparatrice est encore mal vue. Paradoxalement, le massage au bureau est en forte progression ? Je suis un grand partisan de la micro sieste (20 min) et la seule solution que j’ai trouvé pour le faire pleinement : me mettre en freelance !

    15.05 à 15h48 - Répondre - Alerter
  • Les Japonais appliquent déjà ce processus depuis 1 bail, ainsi que d’autres peuples du Sud...Mais pour rentabiliser quels types d’entreprises ? Faites la sieste pour mieux bombarder le Monde d’illusions d’être civilisé(e) et payé(e) pour briller de prétention.

    19.03 à 12h13 - Répondre - Alerter
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