Les quelques jours passés à Corfou, roulant sur notre scooter cheveux offerts aux vents et au soleil persistant nous ont convaincus d’une chose : les villages blancs de carte postale n’existent pas à Corfou. Là, ce sont des chemins montagneux et des villages isolés dont il ne reste que des ruines. La vie se trouve tout près des plages où foules de restos en tous genres - cuisine "tradi" grecque", fast-foods, bars branchés...- s’accumulent à la pelle comme dans n’importe quelle station balnéaire plus ou moins bon marché. Dès l’arrivée, le chauffeur de bus nous met dans l’ambiance en vitupérant parce que nous nous sommes pas arrêtés à la bonne station...

Du coup, les rêves reprennent le dessus...Je rêve par exemple d’une agence de voyage assez évoluée qui permettrait aux touristes curieux d’avoir accès à des lieux peu communs et qui ont une âme.

Nos voisins de tente nous sauvent de ce gouffre touristique : Anne et Nico sont franco-allemands et forment un couple adorable. Nico est archéologue et Anne étudiante en psychologie ; ils vivent tous deux à Lille. Nous partageons avec eux des bons plans, une plongée sous-marine et nous nous promettons de nous retrouver à Berlin, où ils devraient être exactement aux mêmes dates que nous. Anne est berlinoise et me prête son chargeur pour me permettre de rester connectée (j’ai oublié le mien dans un tiroir à Quimper...).

Le dernier jour, nous découvrons quand même le trésor de l’île qui se trouve tout simplement à Corfou, la ville principale : les ruelles respirent l’Italie du Sud - certains diront Venise, car l’architecture serait d’inspiration vénitienne, mais comme nus n’y sommes pas passés nous n’en savons rien - en y déambulant nous admirons les piazzias minuscules et les ruelles ombragées. Enfin ! l’âme de Corfou ! Même si quelques ruelles sont complètement perverties par le tourisme nous y trouvons un réel art de vivre - en particulier dans le restaurant que nous choisissons. Choix de hasard, mais très bon choix. Les "aubergines au pot" et la "tomate farcie" y sont du plus bon goût et la présentation est digne de n’importe quel resto branché du XVIIe. L’apéro est consistant - même si malheureusement les Grecs n’ont pas appris que les Français aiment boire l’apéro tranquillement avant que le repas ne soit servi.... Ce resto s’appelait Le Marina’s tavern et nous étions servis par une fille toute en noir à l’allure d’un jeune Grec délicatement féminin.

Le lendemain, nous avons pris notre billet pour Igoumenitsa... Enfin, la vraie Grèce, se disait mon ami...Nous sommes restés deux heures dans ce port à siroter des cafés froids - une spécialité grecque - dans une café tellement luxueux que je suis suis restée presqu’une heure aux toilettes. Ensuite nous avons pris un bus pour Kalabaka où nous avons passé la nuit dans la gare grâce à un Grec aimable mais peu souriant. Première nuit sur un banc, à la SDF. Moi j’avais mon super matelas gonflable mais Mike a du changer au moins trois fois de place avant de pouvoir enfin trouver le sommeil.

Le lendemain, départ vers 7h pour Thessalonique. Quand on est arrivés là-bas, il faisait 40°C. Une seule préoccupation : trouver de l’ombre. On s’est précipités au musée d’archéologie comme des réfugiés climatiques tant on avait chaud.

Après quelques heures dans cette ville, nous avons pris le train pour Sofia, tout prêts à découvrir un troisième pays : la Bulgarie.