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Douleurs café

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Douleurs café
 
Le café, une sombre histoire. Anthony Wild, Belin, 320 p., 27 euros.
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ÉCOLOGIE SOCIÉTÉ ÉCONOMIE
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On pourrait croire que, depuis vingt ans, l’histoire de l’industrie du café a été imaginée par un altermondialiste enragé. Impossible en effet de trouver meilleure illustration des dérives du néo-libéralisme ! Résumons : depuis le milieu des années 1990, le Viêt-nam, qui n’avait aucune tradition caféière, s’est converti à la plantation de robusta, un caoua imbuvable mais coûtant une poignée de cerises. Encouragé par le Fonds monétaire international, la Banque mondiale et des multinationales telles Procter & Gamble et Nestlé, le Vietnam est aujourd’hui numéro 2 du marché mondial et exporte un jus de chaussette dans des conditions écologiques et humaines plus abominables encore que son goût. Accessoirement, la percée vietnamienne a provoqué un effondrement de 80 % des revenus des producteurs depuis 1997, alors que les prix en Occident n’ont, eux, presque pas bougé. Bref, la tyrannie des marchés n’a fait que des perdants – producteurs, consommateurs et environnement –, à l’exception évidemment des multinationales…

Si Anthony Wild, ancien goûteur et acheteur de café, ouvre sa saga sur cette édifiante catastrophe (1), c’est qu’elle résume à ses yeux tout ce qui fait l’histoire de cette amère boisson : celle de l’exploitation d’une partie du monde (tropicale et pauvre) par une autre (tempérée et riche). Car, contrairement à ceux qui plantent le thé, les pays producteurs de café en consomment peu : ils œuvrent exclusivement au plaisir et à la stimulation intellectuelle des nations occidentales, raffolant de ce « vin d’Arabie » que les Orientaux découvrirent au XVIe siècle et consommèrent massivement à partir du XVIIe siècle.

Cette histoire, c’est celle de l’Ethiopie, berceau du café (et de l’homme), puis de Moka, au Yémen, le premier port à avoir vécu de cette denrée, avant Java, Ceylan, la Réunion, puis le Brésil, la Colombie. C’est en filigrane celle de la colonisation, de l’esclavage, deux abominations sur lesquelles l’industrie du café s’est édifiée et continue de vivre – c’est la thèse de l’auteur. C’est aussi celle du pré carré américain, l’Amérique latine, et des interventions barbouzardes de l’Oncle Sam au service de son coffee, diesel indispensable de son modèle économique. C’est enfin celle de Max Havelaar, qui, avant d’être le grand nom du commerce équitable, a été celui d’un livre, au XIXe siècle, dénonçant férocement la colonisation hollandaise dans les plantations de café. Bref, cette somme érudite retrace rien de moins qu’une épopée du capitalisme occidental par tous les bouts de la lorgnette. C’est d’ailleurs le seul reproche qu’on pourra lui adresser : consacrer un peu trop d’espace aux anecdotes – un chapitre entier sur Napoléon et le café de Sainte-Hélène… – dénuées de sens historique. Le reste se savoure expresso ! —

(1) Excellemment dépeinte dans Commerce inéquitable, l’enquête sur les matières premières du journaliste Jean-Pierre Boris (Hachette Littératures, 2006).

Photo : IRD

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