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6-05-2011
Mots clés
Société
France

Discriminations : « Des stéréotypes plutôt que du racisme »

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Discriminations : « Des stéréotypes plutôt que du racisme »
(Crédit photo : Matt Neale/Flickr)
 
En France, il existe encore des attitudes d'exclusion répréhensibles par la loi. L'affaire des quotas « ethniques » dans le foot le rappelle. Alain Piriou, spécialiste de la lutte contre les discriminations fait le point.
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Entretien avec Alain Piriou, ancien porte-parole de l’Interassociative lesbienne, gaie, bi et trans (Inter-LGBT)

Terra eco : L’affaire de la FFF rappelle ce qu’il s’était passé en 2007, quand Adecco et L’Oréal avaient été condamnés pour racisme à l’embauche. Lors d’un recrutement, ils avaient délibérément ciblé des candidats « BBR », « Bleu Blanc Rouge ». Ces pratiques ont-elles encore cours de nos jours ?

Alain Piriou : C’est une affaire qui a fait beaucoup de bruit car il s’agissait de comportements racistes de la part d’employeurs et de recruteurs. Mais la plupart des affaires de discrimination sont beaucoup moins médiatisées. La discrimination est rarement le résultat d’une intention spécifiquement raciste. Elle découle plutôt de stéréotypes et de préjugés qui irriguent l’esprit humain et qui se traduisent par des décisions discriminatoires. Ce sont par exemple des recruteurs qui ont une tendance presque naturelle à embaucher des personnes qui leur ressemblent ou qui ont des parcours similaires au leur et non pas atypiques.

De quels outils dispose-t-on aujourd’hui pour mesurer l’importance de ces pratiques et leur évolution sur plusieurs années ?

Aujourd’hui, peu de chiffres existent et ceux dont on dispose sont à manier avec beaucoup de précaution. Il n’y a pas d’indicateurs fiables et répétés dans le temps. Le Bureau international du travail (BIT) a réalisé en 2007 des tests de discrimination à l’embauche en France. Il y a aussi un rapport annuel de la Commission nationale consultative des Droits de l’homme (CNCDH) qui reprend un sondage sur la perception du racisme par les Français et les chiffres du Ministère de l’Intérieur sur les actes et menaces à caractère raciste, antisémite et xénophobe. Mais ces chiffres reflètent moins l’état de la société que l’activité de la police.

Nous n’avons pas, en France, de statistiques sur les affaires de discrimination portées devant la justice. La Haute autorité de lutte contre les discriminations (Halde) publie un rapport annuel dans lequel elle observe que le nombre de réclamations augmente. Mais cette croissance s’explique d’abord par la progression de la notoriété de la Halde. Et puis, de manière générale, quand on relève une forte perception de la discrimination, c’est plutôt une bonne chose. Ça veut dire que les gens ont une meilleure prise de conscience et une moindre acceptation de ces phénomènes.

Il existe enfin une enquête Trajectoires et Origines, réalisée par l’Ined et l’Insee qui étudie les différents parcours de vie en fonction des origines. On y mesure des inégalités de rémunération ou d’accès à l’emploi. Certaines s’expliquent par des différences de formation, de réseaux, de diplômes... Mais il y a aussi des écarts inexpliqués qui sont révélateurs d’une discrimination.

S’est-on doté de moyens pour lutter contre ces discriminations ?

Le quinquennat actuel a un bilan inexistant sur le plan de la lutte contre les discriminations. Depuis la création de la Halde, en 2004, il n’y a pas eu de politique publique dans ce domaine. Tout a été fait par la Halde, et avec des moyens très faibles. Certaines grandes villes, comme Lyon ou Paris, ont souhaité progresser sur la question à travers des campagnes de sensibilisation. Mais leurs effets sont assez peu mesurables.

Du côté des entreprises, il y a des démarches sincères, qui ont abouti à la création du Label diversité. Il faut les distinguer des approches « marketing » : des entreprises qui mettent en avant un peu de diversité pour améliorer leur image sans améliorer les pratiques. La Charte diversité en témoigne. Une entreprise peut la signer et arborer son logo mais personne ne contrôlera ses comportements. Le Crédit Agricole a ainsi été condamné en avril pour discrimination homophobe, alors qu’il est signataire.

Le Label diversité est différent. L’entreprise doit répondre à un cahier des charges relatif aux méthodes de recrutement. Mais ça n’a pas non plus empêché BNP Paribas, qui a pourtant le Label diversité et le Label égalité, d’être condamné en mai 2010 pour avoir discriminé une salariée dont la carrière avait été ralentie après son retour de congé maternité. De même, EDF a été condamné en janvier pour discrimination liée à l’âge, après avoir mis à la retraite d’office un agent qui n’avait pas suffisamment cotisé pour bénéficier d’une retraite à taux plein. Les labels ne prévoient pas de sanctions dans ce genre de situation, et ça pose la question de leur crédibilité.

Sources de cet article

- Voir aussi : Les écarts de taux d’emploi selon l’origine des parents : comment varient-ils avec l’âge et le diplôme ?, INSEE

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Journaliste indépendante. Collabore à Terra eco depuis novembre 2010.

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