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20-10-2010
Mots clés
Agriculture
France

Des pommes en tête à queue

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Des pommes en tête à queue
(Crédit photo : Fotolia)
 
Jolies robes, lisses, fermes, brillantes : aujourd’hui, nos pommes sont parfaites et ennuyeuses. Les spécialistes s’alarment de l’appauvrissement des variétés.
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Bien lustrées et calibrées, les pommes du supermarché semblent sortir directement de l’usine. Une « usine » de 2 000 arbres par hectare qui produit des Golden, des Gala et des Granny Smith par milliers. Ajoutez une Reinette par-ci, une Belchard par-là, et ce sera tout, ma p’tite dame. Car des 1 000 variétés qui existaient en France au début du XXe siècle, il n’en subsiste qu’une vingtaine destinées à la vente au grand public. Mais comment en est-on arrivé là ?

« Après la Deuxième Guerre mondiale, il fallait nourrir tout le monde. Les Américains sont arrivés avec leurs variétés de pommes, un savoir-faire éprouvé et un système de production intensif, raconte Jean-Claude Henin, vice-président des Croqueurs de pommes, une association de sauvegarde du patrimoine fruitier. En parallèle, l’Etat a établi un catalogue officiel de sélection ramenant la production à un nombre restreint de variétés commercialisables. » Conséquence ? C’est le patrimoine fruitier régional qui a pris un coup derrière la tête. Les pommes qui échouent commercialement sont tout bonnement supprimées et les plus anciennes filent au musée en étant cantonnées dans l’un des 179 « vergers conservatoires » français.

Belle, bonne et rentable

La loi du marché exige une pomme sucrée, acidulée, ferme et la moins sensible possible aux meurtrissures. Le critère de résistance aux maladies arrive loin derrière. La Golden Delicious, variété américaine la plus courante sur nos étals, est la reine de ce paradoxe : son arbre d’aspect chétif doit être dopé à l’azote pour produire le fruit le plus traité de son espèce. Mais la préférée des Français semble bien valoir quelques coups de pulvérisateur : entre 15 et 25 traitements par an selon la région de culture.

Pour parvenir à la pomme parfaite, belle, bonne et rentable, les producteurs s’en remettent également aux scientifiques. Ceux de l’Institut national de la recherche agronomique (Inra) notamment font jaillir de leurs éprouvettes des fruits conçus sur mesure et des produits phytosanitaires pour les protéger. Douze variétés créées récemment circulent en ce moment sur le marché français. Ne jetons la pomme à personne, mais quelque chose cloche au royaume de la biodiversité. Yves Lespinasse, directeur de l’unité d’amélioration des espèces fruitières de l’Inra d’Angers, est catégorique : « Le verger monocultural est une aberration écologique. Il devient une source d’adaptation pour les maladies. Et va finir par rendre inopérants les fongicides et annihiler tous les gènes de résistance mis en œuvre par les chercheurs. C’est une course à la molécule qui nous mène droit dans le mur. »

Chez les professionnels, c’est pourtant le statu quo : mélanger les variétés coûte trop cher à traiter et à récolter. Mais alors, comment s’en sortent les agriculteurs estampillés bio ? Ils préviennent les maladies et les attaques de ravageurs, en enlevant les feuilles mortes où se reproduisent les champignons par exemple.

Arrivée de maladies du Sud

La résistance vient également des régions. Des productions locales se développent en misant sur les circuits courts de vente. C’est le cas de la Cabarette, une petite pomme du Nord très productive, résistante mais trop rustique pour être distribuée à grande échelle. Pour Isabelle Bonin, généticienne à la Fondation de la biodiversité, le temps presse : « Une baisse de la diversité rend une espèce plus fragile. Or, avec le réchauffement climatique, de plus en plus de maladies du Sud remontent chez nous. Il faut faire vite, car une dizaine d’années est nécessaire pour créer une variété. » L’enjeu serait donc là : choisir des pommes pour leur robustesse plutôt que pour leur belle robe et piocher dans les variétés anciennes pour se préparer à un horizon plus lointain que celui du marché. Croquons dans le futur ! —


FRANCE, LE PARADIS PERDU

Autrefois second producteur mondial de pommes, la France se classe aujourd’hui loin derrière la Chine et les Etats-Unis et même la Pologne et l’Italie : 1,58 milliard de tonnes ont été produites dans l’Hexagone en 2009. La Golden (37 %), la Gala (16 %) et la Granny Smith (11 %) forment le trio de tête. Puis vient une bonne quinzaine d’autres variétés. La pomme Ariane, cultivée de manière plus « durable » que les autres, ne représente que 1,2 % du marché et la pomme bio Juliette ne figure même pas au classement des vingt premières.

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