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innovation politique

Par Rodrigue Coutouly
16-12-2012

De la crise économique à la crise écologique

Pourquoi la crise économique continue et pourquoi nous ne la comprenons pas ? La Crise économique est toujours là. Depuis 2007, elle s'incruste dans nos vies et nos économies. Chacune espère que nous allons bientôt en sortir. Les analystes guettent la sortie, la reprise tant espérée. Et pourtant, elle ne s'arrêtera pas, la reprise ne viendra pas.

La grande majorité des économistes n’a pas compris la véritable nature du phénomène que nous subissons. Ils nous décrivent une crise financière ayant entraîné une crise des dettes publiques. Ils nous expliquent maintenant que la récession est devenue générale.

Ce schéma explicatif est celui d’universitaires et de chercheurs ayant une analyse globale et macroéconomique de la situation. Quand ils adoptent un point de vue microéconomique, ils décrivent des entreprises aux carnets de commandes vides, qui attendent le redémarrage en faisant le gros dos.

Alors, pourquoi cela ne repart-t-il pas ? Pour le comprendre, il faut adopter le point de vue d’autres acteurs économiques.

Prenons un établissement public, un collège par exemple. Depuis six ans, les comptes de ces organismes sont fortement contraints par les coûts croissants du gaz, du fuel, de l’électricité et de l’eau. Ce que les agents comptables appellent le "chapitre viabilisation" prend une place de plus en plus démesurée (parfois 50 à 70%). Les budgets n’augmentant pas, c’est la part relative à la pédagogie qui ne fait que baisser. Cela a deux conséquences : l’enrichissement des grandes compagnies et des pays qui commercialisent ces ressources, la faiblesse croissante des entreprises souvent locales qui vendent des prestations de sorties pour les élèves et du matériel pédagogique.

Prenons un autre exemple : un jeune ménage qui a acheté ou loué un appartement ou une maison. La demande de logements et les tensions sur le marché immobilier ont entraîné une augmentation importante des prix depuis une quinzaine d’années. Désormais, le logement d’un ménage représente le tiers ou la moitié de son budget. Cette situation s’est aggravée avec l’augmentation des prix de l’énergie.

Cette part croissante du logement a obligé chaque ménage à faire des économies : elles se font sur les loisirs (vacances, restaurants, culture) et la consommation. Les entreprises locales qui vendent du loisir ou qui produisent et vendent des biens ne verront pas revenir des consommateurs dont les budgets sont fortement impactés durablement par le coût croissant des logements et de l’énergie.

Ces deux exemples peuvent être généralisés. Les entreprises - grandes et petites-, les administrations et les particuliers : tout le monde est confronté aux coûts croissants de ces ressources.

En impactant les budgets de chaque acteur économique, l’augmentation du prix des ressources interdit toute reprise économique conséquente. Elle plombe durablement les possibilités d’investissements, la capacité à consommer et entraîne augmentation des impôts et perte de confiance sur l’avenir.

Il n’y a aucune raison que ces phénomènes s’arrêtent, il n’y a pas à rechercher de reprise dans ces secteurs. L’augmentation des prix de l’immobilier et de l’énergie sont des phénomènes durables. Cela s’est fait brutalement et cela va durer longtemps car, globalement, l’offre de ces biens ne peut plus répondre à la demande.

Le phénomène doit être appréhendé d’une manière globale. Les ressources nécessaires au fonctionnement d’une économie -les terrains constructibles, les hydrocarbures, l’eau potable, ... - sont de plus en plus rares. La tension entre une demande croissante et une offre stable ou déclinante ne cesse de croître.

Les processus en cours proviennent donc d’une crise qu’il faut qualifier d’écologique. Cette crise trouve ses racines dans l’insuffisance croissante et durable des ressources nécessaires au fonctionnement d’une économie.

Les origines de la crise actuelle sont d’ailleurs fortement imprégnées de la crise écologique des ressources. La crise des subprimes de 2007 naît pendant une période d’augmentation des prix de l’immobilier aux Etats-unis. Les subprimes ont été "inventé" pour trouver des ressources financières pour les Américains impécunieux. Cela s’est produit dans une période d’augmentation importante des prix des hydrocarbures et de l’alimentation sur le marché mondial.

La plupart des économistes sont confiants car, dans l’histoire de l’Humanité, chaque récession a été suivi d’une reprise économique. Ils ont tort. Ils n’ont pas compris la véritable nature de la crise que nous venons de rencontrer. Il s’agit d’une crise durable des ressources nécessaires au fonctionnement d’une économie développée. Il s’agit d’une crise d’un genre nouveau qu’il faut appeler crise écologique.

COMMENTAIRES ( 10 )
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  • Vous minimiser la crise economique
    la crise actuelle est plus forte quelle celle de 1929.
    la crise de 1929 a surpris et a bloque les rouages, et
    pourcelle ci fort de l’experience 1929, on y a mis des parachutes la chute est plus lente et donc elle s’eternise .
    (la crise de 1929 semble s’etre eteinte avec la 2 guerre mondiale (BIZARRE ? )
    la crise actuelle est une crise larvee qui date de 30 ans et arrive le paroxysme .

    Par ailleurs il n’y a pas de difference entre crise economique et
    banquaire , le systeme de production est capitalisme
    production industrielle et finance c’est comme "cul et chemise"

    Il y a aussi une CRISE ECOLOGIQUE, rarefaction et cout des
    matieres premieres qui amplifie la crise economique.

    Plus la crise ecologique due a la pollution .

    Et aussi le changement climatique, rechauffement de la planete , le GIEC vient de se reunir, le niveau des mers devrait monter de 30 a 80 cms
    d’ici 2100, je viens de voir un reportage de touristes au pole nord en paquebot de luxequi sont emerveilles du spectacle : le pole fondu, voyage a plusieurs milliers d’euros.

    Et sutout chose PEU EVOQUEE , la CRISE DEMOGAPHIQUE , la totale la plus terrible , 7 milliards dont 3 a 4 de TRES pauvres , en 2100 le niveau des mers a monte de 80 cms, moins de place, combien de milliards d’habitants ?
    Quand par les siecles passes il y avait des aleas climatique les populations migraient pour des contrees plus acceuillantes, maintenant ou aller ,tout lieu est occupe , surpeuple.

    Hier c’etait le printemps arabe,mouvement des peuples contre des dictateurs mais surtout cri de desespoir en face des crises economiques ecologiques demogaphiques, puis vient la syrie et que voit on l’Inde face au chaos.

    27.09 à 18h46 - Répondre - Alerter
  • lamoule : discutable

    L’augmentation dramatique des prix de l’immobilier est due essentiellement à la rareté "organisée" du foncier en partie liée aux politiques malthusiennes "pseudoécolos" de densification pour protéger l’environnement des pavillons de bourges.

    Sans compter l’effet de l’entrée légale de 200000 ressortissants étrangers par an qu’il faut bien loger

    28.12 à 09h50 - Répondre - Alerter
  • Tout à fait d’accord avec Guillaume Gilfriche.
    Nous sommes en période de mutation et non de crise, et ceci aussi, bien dans les domaines économiques, sociologiques,écologiques, et même politiques, mais nos responsables au plus haut niveau, ne veulent pas en prendre conscience, car ils raisonnent surtout à court termes, préoccupés essentiellement par leur réélection future, ou à leur maintient au poste d’exercice.
    Qui dit mutation, dit cassure par rapport au passé, et non développement ou régression linéaires alternées, plus ou moins bien corrigées.
    A mon avis c’est une mutation par définition brutale qui nous amènera à réagir globalement, aussi bien géographiquement, que sectoriellement .
    Ce n’est qu’en agissant tous en même temps, à tous les niveaux et partout dans le monde que nous évoluerons, et que nous nous en sortirons.En attendant nos actions ne sont que mettre un plâtre sur une jambe de bois.

    19.12 à 19h11 - Répondre - Alerter
  • Guillaume GILFRICHE Optimiste praticant : De la crise économique à la crise écologique

    Pour ce qui est du diagnostic, je vous conseille le livre de JC Guillebaud : « Une autre vie est possible« , éd.L’Iconoclaste.
    Il parle aussi de solutions concrètes qui fonctionne par ci par là dans le monde.

    Ce qui me permet de surmonter le pessimisme qui devrait découler du diagnostic accablant que tout le monde peut faire, c’est bien la multitude de solutions qui existe face à chaque problème. Internet permet de partager les témoignages sur ces solutions. Le problème n’est pas de trouver la solution mais plutot de trouver celle qui correspond le mieux à son problème (individuel, local ou national) quite à l’adapter.

    On manque plus de courage que de solutions !

    En ce qui concerne l’énergie pour les batiments, le BBC et les batiments à énergie positive sont magnifiques mais très liés à une volonté militante car économiquement (avec une vue à court terme) plus cher. J’ai l’exemple d’un lycée à énergie positive sur ma commune de Bègles.

    Par contre, sur l’ancien, la rénovation et même mieux, la réhabilitation énergetique permettrait de faire faire des économies substantielles à chaque ménage et en définitif à la nation.

    Dans notre mutation économique, social et écologique, il faudrait une volonté forte et du citoyen et de la collectivité (mon "et" est plus de la synergie que de l’opposition). Si la Politique c’est l’art d’anticiper les problèmes et d’avoir les solutions quand le moment est venu. Alors ouvrons les yeux à nos élus, proposons leur des solutions, et soyons exigeants pour qu’ils agissent, vite.

    Allez voir la réalité du scenario Négawatt : http://www.negawatt.org/

    Et vous comprendrez que l’optimisme peut être contagieux.

    19.12 à 09h52 - Répondre - Alerter
  • Interessant, mais il manque les solutions pour les 2 exemples :
    1 : La consommation d’energie, en particulier dans les bâtiments, n’est pas nécessaire. On peut rénover en BBC, ou mieux, en bâtiments à energie positive. Et dans ce cas, on n’est plus dépendant d’energie importée.
    2 : Les prix de l’immobilier baisse en Allemagne, il n’y a pas de fatalité. Lorsque l’on arrêtera notre politique nataliste idiote, notre population se stabilisera et ensuite le besoin de logement.

    18.12 à 19h55 - Répondre - Alerter
  • Guillaume GILFRICHE Optimiste praticant : De la crise économique à la crise écologique

    Merci pour cette analyse très intéressante. Mais malheureusement ce n’est pas une crise écologique, économique voire même sociale que nous vivons, c’est une mutation.

    En effet, une crise sous entend qu’aprés la crise on revienne à la situation d’avant la crise. La crise de 1929 illustre cela, les bétise d’avant 1929 ont été oubliés et sont peu à peu revenu dominer l’économie mondiale. Une mutation, et il y en a eu de nombreuses économiques depuis 3000 ans, installe une situation bien différente de celles qui précédaient.

    A propos d’un problème que je connais : le dérèglement climatique, si la température terrestre moyenne ne s’élève que de 2°C c’est une crise écologique. Par contre, comme le prouve de plus en plus de parutions scientifiques (à cause de l’inertie de la terre et du phénomène d’emballement), si la température augmente de 4°C, le climat sera très grandement modifié et l’homme va devoir s’adapter à de nouvelles conditions de vie. Nous allons subir une mutation écologique difficilement imaginable par le commun des mortels comme moi.

    La mutation est en marche ! A nous de choisir, si nous la subissons ou si nous l’accompagnons.

    18.12 à 12h51 - Répondre - Alerter
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